Protection contre la fièvre porcine africaine
La profession porcine se mobilise autour de la biosécurité des élevages de porcs
La profession et les pouvoirs publics mettent en œuvre des moyens importants pour renforcer la biosécurité des élevages. Après la phase de formation des éleveurs, place aux actions concrètes en élevage.
La profession et les pouvoirs publics mettent en œuvre des moyens importants pour renforcer la biosécurité des élevages. Après la phase de formation des éleveurs, place aux actions concrètes en élevage.
L’assemblée générale de l’OS porc Bretagne qui a eu lieu à Plérin, le 17 octobre dernier, a permis de mesurer l’ampleur des moyens engagés pour renforcer la biosécurité en élevage et à tous les niveaux de la filière. Face à la menace de la fièvre porcine africaine (FPA), c’est tout un plan d’action qui a été mis en œuvre pour protéger la production. « La participation des éleveurs à la formation a été très bonne », souligne Marcel Corman, le président de l’OS porc. « Mais ce n’est qu’un début. Le plus important, dorénavant, sera de mettre les élevages en conformité. L’investissement dans ces équipements de biosécurité doit être réalisé dans les plus brefs délais. »
Les circonstances sont favorables
L’État a pris la pleine mesure des enjeux liés à la menace FPA, en nommant Thomas Berthe à la tête du plan d’action prévention biosécurité au niveau national. Ce vétérinaire, rompu aux démarches sanitaires d’ampleur (c’est lui qui a piloté l’éradication du virus d’Aujeszky au début des années 2000), a la charge de coordonner les actions mises en place sur le terrain. « Les circonstances à ce jour sont favorables pour nous, explique-t-il. La biosécurité est un outil efficace pour contrer la FPA, car la contagiosité de ce virus est limitée, et sa diffusion naturelle assez lente. La filière porcine française dispose de bonnes bases. Elle est bien structurée. Enfin, protéger son élevage est un facteur clé de compétitivité. La biosécurité permet de gagner en productivité, de baisser les dépenses de santé. Elle engendre plus de bien-être animal et améliore l’image de l’élevage. » Thomas Berthe souligne cependant que la démarche doit s’engager à tous les étages de la filière. « Il ne faut pas de maillon faible », met-il en garde. Un remarquable travail de recensement des aires de lavage de camions a été effectué en Bretagne. « De gros investissements sont en cours pour améliorer la qualité du lavage et de la désinfection des camions de transport d’animaux », indique Laurie Detrimont, de l’UGPVB. La menace provenant de la faune sauvage est aussi prise en compte. « Les chasseurs sont mobilisés. Un travail de fond est engagé pour gérer la population de sangliers et les déchets de venaison », souligne Thomas Berthe. Il rappelle que la biosécurité est aussi un enjeu public. « Tous les détenteurs de suidés ont été informés du risque de contamination via les mairies et le réseau des vétérinaires. »
« Nous sommes passés en mode gestion de crise »
L’assemblée générale a été l’occasion de faire un premier bilan d’étape sur les actions engagées sur le terrain. « Dès l’annonce du plan d’action au Space 2018, nous sommes passés en mode gestion de crise », décrit Sylvain Gauffroy, responsable qualité chez Porc Armor Évolution, qui parlait au nom de l’ensemble des groupements bretons. « La biosécurité est dès lors devenue le dossier prioritaire pour la préservation de la filière. Des moyens importants ont été déployés. » Les formations d’éleveurs ont démarré au mois de mars. « Au mois d’octobre, 90 % des adhérents Porc Armor Évolution étaient formés. Durant les prochains mois, nous allons développer un service de conseil et de suivi de la mise en place des règles de biosécurité dans tous les élevages. » Pour Philippe Hamon, vétérinaire, ce plan d’action est une assurance contre les intrusions, non seulement de l’ensemble des maladies, mais aussi de visiteurs indésirables. « Une meilleure maîtrise des entrées dans l’élevage et l’amélioration du niveau sanitaire permettra un retour financier certain. » Le vétérinaire souligne cependant que chaque élevage est un cas particulier. « Entre les monoblocs cohérents et les multiblocs séparés par une route, il y a tout un panel de configurations de bâtiments d’élevage, qui amèneront à faire des compromis. Mais certaines situations risquent d’être sans solution », met-il en garde. Thierry Marchal a témoigné en tant qu’éleveur ayant déjà réalisé des aménagements de biosécurité. « Dans mon esprit, la biosécurité doit constituer une opportunité. Je ne voulais pas être dans la même situation que mes voisins qui ont perdu toutes leurs vaches à cause de l’ESB. » Dès le début de sa réflexion, un impératif s’est dégagé : « il faut que les mesures de protection ne soient pas contraignantes. Sinon elles ne seront pas appliquées. » Pour optimiser ses installations, il a mis ses salariés à contribution. Avec eux, il a reconfiguré son sas d’accueil et il a testé virtuellement pendant plusieurs semaines la clôture délimitant la zone d’élevage de la zone professionnelle avant de l’installer définitivement. « Elle fait 2 mètres de haut et les portails sont équipés de digicodes. Nous avons aussi tout prévu pour travailler en autonomie toute la journée sans sortir de l’élevage. » Désormais, Thierry Marchal a la conscience tranquille. « J’ai fait tout ce que je pouvais pour protéger mon élevage », conclut-il.
Les élevages bretons négatifs SDRP protégés
La charte de protection des élevages bretons négatifs SDRP lancée en 2015 est désormais pleinement fonctionnelle. Son objectif est d’empêcher une contamination des élevages qui ne sont pas contaminés par le virus responsable de cette maladie. Pour cela, l’éleveur est tenu d’appliquer des règles de biosécurité strictes. Des prélèvements sanguins sont faits tous les 4 mois pour un suivi du taux d’anticorps des animaux. Le groupement est aussi mis à contribution avec une obligation de planification de ses tournées de livraison ou d’enlèvement d’animaux afin de passer dans les sites SDRP négatifs avant tout autre site d’élevage. « 186 élevages bretons rentrent aujourd’hui dans cette démarche », se félicite Laurie Detrimont. Elle souligne que le prochain objectif est d’étendre cette charte aux élevages à statut SDRP intermédiaire, c’est-à-dire sans circulation du virus mais avec une vaccination des truies.