« Je veux renforcer l’autonomie de mon élevage de porcs»
Benoît Le Page s’est installé en mai 2020 au sein du Gaec familial, comprenant un élevage de 150 truies et 126 hectares de cultures. Son objectif à dix ans est de maximiser l’autonomie de son élevage et de rénover ses bâtiments.
Benoît Le Page s’est installé en mai 2020 au sein du Gaec familial, comprenant un élevage de 150 truies et 126 hectares de cultures. Son objectif à dix ans est de maximiser l’autonomie de son élevage et de rénover ses bâtiments.
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Benoît Le Page a toujours voulu travailler en agriculture. « Comme je me sens autant terrien qu’éleveur, j’ai complété mon BTS Acse par une licence en productions végétales », retrace le jeune agriculteur. Après six années comme magasinier, Benoît Le Page saisit l’opportunité de revenir travailler à temps partagé sur l’exploitation familiale et chez des voisins.
« Leur exploitation produit du lait et des légumes. Cela m’a permis de renforcer mes connaissances, apprécie le jeune homme. Sur la deuxième année, j’ai pu effectuer mon parcours à l’installation. » Même s’il avait toujours donné des coups de main sur l’exploitation familiale, ses deux années comme salarié lui ont donné le temps de prendre en main les chiffres, de suivre de plus près les résultats technico-économiques. Depuis mai 2020 et le départ en retraite de son père, Benoît Le Page lui a succédé dans le Gaec constitué avec sa maman à Saint-Gilles-les-Bois dans les Côtes-d’Armor.
Cultiver l’autonomie à tous les niveaux
Alors qu’il commençait à réfléchir à son installation, Benoît Le Page apprend qu’un voisin, producteur de lait, part en retraite. « Son fils était intéressé seulement par les bâtiments pour une autre activité, j’ai eu l’opportunité de reprendre 66 hectares contigus à nos parcelles, apprécie-t-il. Avec plus de surfaces, nous allions pouvoir diversifier nos cultures et améliorer notre autonomie alimentaire. » Sur les 126 hectares que compte désormais l’exploitation, 50 sont en maïs, 45 en blé, 16 en colza, 8 en prairies et 7 en haricots verts. « C’est une culture qui a un bon rapport marge sur temps de travail », précise-t-il.
Le gain d’autonomie est l’axe fort de tous les projets qu’entreprend Benoît Le Page. « Que cela soit par l’augmentation de nos capacités d’engraissement comme par la production d’aliments à la ferme, l’autonomie me permet de garder la valeur ajoutée dégagée par mon exploitation », insiste-t-il. La reprise de terres a bien sûr permis de gagner en autonomie alimentaire. « Pour maîtriser notre prix de revient, il faut être bon techniquement et maîtriser son coût alimentaire. L’autonomie alimentaire y participe. » Équipé d’une Faf partielle, Benoît Le Page alimente ses porcs charcutiers avec son maïs humide. Il valorise aussi le blé de l’exploitation, traité à façon par son fabricant d’aliment qui lui retourne sous forme d’aliment complémentaire.
En incorporant 500 tonnes de maïs et 300 de blé, Benoît Le Page produit la moitié de ce que consomment ses animaux. « Cela me permet d’économiser sur le coût alimentaire et de renforcer le lien au sol de mon élevage, souligne le jeune éleveur. J’aime bien que tout soit corrélé, les cultures et l’élevage, afin de tirer toutes les ficelles dans le même sens. Avec de bonnes performances sur les cultures, je travaille aussi sur le coût alimentaire de mon élevage. Comme je ne peux pas agir sur le prix de vente, ma seule maîtrise pour améliorer mon revenu passe par celle du prix de revient, donc du coût alimentaire. »
Engraisser tous les porcelets
Également dans l’objectif de maximiser son autonomie, Benoît Le Page veut augmenter ses capacités d’engraissement en construisant un nouveau bâtiment. Avec l’augmentation de la prolificité, les 1 000 places d’engraissement ne suffisent plus. Une partie des porcelets doit être engraissée à façon. « Je vais construire un nouveau bâtiment de 720 places pour engraisser la totalité des 4 400 porcelets que nous produisons. » Ensuite, Benoît Le Page prévoit de rénover progressivement ses bâtiments pour pouvoir gérer tout le travail à deux personnes et améliorer les performances. « Il s’agira d’abord de rénover le post-sevrage et la maternité pour améliorer performances, d’automatiser l’alimentation et de renforcer la biosécurité, prévoit-il. Je n’ai pas l’objectif d’augmenter en taille mais d’arriver, dans dix ans, à avoir un outil très fonctionnel et autonome, qui me permette de dégager un revenu correct. »
Déjà, ses résultats techniques s’améliorent. « J’ai travaillé sur les petits détails, sur le sanitaire, tout ce qui pouvait nous faire progresser », retrace Benoît Le Page. Ce qui s’avère payant. Entre 2019 et 2021, l’indice global est passé de 2,75 à 2,71, le nombre de porcs produits par truie et par an de 23,4 à 26,4. « Alors qu’en 2019, Benoît avait une marge aux 100 kilos inférieure à la moyenne du groupement, il était, dès 2021, au-dessus. Cela représente une progression de 18 euros les 100 kilos en deux ans, à laquelle s’ajoute une augmentation de 50 tonnes de carcasse annuelle. Ses résultats en reproduction s’approchent de ceux du tiers supérieur », apprécie Jean-René Joliff, responsable commercial de Porélia.
En 2023, changement d’associée
L’autonomie, Benoît Le Page la vise aussi sur le plan énergétique. « Après la construction du nouvel engraissement, je pense construire un hangar avec panneaux photovoltaïques, envisage déjà le jeune éleveur. L’électricité produite servira d’abord à l’élevage et le surplus sera vendu. »
À plus court terme, en 2023, un autre projet verra le jour, l’arrivée de la sœur de Benoît, au départ en retraite de leur maman. « Ma sœur est très branchée élevage. On se complétera bien », plaisante Benoît Le Page. De quoi continuer à améliorer les performances de leur exploitation.
L’autonomie, alimentaire et en termes de capacité d’engraissement, me permet de garder la valeur ajoutée dégagée par mon exploitation.
Curriculum
Benoît Le Page
Fiche Elevage
Gaec Le Page
« Donner aux jeunes l’esprit d’entreprise »
Jean-René Joliff, responsable commercial Porélia
Comme tous les jeunes installés, Benoît Le Page n’a pas bénéficié de contrat spécifique à son installation. « Chez Porélia, nous préférons accompagner techniquement les nouveaux éleveurs pour qu’ils baissent leur prix de revient, qui est le premier critère de rentabilité, par la technicité et la maîtrise des coûts alimentaires. Pour la pérennité de leur entreprise, les jeunes installés n’ont pas besoin d’un soutien temporaire mais plutôt qu’on les aide à devenir performants, qu’on les laisse faire leurs choix en toute indépendance pour devenir des vrais chefs d’entreprise. »