Geep démontre les progrès environnementaux des élevages
Mesurer pour connaître les performances environnementales des élevages porcins, comprendre, agir et communiquer, voici l’idée de départ de l’outil Geep élaboré par l’Ifip.
Mesurer pour connaître les performances environnementales des élevages porcins, comprendre, agir et communiquer, voici l’idée de départ de l’outil Geep élaboré par l’Ifip.
Après quatre années de fonctionnement de l’outil Geep, près de 600 diagnostics environnementaux ont été réalisés auprès de 400 éleveurs par 64 conseillers. Leur compilation met en évidence de meilleures performances que celles connues par le biais de références nationales, comme les rejets d’azote du réseau mixte technologique (RMT 2016, anciennement Corpen) ou le bilan carbone moyen d’Agribalyse (Ademe, 2013). En effet, une majorité des élevages du réseau fait mieux pour chacun des aspects environnementaux (figure 1). C’est très net pour les excrétions azotées (75 % des élevages avec des performances supérieures à la référence nationale), les émissions en ammoniac et les émissions de gaz à effet de serre (près de 90 % des élevages plus performants que la référence nationale). En raison de sa taille encore modeste (14 % des naisseurs engraisseurs pouvant l’intégrer) le réseau ne peut pas encore être considéré comme représentatif des élevages nationaux, mais les premiers résultats montrent qu’il pourrait rapidement, en grandissant, permettre d’actualiser les références de performances environnementales des élevages et démontrer les progrès réalisés par la filière. Par ailleurs, 39 % des éleveurs inscrits ont réalisé plusieurs années de bilan environnemental sous Geep. L’évolution de leurs performances montre des améliorations individuelles, particulièrement sur les consommations d’énergie et les émissions d’ammoniac pour lesquels respectivement 75 % et 62 % des élevages ont progressé au fil des ans. Parmi les élevages s’étant améliorés, les marges de progrès les plus importantes (réduction moyenne de 20 %) s’observent sur les consommations d’eau et d’énergie. Sur l’eau, Geep a déclenché chez les éleveurs une volonté de suivre leurs consommations et de se comparer à d’autres élevages. Certains ont décidé de revoir entièrement leur circuit d’eau et le réglage de leurs abreuvoirs pour réduire le gaspillage. Concernant les consommations d’énergie, les éleveurs revoient leurs réglages des boitiers de ventilation et certains vont jusqu’à diminuer le nombre de lampes à la mise bas ou leur puissance. Ainsi, l’utilisation de Geep incite au passage à l’action pour maîtriser les performances environnementales.
La gestion environnementale permet de faire des économies
Quelles retombées pour l’éleveur ? Si la gestion environnementale est le plus souvent associée à des dépenses supplémentaires dans un élevage, Geep démontre au contraire qu’elle peut permettre de réaliser des économies. C’est toute la pertinence de lier performance environnementale et performance technico-économique. Prenons le cas de la consommation d’eau : si elle représente un petit poste de dépense en élevage, 70 % de l’eau consommée (via l’abreuvement des animaux et le nettoyage-désinfection des bâtiments) sont transformés en lisier. Son épandage, voire son traitement, représente un coût pour les éleveurs. Réduire sa consommation d’eau est donc une source d’économie en élevage. Autre exemple, les pertes en ammoniac : elles diminuent la valeur azotée de l’effluent, obligeant l’éleveur à la compenser par l’achat d’engrais minéraux de synthèse. Ainsi, la gestion environnementale peut conduire à faire des économies. Ce potentiel est d’autant plus grand que de la variabilité des performances est importante entre élevages. C’est le cas des consommations d’eau, d’énergie et des excrétions d’azote pour lesquels les coefficients de variation entre élevages sont supérieurs à 35 % (figure 3). Pour un élevage naisseur engraisseur de 250 truies qui améliore ses performances environnementales d’un écart type, les économies annuelles sont de plusieurs milliers d’euros (de 1 000 € à 7 000 €, hors gaz à effet de serre).
Un potentiel à activer pour transformer l’essai
Les éleveurs et les conseillers utilisateurs de Geep apprécient avant tout sa facilité d’utilisation et le fait de pouvoir se comparer à d’autres élevages. Ils témoignent de leur intérêt concernant les fonctionnalités de l’outil avec la production de références, l’édition automatique de documents réglementaires (bilan réel simplifié et déclaration de flux) et la consultation de bonnes pratiques. Ils soulignent également l‘avantage de pouvoir faire le lien entre les aspects techniques et environnementaux de leur élevage. Les conseillers impliqués dans le réseau en accompagnement des groupes d’éleveurs utilisent l’outil pour trois principaux objectifs : réaliser des bilans environnementaux dans une démarche d’amélioration continue, éditer les différents formulaires réglementaires qui attestent de flux via le site centralisé de Geep, et répondre à des exigences de cahiers des charges ou d’accès à des financements en démontrant que l’environnement est pris en compte.
Malgré ces nombreux atouts, deux freins principaux sont relevés, jugés pénalisants pour un déploiement plus conséquent du réseau : les remontées GTE moins nombreuses qu’auparavant, leur qualité et leur délai, ainsi que le choix de ne pas diffuser les performances moyennes des élevages du réseau. Le réseau va se réunir en 2019 pour travailler sur ces deux aspects afin d’assurer au mieux le potentiel de progrès et d’intérêt environnemental que constitue l’outil pour la filière.
En savoir plus
Un outil de suivi des indicateurs environnementaux
Geep (gestion environnementale des élevages porcins) est un outil Ifip accessible gratuitement sur le web et connecté à la base de données nationale de la gestion technico-économique (GTE). Il est destiné à tout éleveur porcin souhaitant suivre, en parallèle de ses indicateurs technico-économiques, des indicateurs environnementaux de son élevage : consommations d’eau et d’énergie, émissions d’ammoniac et de gaz à effet de serre, rejets d’azote et de phosphore, production de déchets. L’outil permet aux éleveurs de se comparer entre eux et d’accéder à une liste de bonnes pratiques pour faire mieux.