Favoriser la consommation de lait limite les écrasements de porcelets
Des porcelets vigoureux à la naissance, du confort à la mise bas et la gestion du stress des truies sont les trois points clés pour éviter les écrasements.
Des porcelets vigoureux à la naissance, du confort à la mise bas et la gestion du stress des truies sont les trois points clés pour éviter les écrasements.
La perte par écrasement représente un tiers des pertes de porcelets. C’est la première cause de mortalité sur nés vifs. L’autopsie de porcelets écrasés dans les 48 premières heures révèle que pratiquement les trois quarts d’entre eux n’avaient pas ou peu consommé de colostrum ni de lait.
1. Des porcelets vigoureux
« Le premier axe de travail est de favoriser le poids et la vitalité des porcelets à la naissance, a expliqué Charlotte Penguilly, technicienne porc de Porvéo. L’objectif est d’avoir un porcelet suffisamment vigoureux pour se déplacer à la mamelle et consommer rapidement du colostrum et du lait. Cela passe principalement par un plan d’alimentation adapté en fin de gestation. » La pratique de la tétée alternée permet par ailleurs de favoriser la consommation de colostrum, à condition d’être bien maîtrisée et de ne pas bloquer les porcelets trop longtemps.
2. Du confort pour les porcelets
Les porcelets naissent sans réserves énergétiques dans un environnement froid. Leur neutralité thermique se situe à 32-34°C. Il est important d’assurer une zone de confort au niveau des porcelets : lampes chauffantes bien positionnées et à la bonne hauteur, plaques chauffantes, nids, cartons à l’arrière des truies, asséchants… « L’observation des porcelets est un bon indicateur du confort thermique selon qu’ils sont bien étalés sur leur tapis ou à l’inverse, entassés ou en évitement de la zone chauffée. »
3. Diminuer le stress des truies
Avec des truies stressées, le risque de mouvements soudains et d’écrasement est plus élevé. « Réduire le stress commence dès l’entrée en quarantaine, en passant du temps à sociabiliser les cochettes. » L’Ifip a récemment montré que la mise en confiance des cochettes permettait de gagner +0.9 porcelet sevré, à prolificité équivalente. « À l’arrivée en salle de maternité, il est conseillé d’alterner cochettes et truies multipares, d’éviter de placer les cochettes près des zones plus bruyantes (portes, fenêtres), voire de mettre de la musique », suggère Charlotte Penguily. « L’apport de fibres dans l’aliment péri-mise bas réduit également le stress et le risque d’écrasement. De même, la distribution d’une toile de jute aide à canaliser les comportements d’agitation des truies à l’approche de la mise bas. »
En cas de rénovation des maternités, l’investissement dans certains aménagements peut par ailleurs être réfléchi pour réduire le risque d’écrasement, notamment les cases ascenseurs. Selon une enquête des Chambres d’Agriculture de Bretagne, les éleveurs équipés ont vu leur taux de pertes sur nés vifs baisser de 2,5 points (de 14.7 à 12.2 %). L’effet bénéfique de la case ascenseur a également été mesuré par les techniciens de Porvéo-Terrena au sein de l’élevage SCEA La Tremblaie, en Mayenne. « La maternité collective de 900 truies a équipé l’une de ses six salles maternité de cases ascenseurs, a rapporté Loïc Lemarchand, technicien Terrena. « Les résultats GTTT sur deux ans montrent un nombre d’écrasés/nés vifs de 1.4 % dans la salle avec cases ascenseurs, deux à trois fois plus faible que dans les cinq autres salles non équipées. Le gain est de 0.92 porcelets par truie au sevrage. Un effet loin d’être négligeable ! »
Ludovic Bomard, technicien Porvéo du Gaec Branger Lefort (49)
« Ne pas craindre de passer aux cases bien-être »
« Début 2021, le Gaec Branger Lefort (180 truies NE dans le Maine et Loire) a rénové une maternité avec 40 places de cases mise bas liberté de 6,5 m2, 60 % plus spacieuses que les anciennes cases standard. Les premiers résultats sont encourageants : Les données GTTT sur 10 mois montrent une augmentation de 0,24 point du nombre de nés vifs par portée (16,23 contre 15,99 en 2020). Le taux de pertes sur nés vivants a diminué de 17,4 à 16,5 %. L’élevage a gagné 0.36 porcelet sevré à 28 jours (13,2 en 2020 et 13,6 depuis les cases bien-être). Le nombre de porcelets sevrés est aujourd’hui supérieur à 14. Il ne faut donc pas avoir peur de passer aux truies bien-être ! En pratique, les truies entrent en maternité 7 jours avant la mise bas et sont bloquées deux jours avant le terme. Les cochettes sont libérées à J + 4 jours et les multipares sept jours après la mise bas. En parallèle, l’élevage pratique la sociabilisation des porcelets dès deux jours d’âge. »