Enrayer la dysenterie porcine par la biosécurité
La mise en place de mesures de biosécurité externes et internes dans un élevage où les porcs charcutiers étaient atteints de diarrhées hémorragiques permet d’enrayer rapidement cette pathologie.
La mise en place de mesures de biosécurité externes et internes dans un élevage où les porcs charcutiers étaient atteints de diarrhées hémorragiques permet d’enrayer rapidement cette pathologie.
Aux journées de l’AFMVP (1) qui avaient lieu à Rennes le 1er décembre dernier, Nathalie Deville, vétérinaire à la Selas Cybelvet à Étrelles, en Ille-et-Vilaine, a présenté un cas de contamination d’un engraissement par Brachyspira hyodysenteriae maîtrisée rapidement par une série de mesures de biosécurité qui ont accompagné les traitements métaphylactiques. « Dans cet élevage mayennais de 130 truies naisseur engraisseur, les symptômes sont brutalement apparus sur une bande de porcs en fin d’engraissement », explique la vétérinaire : diarrhées hémorragiques sans hyperthermie sur un tiers des porcs de la bande, trois mortalités en 24 heures et des diagnostics cliniques, lésionnels et thérapeutiques évoquent fortement de la dysenterie porcine. Des analyses par PCR confirment la présence de Brachyspira hyodysenteriae. En parallèle à l’antibiothérapie individuelle et collective sur les lots atteints, l’éleveur a mis en place des mesures permettant de limiter la diffusion du germe. L’utilisation de matériel spécifique d’injection pour les animaux malades, de combinaisons jetables et de pédisacs pour entrer dans les cases atteintes a permis d’éviter la diffusion d’un porc à l’autre. « Il aurait aussi fallu supprimer les parois ajourées séparant les cases d’engraissement », souligne Nathalie Deville. Pour empêcher la diffusion intersalles, un double pédiluve (désinfectant + chaux) a été mis en place à la sortie des salles atteintes. L’éleveur a systématisé le nettoyage et la désinfection des couloirs, du quai d’embarquement et des salles après chaque mouvement d’animaux. Avant chaque transfert, les préfosses sont désormais vidées au maximum et la salle est chaulée.
Une tenue spécifique par bâtiment
Enfin, la circulation du pathogène interbâtiments a été maîtrisée en condamnant un accès direct entre l’engraissement et le bloc naissage. À chaque passage d’un bâtiment à l’autre, l’éleveur passe désormais par un sas où il se lave les mains et change de tenue (combinaison et bottes). « Nous avons pris cette mesure pour protéger les porcelets et les truies indemnes de Brachyspira hyodysenteriae », justifie la vétérinaire. Des mesures complémentaires ont également été prises, comme le renforcement de la dératisation et de la désinsectisation, et l’interdiction faite au chien de l’exploitation d’entrer dans les bâtiments. « Six mois après l’apparition des premiers symptômes et après une augmentation de 2 % du taux de pertes en engraissement, l’élevage a retrouvé sa stabilité sanitaire sans nouveaux cas », se réjouit Nathalie Deville. Il restait enfin à trouver l’origine de la contamination des animaux. Historiquement, l’élevage n’avait jamais connu ce type de maladie. La contamination ne pouvait pas venir du multiplicateur, qui est le même depuis trois ans. L’historique des camions de ramassage des porcs charcutiers gérés par le groupement n’a pas mis en évidence des risques de contamination par d’autres élevages. « La seule hypothèse plausible est une contamination par un camion de l’abattoir, peu de temps avant l’apparition des symptômes. Ce camion était venu à vide à 8 heures du matin, mais il avait chargé d’autres animaux dans la nuit, et nous ne savons pas s’il avait été nettoyé et désinfecté », conclut la vétérinaire.
(1) AFMVP : association française de médecine vétérinaire porcine.