En Bretagne, une installation en porc sur dix se fait dans des élevages de moins de 150 truies
En 2022, les élevages de moins de 150 truies naisseurs-engraisseurs représentent encore un tiers des sites naisseurs-engraisseurs bretons en activité. Mais les installations avec cette taille d’élevage sont en forte baisse depuis deux ans.
En 2022, les élevages de moins de 150 truies naisseurs-engraisseurs représentent encore un tiers des sites naisseurs-engraisseurs bretons en activité. Mais les installations avec cette taille d’élevage sont en forte baisse depuis deux ans.
En 2011 la Chambre d’agriculture de Bretagne (CAB) avait réalisé une enquête sur l’avenir des élevages de moins 150 truies. Ils représentaient à l’époque 54 % des sites bretons et 33 % du cheptel. Leur avenir était donc déterminant pour celui de la filière porcine régionale. L’étude soulignait que la stabilité et pérennité de ce type d’élevage étaient remises en cause, notamment par les évolutions réglementaires.
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Néanmoins la plupart des élevages enquêtés n’envisageaient ni un arrêt de production ni un schéma d’évolution vers des modes de production ou de commercialisation alternatifs. Dix ans plus tard, en 2022, les sites de moins de 150 truies représentent encore 33 % des sites naisseurs-engraisseurs bretons (source BDPorc). Mais la dynamique des installations avec ces tailles d’atelier recule.
Les installations avec moins de 150 truies en recul
Entre 2016 et 2021, les ateliers de moins de 150 truies représentaient encore entre 32 et 39 % des installations aidées (source CAB). Cependant, leur part recule en 2022 et 2023 (respectivement de 25 et 11 %). La dimension des projets d’installation reste toutefois modeste puisque 43 % des projets correspondent à des ateliers de moins de 200 truies. (figure 1)
La diminution du nombre d’installation avec des projets plus petits (moins de 150 truies voire moins de 100 truies) observée plus particulièrement en 2023 est sans doute liée à la baisse du nombre de projets alternatif. En effet, cette année-là, il n’y a eu que deux installations en production biologique, mais il s’agissait d’ateliers de post-sevrage engraissement ou d’engraissement.
Des élevages conventionnels et en circuits longs
En réalité, si les projets biologiques sont effectivement souvent de plus petite dimension, les petits élevages correspondent en majorité à des projets conventionnels. Ainsi, en 2011, lors de l’étude menée par la CAB, la production des 225 éleveurs enquêtés était majoritairement (93 %) orientée vers la production de porcs conventionnels. Seuls 2 % d’entre eux envisageaient une évolution de leur système de production vers du Label rouge, du plein air ou encore du porc biologique. Ils n’étaient que 7 % à envisager ou réfléchir à la mise en place de vente directe. Ce souhait de maintenir un mode de production standard et un mode de commercialisation en circuit long se confirme pour les projets d’installation de moins de 150 truies en 2022 et 2023.
Un lien au sol plus important que la moyenne
Le projet envisagé le plus fréquemment en 2011 par les éleveurs de moins de 150 truies concernait l’agrandissement de l’exploitation (23 %), en particulier de l’atelier porc (19 %), mais 64 % n’envisageaient pas d’augmentation du nombre de truies. Ils expliquaient cette stratégie par l’intérêt de leur travail ainsi que des conditions et temps de travail jugés satisfaisants. Ils évoquaient également la performance économique de leur système, et notamment le lien au sol. En 2023 ce lien au sol supérieur reste vérifié puisqu’il est de 0,71 hectare par truie contre 0,34 hectare pour les ateliers porcins plus importants.
Une conduite d’élevage facile
Ce lien au sol supérieur est assez souvent évoqué assez spontanément comme atout supposé des petits ateliers porcins. Pourtant, interrogés sur le principal avantage lié à leur atelier, les éleveurs citaient en priorité la facilité de conduite (26 %) et la dimension familiale de leur atelier (16 %). Le lien au sol n’était évoqué qu’en troisième position.
Les inconvénients correspondent en premier lieu à des contraintes organisationnelles liées au fait de travailler souvent seul et/ou de ne pas pouvoir se faire remplacer (49 % des réponses). Viennent ensuite des inquiétudes liées à la pérennité de l’exploitation au regard, par exemple, d’une moindre attractivité pour la transmission ou d’une moindre capacité de négociation (29 % des réponses).
Des tailles d’installation très variées en 2023
Le fait de devoir travailler seul apparaissait être une contrainte majeure du point de vue des enquêtés en 2011. Cela soulève la question de l’attractivité du métier d’exploitants pour les éleveurs à la tête de ces petits élevages. Néanmoins, il est intéressant d’observer la dispersion de la taille des projets d’installation spécialisés en porc en 2023. Sur les dix-neuf naisseurs-engraisseurs installés, quatre ont des dimensions d’élevage allant de 125 à 153 truies et cinq vont de 403 à 650 truies.
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Cet écart important illustre la diversité de stratégies de projets d’installation et de profils d’éleveur : faire le choix d’une taille d’élevage permettant de travailler seul et de ne pas être confronté aux difficultés de recrutement de salariés ou atteindre une taille suffisante pour travailler à trois ou quatre pour faciliter l’organisation des absences. Petit ou grand, peu importe : l’important c’est l’adéquation du projet aux attentes et au profil de l’éleveur.
Marie Laurence Grannec, marie-laurence.grannec@bretagne.chambagri.fr
« L’essor des exploitations multisite »
Marie Laurence Grannec, Chambre d’agriculture de Bretagne
« En 2023 la part des sites et des projets de dimension modeste reste importante. Cette donnée nécessiterait d’être corrigée par le caractère multisite de nombreuses exploitations. En effet, pour compenser les inconvénients organisationnels et/ou atteindre une taille critique au regard des exigences de commercialisation, de nombreux éleveurs font ce choix. Mais cette option du multisite est souvent subie plus que choisie et ce pour des raisons de contraintes réglementaires ou financières. »
Chiffres clés
Les installations en production porcine en Bretagne en 2023
59 installations avec production porcine dont 28 spécialisées en porc (19 naisseurs-engraisseurs). 8 projets de moins de 200 truies et 5 de plus de 400 truies. 1 installation pour 3,2 départs, soit un taux de remplacement de 31 % (49 % pour l’ensemble des projets et 28 % en production laitière).
Repères
Les six avantages et inconvénients des élevages de 150 truies NE cités par les éleveurs (source : enquête Chambre d’agriculture de Bretagne)
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