Deux niveaux d’application des normes bien-être dans les élevages de porcs de l'UE
Une équipe de chercheurs suédois a analysé dans treize pays de l’Union européenne les évolutions réglementaires entre 1991 et 2020 en matière de protection des porcs.
Ils distinguent deux groupes de pays : ceux du premier groupe s’en tiennent à une application stricte des directives européennes ; il s’agit de la France, de la Belgique, de l’Irlande, de l’Italie, de la Pologne et de l’Espagne. À l’opposé, un second groupe composé de l’Autriche, du Danemark, des Pays-Bas, de l’Allemagne, de la Finlande, du Royaume-Uni, avec en tête la Suède, ont des réglementations nationales « bien-être » qui vont plus loin que la réglementation européenne.
Ces différences d’application des réglementations bien-être entre ces deux groupes s’expliquent par l’importance de la production porcine dans le pays, la volonté politique d’appliquer une réglementation nationale plus stricte ,et la perception du bien-être par les citoyens et les éleveurs. Pour faire cette comparaison, les auteurs ont analysé six items de la réglementation qui affectent les performances économiques des élevages, notamment en modifiant la chaîne de bâtiment (logement des truies et des porcs en croissance, âge au sevrage) et la conduite des animaux (apport de matériaux manipulables, arrêt de la caudectomie). Les auteurs montrent également que la caudectomie et le manque d’apport en matériaux manipulables sont les non-conformités les plus fréquentes relevées dans les rapports d’audit des autorités européennes, sauf en Suède et en Finlande où la caudectomie est déjà interdite. Toutefois, l’étude met en avant l’amélioration globale du niveau de bien-être des porcs dans tous les États membres ces dernières années.
Aude Dubois, aude.dubois@pl.chambagri.fr
Côté biblio
Brief research report : The evolution of animal welfare legislation for pigs in 13 EU members states, 1991-2020. Wallenbeck A., Wichman A., Höglind L., Agenäs S., Hansson H., Ferguson S., 2024. Front. Anim. Sci.
Des normes de plus en plus difficiles à appliquer
Aude Dubois, Chambre d’agriculture des Pays de la Loire
« Depuis 2020, date à laquelle cette étude s’est arrêtée, les États membres rencontrent les mêmes difficultés que la France pour appliquer la réglementation européenne dans les élevages, notamment sur l’arrêt de la caudectomie ou encore l’apport en matériaux manipulables. En parallèle, la dynamique sur la réduction de la contention des truies semble enclenchée dans de nombreux pays. Il faut aussi souligner que depuis 2020, la France a, elle aussi, légiféré pour la protection des porcs en élevage : arrêt de la castration à vif, matériaux manipulables, abreuvement… Parmi les deux groupes de pays, nous observons des pays producteurs et exportateurs de porcs majeurs de l’Union européenne : d’un côté, l’Espagne et la France qui appliquent uniquement les directives européennes et, de l’autre côté, le Danemark, l’Allemagne ou les Pays-Bas qui ont renforcé leur législation nationale. Cette réglementation bien que légèrement plus contraignante ne semble donc pas nécessairement entraver leur capacité à commercialiser leur viande de porc. Ces évolutions récentes datent pour la majorité des pays de la fin des années 2000. »