Aller au contenu principal

Deux ans pour concrétiser un projet de méthanisation

Se lancer dans la méthanisation est un parcours de longue haleine et d’ampleur financière. Conseils méthodologiques avec les CER France pour mener à bien son projet.

Les premières unités de méthanisation (ici, celle du Gaec de Vautournon dans l’Indre, réalisée en 2011) permettent désormais d’avoir des références fiables sur la faisabilité technico-économique des modèles « à la française ».
Les premières unités de méthanisation (ici, celle du Gaec de Vautournon dans l’Indre, réalisée en 2011) permettent désormais d’avoir des références fiables sur la faisabilité technico-économique des modèles « à la française ».
© Cécile Julien

Concrétiser un projet de méthanisation demande un long parcours. « Il faut souvent compter deux ans, entre les premiers contacts et le début des travaux, dont un an rien que pour les formalités administratives », prévient Stéphane Bisson, consultant énergies au CER France Orne. Pour réussir cet ambitieux projet, seul ou à plusieurs, encore faut-il passer tous les obstacles. Le premier peut être réglementaire. Avant de se lancer, il faut vérifier la réglementation environnementale et sanitaire, qui dépendra des produits transformés puis épandus, ainsi que les règles d’urbanisme de sa commune.
Ensuite, les gisements de produits méthanisables doivent être quantifiés, tant en interne (effluents d’élevage, couverts) qu’en externe (déchets agroalimentaires, déchets verts). « Privilégiez un maximum d’autonomie d’approvisionnement », conseille Stéphane Bisson. Le seul volume n’est pas suffisant, il faut aussi estimer la saisonnalité, les éventuels coûts d’approche, le temps de travail. En France, contrairement à l’Allemagne, la méthanisation se fait en valorisant prioritairement des effluents d’élevage. Leur diversité rend la conduite plus délicate et les investissements souvent plus conséquents. Des produits à méthaniser dépendra le choix de la technologie de méthanisation, donc les coûts d’investissement et d’exploitation. « Il faut choisir la bonne entreprise car vous allez travailler ensemble pendant au moins 15 ans », souligne Stéphane Bisson. « Les aspects de maintenance, de dépannage doivent être contractualisés avec rigueur. »
Le choix technique doit également tenir compte du temps de travail nécessaire à cette activité supplémentaire. « Si le fonctionnement courant demande une heure à une heure et demie par jour, il ne faut pas oublier le temps pour gérer les approvisionnements », souligne le conseiller. Les intrants quantifiés et la technologie choisie, reste à estimer les produits de la méthanisation. Elle produit du biogaz qui peut être valorisé par l’injection dans le réseau de gaz ou par la production d’électricité et de chaleur. L’injection dans le réseau n’est possible que pour quelques exploitations à proximité d’une conduite. La valorisation de la chaleur issue de la cogénération est nécessaire économiquement. D’ailleurs, le prix de rachat de l’électricité tient compte de cette valorisation.

Bien calculer la rentabilité


Place ensuite à la recherche d’un financement. Quitte à élaborer plusieurs scénarios avec des puissances différentes pour atteindre la meilleure rentabilité de son investissement. La possibilité de subventions doit alors être vérifiée. Mieux vaut en minimiser les montants dans le calcul de rentabilité. Le coût de l’assurance doit également être chiffrée. Il faudra aussi choisir la structure juridique la plus adéquate. Si plus de la moitié des matières transformées viennent de la ferme, la vente de gaz, d’électricité et de chaleur peuvent rester dans le giron de l’exploitation. Sinon ou pour impliquer des tiers dans ce projet, une structure juridique dédiée à cette activité est à envisager. Le calcul de rentabilité doit également intégrer les incidences de la méthanisation sur l’agronomie et la mécanisation de l’exploitation. Ce ne sera plus du fumier qui devra être épandu mais un digestat liquide. Ce qui peut demander du matériel supplémentaire. Ces premiers éléments donnent une approche de la faisabilité du projet, en termes financiers et économiques, de sa cohérence avec le fonctionnement de l’exploitation, de la valeur ajoutée qu’il lui apportera. À chacun de faire son choix en fonction de sa capacité à s’investir dans cette nouvelle activité et de ses capacités financières.

Les plus lus

<em class="placeholder">Séverine et Benoît Le Page, accompagnés à gauche de Rémi Berthevas, Porélia  : « Le bâtiment doit se payer tout seul grâce à l’amélioration de l’indice de ...</em>
« Nous maîtrisons notre revenu en étant plus autonomes sur notre élevage de porcs»

L’élevage de 165 truies de Benoît et Séverine Le Page a connu une croissance continue de ses performances techniques et…

<em class="placeholder">Sébastien, chef d’élevage, à gauche, Léa, Marius, Clément et au fond Laurent Abiven, de Porc Armor Évolution</em>
« La maîtrise du coût de revient par porcelet est le fruit d’un travail en équipe »

Situé à Saint Michel de la Roé en Mayenne, le naissage associatif de la Lande de 950 truies est détenu par six éleveurs…

<em class="placeholder">La méthanisation passive est une solution rentable pour couvrir sa fosse à lisier, à condition de tenir compte de certaines contraintes techniques et économiques</em>
La méthanisation passive du lisier de porc, une solution rentable

D’après les suivis réalisés par la Chambre d’agriculture de Bretagne, la méthanisation passive du lisier de porc peut…

<em class="placeholder">Guillaume Degoulet, SCEA des Sables (à gauche) et Sylvain Jouy, Agrial : &quot; Le Label rouge Opale m&#039;a permis de financer un nouvel engraissement lors de mon installation. &quot;</em>
« La montée en gamme m'a aidé à financer mon bâtiment de porc en engraissement »

Avec le Label rouge Opale, Guillaume Degoulet a orienté la production porcine de son exploitation vers une montée en gamme…

<em class="placeholder">Eleveur donnant les instructions à son salarié. Agriculteur employeur. Transmission des consignes. Discussion. Explication des tâches à accomplir. Emploi en élevage ...</em>
L’intéressement, un outil intéressant pour motiver les salariés en élevage de porc

L’intéressement est une forme d’épargne salariale qui permet de verser aux salariés une prime proportionnelle aux performances…

Elevage de porcs
La méthode label bas carbone pour la filière porcine enfin mise en consultation

Développée par l’Ifip-Institut du porc, la méthode dédiée à la production porcine pour le label bas carbone est mise en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)