Des porcelets sevrés en nombre et en qualité au Gaec de Tromelin
Le Gaec de Tromelin maintient dans la durée un haut niveau de performances de ses 130 truies, grâce à un suivi rigoureux et à une alimentation adaptée pour soutenir leur productivité et favoriser un bon démarrage des porcelets.
Le Gaec de Tromelin maintient dans la durée un haut niveau de performances de ses 130 truies, grâce à un suivi rigoureux et à une alimentation adaptée pour soutenir leur productivité et favoriser un bon démarrage des porcelets.
Alors que la tendance est à la haute technologie et aux équipements de précision, le témoignage de Nadine et Michel Cavalec, du Gaec Tromelin, rappelle à quel point le rôle de l’éleveur est déterminant pour parvenir à de très bonnes performances techniques. Et ceci quelle que soit la taille de l’élevage. Situé à Sizun dans le Finistère, le Gaec composé de trois associés exploite un atelier lait de 650 000 litres, en plus de l’élevage de porcs naisseur engraisseur, mené par les époux Cavalec.
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D’une taille de 130 truies, il est géré de manière assez classique avec une conduite en sept bandes, un sevrage à 27 jours. La distribution de l’aliment est à sec pour les truies et les porcelets et en soupe en engraissement. Ce qui est remarquable, c’est le niveau élevé des performances techniques et leur régularité dans le temps, en particulier pour la maternité. Les résultats de la dernière GTTT-GTE annuelle en témoignent. La productivité dépasse 33 porcelets par truie et par an, avec 13,47 porcelets sevrés par portée et un rythme de reproduction de 2,46 portées par truie. Le taux de pertes sur nés vifs est de 11,8 % (sans cases balance) tandis que le poids de portées frôle régulièrement la barre des 100 kilos au sevrage à 27 jours (poids moyen de 7,2 kg).
Un taux de pertes de 1,6 % en post-sevrage
La bonne qualité des porcelets sortant de la maternité se répercute en post-sevrage avec des performances de croissance soutenues (71 jours d’âge à 30 kg) et une bonne maîtrise sanitaire (taux de pertes en post-sevrage de 1,6 %). « On ne fait rien d’extraordinaire », estime pourtant Michel Cavalec. Mais à l’écouter détailler ses pratiques d’élevage, on comprend rapidement que ces bons résultats s’expliquent par une rigueur sans faille et un strict respect des basiques en termes de conduite alimentaire des truies, de biosécurité, de confort autour de la mise bas, de maîtrise du stress pour les porcelets.
Une autre clé du succès est indéniablement liée à la technicité, au sens animalier et à la capacité d’observation de l’éleveur, qu’il met à profit dans la gestion individuelle de son cheptel de reproducteurs. Par exemple, l’éleveur ne fait aucune mesure d’épaisseur de lard. L’évaluation de l’état d’engraissement des truies se fait grâce à son coup d’œil précis. Il s’en sert au quotidien pour ajuster les rations et optimiser l’état et homogénéité du troupeau, clé de voûte de la prolificité des truies et d’un bon démarrage en lactation. « L’objectif est de les maintenir en bon état pendant tout le cycle de reproduction, y compris en sortant de maternité », vise l’éleveur.
Des aliments haut de gamme
En ce qui concerne le programme alimentaire des truies, Michel Cavalec utilise deux aliments répondant à un objectif de haute performance. « Il s’agit de l’aliment gestante Vigagest Tec et l’aliment allaitant Vigalac star, du haut de la gamme Karmalin », précisent Philippe Bergot et Corentin Potin, de Sanders (marque Vigala). Calés sur des concentrations de 8,9 MJ, 13,5 % MAT en gestante puis 10,4 MJ et 16 % de MAT en allaitante, ils contiennent des ingrédients spécifiques pour soutenir les performances des truies et garantir une bonne consommation, en particulier en maternité. Après l’échographie, les truies sont réparties en trois groupes en salle gestante (cochettes et primipares, truies maigres et truies grasses) et reçoivent un repas quotidien variant de 2,7 à 3,2 kilos.
Durant le dernier mois de gestation, la ration quotidienne passe à 3 kilos pour les cochettes et primipares et à 3,5 kilos pour toutes les multipares. « Ce niveau élevé réduit le nombre de petits porcelets à la mise bas », justifie l’éleveur. En complément, l’ensemble du troupeau de truies reçoit une cure de vitamines et d’oligoéléments toutes les trois semaines durant 5 jours (de même que les cochettes en quarantaine). Une pratique à laquelle Michel ne déroge plus. « J’ai tenté d’arrêter pendant six mois mais j’ai constaté une hausse des pertes sur nés vifs. »
De la pulpe de betterave contre les constipations
Les truies passent à l’aliment allaitante dès leur arrivée en salle de maternité, soit 10 jours avant la mise bas. La quantité distribuée par jour démarre à 3,1 kilos (2,8 kg pour les cochettes) jusqu’à la mise bas (en un repas), baisse à 2-2,5 kilos le jour de la mise bas, pour atteindre progressivement 4 kilos quatre jours après la mise bas (en deux repas). Elle augmente ensuite d’environ 500 g par jour jusqu’à un palier de 9-10 kilos (7,5-8 kg pour les primipares).
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La distribution de l’aliment est faite manuellement. « Je surveille mieux les consommations individuelles et adapte les quantités. » Dès l’entrée en maternité, les truies reçoivent une ration quotidienne de 300 g de pulpe de betterave. « Cela évite le risque de constipation et favorise la consommation d’aliment. Cette matière première est aussi distribuée en verraterie, le surlendemain du sevrage en complément d’une ration de 3,5 kilos d’aliment jusqu’à l’insémination pour le flushing, ajoute-t-il. Au total, chaque truie consomme en moyenne 1 227 kilos d’aliment, ce qui est bas, compte tenu des poids au sevrage », remarque Philippe Bergot.
Un confort ++ lors de la mise bas
Pour ce qui est des mises bas, les éleveurs veillent à optimiser le confort thermique des porcelets. « Des tapis de sol (type Dunlomat) sont répartis de chaque côté de la case dès l’arrivée des truies », explique Nadine Cavalec. L’ajout d’une couche de 1 à 2 cm de copeaux sur les tapis (3-4 kg par case) aide le porcelet à se sécher très rapidement. « Je n’interviens pratiquement pas à la mise bas, surtout depuis que je suis passé il y a 18 mois au mâle Duroc. Les porcelets sont moins beaux à la naissance mais plus vigoureux. » Les petits porcelets sont regroupés sur une truie de rang deux et reçoivent un aliment lacté en complément.
Les soins sont réalisés 48 heures après la mise bas. Les dents ne sont plus meulées, sauf exception. « C’est une source d’infection en moins. » Les porcelets qui décrochent en cours de lactation sont adoptés par une truie en rang deux de la bande. Pour stimuler l’appétit des porcelets, un aliment sous la mère (Friandine) est distribué à partir de quatre jours. Le passage à l’aliment 1er âge démarre quatre jours avant le sevrage.
Limiter le stress des porcelets
Une mise en confiance dès la quarantaine
Lors de la distribution manuelle des deux repas quotidiens, l’éleveur passe du temps à apprivoiser ses futures reproductrices. « Elles viennent facilement au contact, montre-t-il. Cette phase de sociabilisation en quarantaine est essentielle pour avoir des animaux calmes et confiants. Je gagne du temps par la suite, par exemple lors du transfert de la verraterie vers les cases gestantes, qui se fait en 15 minutes pour 16 truies. Elles sont aussi plus calmes en maternité. Cela joue probablement aussi sur la qualité des porcelets en post-sevrage, avec un moindre stress. »
Fiche d’élevage
Gaec de Tromelin à Sizun (Finistère)
Avis d’expert : Didier Michel, correspondant aliment porc Sanders
« Des aliments stimulant la consommation des truies »
Chez Vigala, on considère l’aliment truie comme un aliment à part avec des matières premières qui lui sont réservées, comme on le fait en porcelet. Grâce à ces éléments de recette, on évite les baisses de consommation et les chutes de performances. L’important est que toutes les truies consomment et que l’éleveur n’ait pas à gérer de refus, comme c’est le cas au Gaec de Tromelin.
Pour accompagner ses truies hyperproductives, il utilise un aliment très concentré et appétant qui stimule la consommation des truies en maternité et favorise un bon démarrage en lactation. Il intègre notre noyau appétit (biscuits riches en sucre et des graines de haut niveau nutritionnel) et des taux constants d’orge, de blé et de soja. À la station de Sourches, il a permis une augmentation de la consommation des truies de plus de 240 grammes par jour durant la lactation. »