Bien identifier les produits chimiques en élevage pour mieux s’en protéger
À la station de Crécom, 38 produits utilisés sur 81 présents sont classés comme dangereux pour la santé humaine. Les identifier permet de mieux s’en protéger.
À la station de Crécom, 38 produits utilisés sur 81 présents sont classés comme dangereux pour la santé humaine. Les identifier permet de mieux s’en protéger.
En septembre, la chambre d’agriculture de Bretagne et la MSA d’Armorique ont réalisé un audit du risque chimique à la station expérimentale de Crécom, dans les Côtes-d’Armor. Objectif : mieux connaître les risques pour mieux protéger la santé des salariés de l’exploitation. Pour cela, une liste de tous les produits utilisés ou présents sur l’exploitation a été réalisée. Elle a été faite en s’appuyant sur la synthèse des commandes, complétée par une visite des différents lieux de stockage. Au total, 81 produits ont été identifiés : 19 dans l’atelier, et 62 dans l’élevage. Parmi ces 62, la plupart sont des médicaments vétérinaires. Les autres sont des produits de nettoyage-désinfection, de l’encre, etc. Le chiffre peut paraître élevé : le recensement prend en compte tous les produits présents, y compris ceux qui ne sont plus utilisés, et qui devraient donc être sortis de l’élevage. De la même manière, il existe parfois plusieurs références pour une même molécule, en fonction des approvisionnements ou des changements de prescription. Pour tous ces produits chimiques, les risques pour la santé de l’utilisateur sont connus, et disponibles dans des fiches. Les précautions à prendre sont également mentionnées. Pour les produits vétérinaires, les informations se trouvent dans le Résumé des caractéristiques du produit (RCP), disponible sur internet. Pour les produits chimiques « classiques », les informations figurent sur l’étiquette, sous la forme de pictogrammes, ainsi que de mentions de danger et de conseils de prudence. Toutes ces informations ont été saisies dans le logiciel d’analyse des risques chimiques utilisé dans tous les secteurs appelé Seirich (1). Ce logiciel réalise ensuite une hiérarchisation des produits en indiquant leur niveau de dangerosité pour la santé, mais également pour l’environnement et en cas d’incendie.
Des produits cancérigènes, mutagènes ou toxiques
Parmi les 81 produits relevés à Crécom, 22 sont considérés comme très dangereux pour la santé, et 16 comme dangereux. 8 produits font partie de la catégorie « cancérigène, mutagène, reprotoxique ». Un mélange pour débroussailleuse a été identifié comme cancérigène. Sept produits ne doivent pas être utilisés par les femmes enceintes, car ils peuvent provoquer une fausse couche : ce sont des produits de conduite utilisés pour la gestion de la reproduction, ainsi que deux anti-inflammatoires. Il est important que les exploitantes et salariées ayant un projet de grossesse les identifient bien. À Crécom, une fiche d’avertissement sera affichée sur les pharmacies afin de prévenir les salariées permanentes ou réalisant un remplacement sur l’élevage. 27 produits utilisés sur l’élevage sont allergisants, soit par contact avec la peau, soit par inhalation. Il s’agit de produits divers : antibiotiques, anti-inflammatoires, désinfectants… Il est important de s’en protéger. Si l’on constate une sensibilité à l’un d’eux, il faut chercher avec son vétérinaire une solution de remplacement. En effet, une allergie cutanée peut s’aggraver au point de devenir irréversible, et de nécessiter un changement de profession. Enfin, neuf produits sont corrosifs pour la peau, les yeux ou les voies respiratoires. Il s’agit de détergents et de désinfectants.
Remplacer les produits les plus dangereux
Globalement, ces risques sont connus des personnes qui travaillent en élevage, même si tous les produits dangereux ne sont pas identifiés. Pour se protéger, et protéger son équipe, la première chose à faire est de les supprimer, lorsque c’est possible. Ce qui ne peut être le cas pour les détergents ou désinfectants, comme pour beaucoup de médicaments vétérinaires. Il faut alors rechercher avec son vétérinaire des alternatives moins dangereuses. Cela permet de réduire notamment les risques d’allergies. Une fois que la liste des produits a été réduite au minimum nécessaire, il importe d’utiliser des équipements de protection : lunettes, masque, gants, ou combinaison étanche selon les cas. Pour les combinaisons et les gants, attention à bien prendre du matériel étanche aux produits chimiques, et pas seulement à l’eau. Les salariés de la station de Crécom sont équipés depuis six mois de masques dotés de cartouches protégeant des produits chimiques. Pour eux, le bénéfice est indéniable : « après avoir utilisé les produits, on n’est plus gêné au niveau des bronches », explique Philippe Larzin, agent d’exploitation à Crécom. La contrainte d’utilisation est assez faible : « les masques sont pratiques. C’est comme si on n’avait rien. Aujourd’hui, on ne peut plus s’en passer ». Une solution simple pour protéger sa santé.