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Bâtiment post-sevrage : Une gestion optimisée pour 2 200 places de porcelets

Laurence, Jean-Luc et Valentin Lehericey, éleveurs à la tête d’un cheptel de 400 truies naisseur-engraisseur, ont présenté le 31 mars dernier leur nouveau post-sevrage de 2 200 places. Ce bâtiment se caractérise par des choix d’équipements qui permettent une gestion optimale de l’ambiance et un coût énergétique minimum.

Sans connaître de véritables révolutions, les bâtiments de post-sevrage ont bénéficié ces dernières années de réelles évolutions techniques dans leur conception, tant pour améliorer les conditions de travail et de bien-être des animaux que pour limiter les coûts de production.

 

Le post-sevrage réalisé à l’EARL Lehericey à Juvigny les vallées, dans la Manche, est l’exemple même de cette tendance à des bâtiments économes et ergonomiques. Les deux salles de 1 100 places chacune constituées de 16 cases de 69 places (0,39 m2 utile par porc) correspondent aux besoins d’une conduite de cinq bandes de 80 truies. « Avoir une seule salle par bande simplifie considérablement le travail de transfert et de surveillance des porcelets, ainsi que le lavage avec un robot », explique Jean-Luc Lehericey, associé avec sa femme Laurence et son fils Valentin sur l’exploitation. De même la gestion de l’ambiance est bien maîtrisée grâce à une diffusion de l’air entrant par un plafond perfalu surmonté d’une couche de laine de verre. L’entrée de l’air dans le comble unique se fait sur toute la longueur des murs latéraux, garantissant une bonne répartition dans la salle. Conjugué avec une isolation des rampants, ce système limite le réchauffement excessif de l’air en été sans faire appel à un cooling. L’air vicié est évacué classiquement par des cheminées en extraction basse avec des ventilateurs économes. « C’est simple, durable et facile à dépanner en cas de panne », argumente Grégoire Soulabaille, technico-commercial Asserva.

25 % de caillebotis chauffants

Pour assurer le confort thermique des porcelets, les éleveurs ont choisi le caillebotis chauffant Modulo-therm de Fournier. Ces caillebotis en béton sont parcourus par un circuit d’eau chaude produite par une chaudière au gaz. Ils recouvrent 25 % de la surface de la case, le reste étant composé de caillebotis plastique nid d’abeille (Calimat). « Ce système de chauffage permet une gestion biclimat de la salle, et donc des économies conséquentes d’énergie, puisque seul la surface des caillebotis est chauffée », souligne Laurent Epaillard, technico-commercial Fournier. « Dans la salle, une consigne de 23 °C en début de post-sevrage est largement suffisante. » En revanche, la surface du caillebotis doit atteindre 30 °C à l’arrivée des porcelets. Particularité du système, la température se gère à partir d’une sonde située en sortie du circuit d’eau chaude. Le caillebotis béton possédant une grande inertie thermique, il faut compter 15 °C d’écart entre la température mesurée par la sonde et celle effective à la surface du caillebotis. « Nous visons généralement une température de 45 °C en sortie de circuit à l’entrée des porcelets. » Primé Innov’space en 2017, cet équipement a mis du temps avant de s’imposer comme une solution de gestion du chauffage alternative aux radiants, à l’air pulsé, aux chauffages à ailettes de type Spiraflex ou aux niches. Il est désormais reconnu comme un système particulièrement économe. « Dans un élevage équipé d’une chaudière au gaz, nous avons calculé un coût de chauffage de 0,44 euro par porcelet sorti, contre 1,10 euro par porcelet pour la référence Ifip (1) », indique Laurent Epaillard. « C’est aujourd’hui l’un des meilleurs produits en termes de rapport qualité-prix-simplicité », estime Étienne Roullier technicien bâtiment Cooperl. « Il permet également d’éviter des installations électriques dans la salle, et par conséquent limite les risques d’incendie. »

Chaudière au gaz propane

La chaudière à condensation (Asserva) fonctionne au gaz propane. Sa puissance (60 kW) a été calculée sur la base d’un besoin de 16 watts par porcelet. Elle produit de l’eau chaude à 55 °C, pour un objectif de 45 °C à l’entrée des salles. « Le propane est issu du raffinage du pétrole, son prix n’a pas flambé contrairement au gaz naturel », rappelle Jean-Luc Lehericey. « Par ailleurs, le rapport qualité-prix d’une chaudière au gaz à condensation est très bon. » Paradoxalement, dans ce bâtiment bien isolé et dont les besoins énergétiques sont peu élevés, des systèmes de production de biogaz de type Nénufar sont moins rentables que dans un bâtiment plus énergivore. L’élevage dispose cependant de fosses intermédiaires sur lesquelles ils pourront installer une couverture de captage du biogaz si la rentabilité du système s’améliore. Le coût total du bâtiment s’est monté à 590 000 euros (hors terrassement), soit 269 euros la place.

(1) Référence Ifip issue du guide BEBC calculée sur la base d’un besoin de 67 kW par place et par an en post-sevrage avec un chauffage rayonnant. En comptant 6,5 porcelets par an et par place, on arrive à une consommation de 10,3 kW par porcelet, soit 1,10 euro par porcelet pour un prix du kWh à 10 centimes d’euro par kWh.

Les fournisseurs

Maçonnerie : Lerétrif
Charpente : Rose
Caillebotis béton et chauffant : Fournier
Caillebotis plastique + aménagements : Calimat
Eau : Eau sûre
Chaudière, électricité, alimentation : ATS (Asserva)

Détail des investissements :

Lerétrif : 173 722 €
Rose : 185 178 €
Fournier : 49 329 €
Calimat : 76 555 €
Asserva : 107 402 €
Total : 592 186 €, soit 269 €/place, hors terrassement

Jean-Luc Lehericey SCEA Lehericey

« Un bâtiment où il fera bon travailler »

 

 
Jean-Luc Lehericey, SCEA Lehericey
Jean-Luc Lehericey, SCEA Lehericey © D. Poilvet
La simplicité de gestion du bâtiment a été un point essentiel dans notre réflexion afin d’avoir de bonnes conditions de tavail, tant pour nous que pour nos salariés. Des grandes salles facilitent le remplissage et le suivi des animaux. Des outils simples (ventilation, chauffage) limitent les risques de panne. Une conception des salles compatible avec l’utilisation d’un robot de lavage est désormais indispensable pour réduire la pénibilité du travail et attirer les salariés. Par ailleurs, nous avons choisi d’installer de grandes fenêtres pour avoir le plus de lumière naturelle possible.

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