Arrêt de la castration à vif : la pression monte
L’association d’éleveurs « pour le bien-être animal et la non castration » reste mobilisée au sujet de l’arrêté interdisant la castration à vif. Elle cherche à obtenir du Gouvernement qu’il mentionne que la castration ne peut être réalisée qu’après dérogation.
L’association d’éleveurs « pour le bien-être animal et la non castration » reste mobilisée au sujet de l’arrêté interdisant la castration à vif. Elle cherche à obtenir du Gouvernement qu’il mentionne que la castration ne peut être réalisée qu’après dérogation.
À quelques jours de la signature, par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, de l’instruction ministérielle qui précisera les modalités d’application du décret sur l’arrêt de la castration à vif des porcelets à compter du 1er janvier prochain, l’association d’éleveurs « pour le bien-être animal et la non castration » exhorte les éleveurs à écrire au Gouvernement pour que la non castration soit demain la règle et la castration avec anesthésie l’exception.
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Le courrier (voir pièce jointe ci-dessous) a été distribué à tous les éleveurs bretons, via l’Union des groupements, ont indiqué les dirigeants de l’association lors de son assemblée générale, le 1er juin dernier, à Lampaul-Guimiliau. « Nous espérons que 5 000 des 15 000 éleveurs français s’adresseront au ministre », précise Jean-Jacques Riou, président de l’association d’éleveurs principalement finistériens, adhérents d’Evel’Up, Eureden, Porc Armor Évolution, Porelia.
Ils demandent au ministre que son instruction « n’autorise la dérogation à l’arrêt de la castration des porcelets que si elle est indispensable et dans le cadre d’accords entre producteurs, groupements et abatteurs sous la responsabilité de vétérinaires mandataires de leur élevage ». Autrement dit, « pour des besoins spécifiques : labels rouges, fabrication de jambon sec, etc. », précise Jean-Jacques Riou, son président.
L’ancien président du Marché du Porc Breton et ses collègues au bureau savent que la partie est loin d’être gagnée. Cooperl mis à part -le mâle entier concerne plus de 80 % des 5,7 millions de cochons du groupe coopératif-, « nous sommes devant le mur des abattoirs, reconnaît Jean-Jacques Riou. C’est pourquoi nous avons besoin de l’aide du Gouvernement. Sans ça, ce sera compliqué. »
Pour l’association, le maintien de la castration même avec anesthésie limitera les efforts des producteurs engagés dans des démarches de progrès « bien-être animal » et les exposera à la vindicte d’associations welfaristes. Elle aura aussi un impact économique certain. Selon ses calculs, produire un mâle entier coûte 10 euros de moins qu’un castré. Son indice de consommation est plus bas de 0,15 en moyenne -gain de 5 euros par tête pour un aliment à 275 euros/tonne-, la plus-value technique meilleure (2,5 centimes/kilo ou 2 euros par porc) et la productivité supérieure (encore 2 euros par porc).
Sans oublier les coûts de l’anesthésie et de l’analgésie (1 à 2 euros par tête). « Si les abattoirs ne veulent que des cochons castrés, il faudra qu’ils rémunèrent les éleveurs des charges de l’anesthésie, mais aussi du manque à gagner », prévient Jean-Jacques Riou. Membre du bureau à ses côtés, l’éleveur Jean-Loup Le Gall craint qu’à terme, la filière porcine française ne doive reculer face à la concurrence du cochon entier d’importation meilleur marché, venant notamment d’Espagne.