[Phytosanitaires] Une tribune en Picardie contre la stigmatisation de l'agriculture et de la ruralité
Le journal l'Action Agricole Picarde s'alarme face à la diabolisation et à la stigmatisation du monde rural. La rédaction semble s'inquiéter de l'agribashing ambiant. Le titre a donc choisi une dernière une épurée, avec les simples mots "ils veulent notre peau !". Dans le journal picard, la profession agricole appelle "l'ensemble des acteurs à s'élever contre la destruction progressive de l'agriculture et à signer la tribune ci-dessous".
Le journal l'Action Agricole Picarde s'alarme face à la diabolisation et à la stigmatisation du monde rural. La rédaction semble s'inquiéter de l'agribashing ambiant. Le titre a donc choisi une dernière une épurée, avec les simples mots "ils veulent notre peau !". Dans le journal picard, la profession agricole appelle "l'ensemble des acteurs à s'élever contre la destruction progressive de l'agriculture et à signer la tribune ci-dessous".
Les organisations agricoles de la Somme veulent ainsi alerter dirigeants d'entreprises, maires et élus locaux, habitants et acteurs impliqués dans la vie du monde rural dans les dimensions économiques, sociales, associatives ou institutionnels. Ils réclament "une remise à plat totale de l'approche réglementaire des usages de produits de protection des plantes".
La profession agricole appelle l'ensemble des acteurs à s'élever contre la destruction progressive de l'agriculture et à signer la tribune ci-dessous (texte publiée initialement sur le site action-agricole-picarde.com :
"Les décrets et arrêtés interministériels de décembre 2019 causent un profond malaise et une grande inquiétude parmi les agriculteurs : d'un côté, ils entérinent des interdictions drastiques sur une part significative des surfaces agricoles et, de l'autre, ils souffrent de divergences d'analyse qui ne font qu'accroître les surfaces potentielles concernées. Enfin, plus préjudiciable encore, ils ne prennent pas en compte les propositions techniques des agriculteurs en matière de prévention des risques d'exposition des riverains, tout en les exposant davantage à un dénigrement aveugle de certains.
Ces décrets sont inutiles et inapplicables en l'état. Nous en demandons le retrait. Non pas pour ne pas se saisir d'un sujet sociétal, mais pour précisément y apporter une réponse équilibrée et durable.
La question de la coexistence des activités agricoles à proximité des zones habitées ou de circulation ne peut être réglée à coup de distance ou d'interdiction. D'autres moyens existent, et c'est précisément leur disparition qui a conduit la société à cette situation conflictuelle : les ruptures entre zones habitées et zones cultivées ont progressivement disparu au cours des dernières décennies. Les tours de ville ont été franchis par les nouvelles constructions qui sont venues au contact immédiat des champs. Les haies, les murs, les palissades, étaient autant d'éléments de rupture qui ne sont plus déployés dans les zones loties.
Les derniers textes de loi présentent des divergences d'analyse d'une administration à l'autre. Mais ils prévoient aussi des sanctions économiques, réglementaires et pénales pour les agriculteurs. Leur champ d'application peut s'élever selon les analyses à un septième de la surface agricole actuelle.
Il est possible d'améliorer par le matériel et la technique les conditions d'application des produits de protection des plantes, en agriculture conventionnelle ou biologique. Les agriculteurs y sont prêts, et ce, très rapidement. Les agriculteurs ont aussi en attente de situations d'aménagement territorial plus durables, mais cela n'est pas de leur seul ressort. Enfin, ils n'en peuvent plus d'être les boucs émissaires d'une société obnubilée par le fait médiatique, et qui détourne son regard des problématiques de fond. Leurs pratiques évoluent, en matière de rotation, d'élevage, de protection des plantes, de protection de l'environnement et de la ressource en eau, d'agriculture de conservation... Les agriculteurs sont dans un changement permanent depuis deux générations, mais avec la limite de la nature : les cycles naturels, végétaux ou animaux, se comptent en mois ou en années, et imposent le rythme.
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Toutes les attentes sociétales se caractérisent immédiatement par une contrainte ou une charge sur les agriculteurs, qui voient depuis quinze ans la rentabilité de leurs fermes disparaître, leurs revenus s'effondrer et leur image salie. Dans le même temps, les assiettes de nos concitoyens ne cessent de se remplir de produits d'importation pour lesquels les modes de production, les produits utilisés, la considération de l'animal n'ont rien à voir. Nous ne devons pas importer l'agriculture que nous ne voulons pas. Nous ne voulons pas voir, d'un côté, l'agriculture française détruite pas à pas et, de l'autre, accroître notre recours à cette agriculture mondialisée. La crise économique, morale et existentielle de l'agriculture française, des agriculteurs français, est réelle ; cette population est au bord de l'explosion, et chaque pas dans ce sens rapproche toute la profession d'un précipice.
Nous en demandons la suspension immédiate des derniers textes parus, pour permettre à l'État de tester des solutions simples de mise en oeuvre et efficaces dans la prévention, pour planifier le réaménagement des zones de rupture entre agriculture et habitat et réduire les zones de coexistence et, enfin, pour anticiper la prise en charge de ces coûts à charge de la société.
La réglementation est inapplicable en l'état et elle accélère la disparition d'une agriculture durable. Nous ne pouvons pas nous y résoudre et nous soutenons totalement les signaux d'alerte des agriculteurs. La méconnaissance, la diabolisation et la stigmatisation n'ont jamais été porteuses de solutions d'avenir dans notre monde. Nous pouvons encore agir."
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