Glyphosate
Agribashing : Champs oranges - des sentinelles aux allures de délateurs
Les « sentinelles de la nature » sont invités à dire stop aux champs oranges. Un appel à la délation inacceptable pour la FRSEA.
Les « sentinelles de la nature » sont invités à dire stop aux champs oranges. Un appel à la délation inacceptable pour la FRSEA.
En peinture et dans les arts graphiques, le orange est une couleur qui exprime la bonne humeur, l’optimisme et l’ouverture d’esprit. Pas sûr pourtant que le orange de cette histoire bretonne soit dans ce cadre bienveillant. Le tableau est un peu plus sombre. Petit éclairage sur cette histoire qui se passe du côté de Brest dans les colonnes de Ouest France.
Rubrique environnement et agriculture. Dans les jardins et les parcs municipaux, l’interdiction d’utiliser des herbicides est désormais en vigueur. Pour les professionnels, en revanche, ces produits sont autorisés. Les herbicides chimiques peuvent être appliquées sur les cultures dites en agriculture conventionnelle.
Dans la vaste liste de ces substances : le glyphosate. La France a décidé d’interdire son usage dans trois ans. Les professionnels cherchent des alternatives à ce désherbant très utilisé Mais pour le moment, pas de plan B satisfaisant pour les agriculteurs, ni techniquement, ni économiquement.
Beaucoup continuent donc à utiliser le glyphosate, notamment pour nettoyer les parcelles avant mise en culture. Entre 2017 et 2018, l’utilisation de l’herbicide total a augmenté de 10 à 12 %, assure Arnaud Clugery, directeur de l’Eau et rivières de Bretagne, dans le journal Ouest France. Un constat qui a mené l’association a lancer une opération sentinelles de la nature. Les citoyens qui observent une parcelle dont la végétation vire au orange brun sont invités à le signaler. Un site Internet a été mis en place pour recueillir les signalements de ces parcelles colorées, témoignage d’un désherbage au glyphosate.
« La chasse aux désherbants est ouverte, » constate ainsi Ouest France. L’opération « sentinelles de la nature » a démarré le 28 mars. Pour l’association à l’origine de l’initiative, il s’agit de mieux protéger les cours d’eau d’une « pollution invisible » en cartographiant les terres concernées. La carte viendra ensuite argumenter un courrier qui sera envoyé au Préfet de région.
Pour le citoyen, à l’appel de l’association, il s’agit donc d’être « témoin d’une pollution invisible ». Mais le risque est d’instaurer une ambiance de dénonciation de pratiques frauduleuses pour un appel à être témoin d’une pratique licite ?
Dans un communiqué du 29 mars, la FRSEA Bretagne dénonce « des méthodes de délation inacceptables » et un « climat délétère qui vise systématiquement ». Et le syndicat de s’interroger : « pourquoi ne pas dénoncer également son voisin qui trie mal ses déchets, ou celui qui prend un bain tous les jours au lieu d’une douche… ? »
Qui a dit que le orange était la couleur de la communication ?
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