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Gaec du Haut Charamel, Alpes-de-Haute-Provence
Une exploitation adaptée a l’élevage en moyenne montagne

À l’occasion d’une journée porte ouverte du réseau Inosys, élèves et techniciens se sont rendus dans l’exploitation de Joël et Marie-France Gallice afin d’en apprendre plus sur l’élevage en moyenne montagne.

À la mi-décembre dernière, les éleveurs des Alpes-de-Haute-Provence ont pu découvrir l’exploitation de Joël et Marie-France Gallice. Cette journée porte ouverte a aussi été l’occasion de faire un point sur les systèmes d’élevage en moyenne montagne. Joël Gallice s’est installé à La Bréole, non loin de Sisteron dans les Alpes-de-Haute-Provence, en 1996 après son bac et un BTS. Il a repris l’exploitation d’une personne qui partait à la retraite avec une troupe de 300 à 400 brebis et 50 hectares. Il était en Gaec avec son père de 1998 à 2008 jusqu’au départ à la retraite de ce dernier. Avec la loi qui permet aux époux de se mettre en Gaec, il s’installe avec sa femme Marie-France en 2013 qui quitte son métier d’aide-soignante pour travailler sur l’exploitation. La troupe, composée de 850 à 900 brebis Mérinos d’Arles, est stable depuis quelques années. L’exploitation fonctionne avec deux unités de main-d’œuvre qui se rémunèrent à hauteur de trois Smic environ chacun. Leur élevage est situé à 1 200 mètres d’altitude. Les animaux rentrent généralement en bergerie début décembre mais, cette année, en raison des bonnes conditions climatiques, ils sont encore en extérieur mi-décembre. Afin de simplifier le travail, le couple a installé une pince sur rail pour le foin et un distributeur automatique de concentrés dans la bergerie. Les luttes durent environ 1,5 mois. "Normalement, en trois semaines, toutes nos brebis sont pleines mais nous poussons pendant deux à trois semaines de plus afin d’en être sûrs".

Deux périodes d’agnelage

Un premier agnelage a lieu un peu avant début septembre avec 300 à 400 brebis pleines. Elles sont donc ramenées d’alpage autour du 20 août pour pâturer dans les parcelles attenantes à l’exploitation jusqu’aux mises bas. Les autres brebis reviennent pâturer autour de l’exploitation à partir de fin septembre. Les agneaux sont rentrés en bergerie à la Toussaint pour finir l’engraissement. Une deuxième période d'agnelage a lieu en mars. Il concerne 400 brebis et donne en général 600 agneaux. Les brebis mettent bas une fois par an. Les éleveurs ont essayé le système de trois agnelages en deux ans mais ce système n’était pas rentable pour les éleveurs "par rapport à la quantité de travail demandée". Pour l’hiver, un couloir d’alimentation a été installé dans la bergerie. Les brebis ressortent autour du 20 avril. Les brebis qui agnèlent en septembre ne sortent qu’à partir de mai afin qu’elles puissent passer au bélier avant d’aller pâturer. Les brebis qui ont agnelé au printemps sont laissées dehors jusqu’au premier juin. "Nous essayons de pousser au maximum afin de rentrer de gros agneaux et avoir plus de carcasses et ainsi faire des économies sur l’alimentation ". Les exploitants possèdent 12 hectares de céréale et 40 hectares de luzerne et 60 hectares de prairies naturelles qui leur permettent d’être autosuffisants en fourrages. Ils achètent juste du concentré pour les agneaux. L’exploitation est assez bien dimensionnée car les hectares cultivés leur permettent d’être autonomes en fourrage. Le coût de production est ainsi de 16 euros par agneau. Pour Jean-François Bataille de l’Institut de l’Élevage, cette autonomie en fourrage et le pâturage "sont essentiels en système montagnard afin de ne pas faire exploser les charges d’alimentation".

Croiser une race rustique et une race à viande pour plus de prolificité et plus de carcasse

L’engraissement en extérieur est en effet plus économe. La paille est à volonté à partir de l’âge de 15 jours pour les agneaux. Ils consomment environ 56 kilogrammes de fourrage. L’engraissement à l’extérieur permet de diminuer les charges en faisant des économies sur l’alimentation. À l’automne, les brebis pâturent sur des prairies déjà fauchées au moment de la fenaison. Les agnelages sont généralement assez courts. Les agnelles de renouvellement sont achetées au printemps à la coopérative. Les exploitants ont fait le choix du Mérinos d’Arles car c’est une race rustique facile à vivre et à entretenir avec une bonne prolificté d’environ 2,2. Mais ils ont décidé de faire des agneaux en croisant les brebis Mérinos avec des béliers Île de France, qu’ils achètent à l’extérieur pour une bonne génétique. Ce croisement permet ainsi de gagner en carcasse. Avec une prolificité de 1,20, les éleveurs vendent 1 000 agneaux par an. Les agneaux sont vendus en label rouge et le taux de labellisation est de 85 % en 2015 sur ceux présentés en label sachant que 94 % des agneaux sont présentés. La plus-value par kilo d’agneau vendu est de 33 centimes. Certains agneaux non labéllisés sont vendus en vente directe et d’autres en agneau de l’adret. Pour l’éleveur, "la proximité de l’abattoir et la possibilité de labellisation sont un vrai avantage pour la valorisation de ses agneaux tout en faisant la promotion d’un produit régional".

Il est important de bien suivre la mortalité avec des logiciels afin de trouver les leviers d’action ce que font les éleveurs depuis deux trois ans avec le logiciel Ovitel. L’éleveur "estime qu’il faut se donner les moyens de suivre correctement son troupeau". Les éleveurs n’ont pour le moment pas le projet d’augmenter leur productivité. Pour Jean-François Bataille, " les bons résultats de cette exploitation sont expliqués en partie par une bonne cohérence technique et économique".

Pousser le pâturage pour diminuer les charges alimentaires

Avis d'expert

"Produire de la carcasse et pas du gras"

"L’atout de cette exploitation tient en partie à une bonne génétique. En effet, le choix de croiser les mérinos avec des races à viande permet de produire de bons agneaux avec de bonnes carcasses mais pas trop gras non plus. Il était donc important de bien choisir ses béliers mais aussi de faire de la sélection sur les femelles ce que Joël et Marie-France font très bien. Ils font de la carcasse et pas du gras. Mais le couple pourrait augmenter sa productivité en vendant plus en période de fortes demandes mais ils ont décidé de ne pas le faire pour des questions d’organisation. De plus, ils arrivent à bien jouer sur leur marge afin de les augmenter sans refonder drastiquement leur système de production."

Chiffres clés

2 UMO
3 Smic par UMO
850 à 900 brebis
1 000 agneaux vendus par an
41 kg de poids moyen des agneaux mâles
35 kg de poids moyens des femelles
85,2 % de taux de labellisation en agneau label rouge de Sisteron
1,20 de prolificité
33 centimes de plus-value

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