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Un jour avec Sylvie Boizet, technicienne ovine en coopérative

Sylvie Boizet est technicienne ovine à la coopérative Les Bergers du Nord-Est depuis 30 ans. Nous l’accompagnons pour une tournée dans l’Oise.

 © B. Morel
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9 h

 

 
 © B. Morel
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La tournée de Sylvie Boizet commence par l’élevage d’un sélectionneur en brebis Île-de-France pour répondre à une demande d’un adhérent de la coopérative qui cherche trois béliers pour son troupeau. C’est la coopérative qui achète et revend les reproducteurs. Elle est donc responsable de la qualité des animaux vendus et des éventuels accidents qui pourraient se produire. L’acheteur a fait part des critères qu’il voulait retrouver chez les béliers, à savoir des améliorateurs en lait et prolificité. Sylvie vérifie d’abord les valeurs de ces deux points lors d’un premier passage des béliers dans le couloir de contention, tout en palpant les épaules et la musculature. Elle fait un premier tri puis repère les béliers les plus homogènes. « Les indicateurs chiffrés sont importants, mais je choisis aussi en fonction de l’apparence de l’animal, de son développement musculaire et graisseux, de ses aplombs et de ses gigots », explique la technicienne. Une fois le choix définitif réalisé, elle fixe avec l’éleveur vendeur une date pour revenir avec une bétaillère pour emmener les mâles chez l’acheteur, dans la Marne.

 

10 h 40

 

 
 © B. Morel
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Sylvie Boizet se rend ensuite sur l’exploitation d’Angéline Pierra, qui s’est installée en mars 2019. La visite n’a pas de but particulier, si ce n’est faire un point sur les avancées de l’élevage depuis le dernier passage de la technicienne. « On parle un peu de tout et, si j’ai un problème ou une question, Sylvie a généralement une réponse à me donner », explique la jeune éleveuse de 23 ans. Elle revient sur un épisode d’acétonémie qui a impacté plusieurs de ses agnelles. Sylvie a préconisé l’apport d’un oligoprotecteur dans la ration pour lutter contre l’apparition d’œdèmes aux pattes qui empêchaient les animaux de s’alimenter correctement. Elle a demandé l’avis du vétérinaire de la coopérative afin d’être sûre de son diagnostic et du remède. En faisant le tour de la bergerie, Sylvie note que des agneaux semblent bientôt finis et prévoit avec l’éleveuse une collecte de cinq d’entre eux dans 15 jours.

 

12 h

 

 
 © B. Morel
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Les approvisionnements des élevages en matériel de contention, en produits médicamenteux, en poudre de lait et compléments minéraux, en tétines de louve et autre équipement d’élevage ovin sont réalisés par Sylvie quand elle le peut. « Je fonctionne beaucoup par téléphone et par SMS. Je préviens les éleveurs quand je passe à proximité de leurs élevages et eux me disent de quoi ils ont besoin. » En plus de sa camionnette, Sylvie peut utiliser une remorque pour le gros matériel. Chez Angéline, c’était de la poudre de lait alors que pour le troisième élevage de la journée, Sylvie livre des doses de vaccin contre l’entérotoxémie. Hippolyte Desmarest élève 380 brebis et agnelles en système bergerie intégrale, il a repris l’exploitation à la suite de son père en 2009. « À chacune de mes visites, nous essayons d’améliorer les performances de l’élevage », explique Sylvie. « J’avais des pertes causées par des déséquilibres alimentaires, poursuit l’éleveur. Nous avons retravaillé la ration, ajouté un complément minéral et Sylvie m’a conseillé d’apporter de l’argile pour les agneaux, qui augmente le pH du rumen et permet de lutter contre la coccidiose. »

 

14 h

 

 
 © B. Morel
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« Nous offrons un service complet, l’éleveur peut passer par nous de A à Z pour la gestion et le suivi de son exploitation », explique Sylvie Boizet. En plus de son regard technique et sanitaire sur l’élevage, la technicienne joue un rôle dans l’administration des élevages. « Je fais le montage des dossiers avec les éleveurs. Cela peut être leur certification qualité, le dossier label, la gestion technico-économique, le dossier génétique, les subventions, etc. » Cela influe largement sur le temps qu’elle passe par visite. Pour une simple livraison, elle compte quelques minutes, contre une heure pour faire le tour de l’élevage et échanger avec l’éleveur. Pour le montage des dossiers, elle compte facilement deux heures voire plus. Une fois au chaud dans le bureau de l’éleveur, les langues se délient et la discussion dévie plus facilement sur l’actualité, sur le contexte économique, les craintes et les attentes des éleveurs. « Je reçois toutes les semaines un briefing sur le marché de l’agneau », détaille Sylvie. Elle apporte ces dernières infos aux éleveurs, passe des mises en garde sanitaires, « on note un retour de Schmallenberg en ce moment ». Elle s’appuie aussi sur l’expertise des éleveurs qui ont pour certains des fonctions dans les organisations agricoles. C’est alors l’occasion de faire le point sur l’attribution des financements publics.

 

16 h

 

 
 © B. Morel
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Le métier de technicienne ovine est un atout pour Sylvie qui apprécie le contact privilégié qu’elle noue avec les éleveurs. « Il est plaisant de suivre un projet pendant plusieurs années, de voir l’exploitation et les pratiques évoluer. Il faut savoir être à l’écoute des besoins et des questionnements et essayer d’avoir toujours une réponse, au moins provisoire avant de trouver une solution pérenne. » Les échanges dépassent bien souvent la sphère strictement professionnelle, Sylvie est proche de ses clients et parvient à s’adapter au profil de chacun. Elle a conscience de l’importance de son rôle et réalise autour de six visites par an par élevage. Ce métier lui permet de passer le plus clair de son temps en extérieur, elle qui ne va au bureau qu’une demi-journée par semaine. Elle parcourt environ 500 kilomètres par jour et plus de 40 000 par an. Pendant la période creuse de juin-juillet-août, elle remplace ses collègues à leurs différents postes. En effet, forte de ses 30 ans d’expérience aux Bergers du Nord-Est, elle est capable d’endosser tous les métiers de la coopérative, de l’administratif à la qualité, en passant par le classement des agneaux à l’abattoir.

 

Curriculum

BTS Productions animales
Entrée au Bergers du Nord-Est en 1988
Technicienne ovine sur les départements de l’Aisne et de l’Oise, 30 ans d’expérience à son poste

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