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Un bâtiment tout confort pour les brebis corses

Au Sud-Ouest de la Corse, les brebis laitières de Sarah Cerruti et Gabrielle et Jean-Pierre Mallaroni ont troqué leurs tunnels contre un nouveau bâtiment fonctionnel.

Depuis son installation en 2003, Jean-Pierre Mallaroni a investi progressivement dans son élevage. Depuis trois ans, c’est une vaste bergerie de 840 m² qui abrite les 400 brebis de races corses et la salle de traite. Ce bâtiment en parpaing avec bardage en bois et charpente métallique dénote un peu par rapport aux autres bergeries corses, parfois construites de bric et de broc. Ici, la bergerie remplace les tunnels où la place manquait au râtelier pour nourrir toutes les brebis.

Trois aires paillées de 240 m² et deux fois 140 m2 sont séparées par deux couloirs bétonnés de 3,5 mètres de large. Jean-Pierre Mallaroni, ou l’une de ses deux associées, peuvent ainsi passer facilement avec la dérouleuse-pailleuse attelée au tracteur. Pour les plans, l’éleveur, qui a été professeur au lycée agricole de Sartène pendant six ans, s’est inspiré de ceux du site internet de l’Institut de l’Élevage ainsi que de ses voyages au pays basque ou au lycée de Saint-Affrique dans l’Aveyron. Il n’a cependant pas voulu installer de tapis d’alimentation car la machine viendrait du continent et toute la maintenance aussi…

L’élevage a subi les contrecoups de la FCO

La salle de traite mobile de 24 postes et 24 places est abritée sous un auvent fermé de 108 m² longeant l’aire paillée. « Avec plus d’espace en salle de traite, les brebis attendent au sec et la traite est plus confortable » apprécie Sarah Cerruti, une des associées, qui observe qu’il y a maintenant moins de mammites que quand la traite était dehors. D’ailleurs, les brebis à mammite ne sont plus soignées mais directement reformées car « elles ne récupèrent jamais vraiment bien ». Pendant deux ans, l’élevage a subi les contrecoups de la FCO avec des pertes en brebis et en lait. Ils n’ont ainsi produit que 53 000 litres de lait en 2013 contre 63 000 à 67 000 litres d’habitude. Idem en 2014-2015 où la lactation n’a pas dépassé 54 000 litres avec 380 brebis au départ. « Depuis l’an dernier, ça fait plaisir de revoir du lait ». En effet, 70 000 litres de lait ont été produits en 2015-2016. "Il semble que la vaccination contre la FCO ait été efficace puisqu’il y a toujours une circulation virale observée". Environ 40 000 litres de lait sont transformés en tommes sartenaises dans une fromagerie en cours de finition. Le reste du lait est vendu à la fromagerie Ottavi.

Deux à trois coupes de foin grâce à l’irrigation

Les brebis sortent tous les jours sauf pendant la période des mises bas. Pendant l’été, souvent chaud ici, elles restent à l’intérieur de 10 h à 17 h mais sont lâchées le soir. Le bâtiment étant un peu isolé et bien ventilé, il n’y fait pas moins chaud que sous les chênes-lièges.

Soucieux de renforcer l’autonomie fourragère de l’exploitation, les éleveurs essaient différentes associations comme la luzerne-moha. Ils ont aussi semé les prairies avec un mélange sarde à base de dactyle, trèfle blanc, ray-grass et trèfle violet. Grâce à l’irrigation au printemps et en été, ils peuvent réaliser 2 à 3 coupes de foin par an. Mais l’irrigation coûte en moyenne 400 euros par hectare. « Ce sont des tarifs acceptables pour l’arboriculture ou même le maïs, observe Jean-Pierre Mallaroni, mais cela reste cher pour produire du fourrage. »

Combien ça coûte ?

Un bâtiment subventionné à 70 %

Ce bâtiment de 230 000 euros a été subventionné à 70 % par l’Odarc, l’Office du développement agricole et rural de corse. « Ce niveau de subvention est la seule possibilité pour aider les bergers à moderniser leurs exploitations, observe Jean-Pierre Mallaroni. Ces efforts financiers de la collectivité permettent de soutenir les activités pastorales tout en assurant l’emploi local. » La charpente a été confiée à une entreprise sarde, le terrassement, la maçonnerie et le béton à des entreprises locales et les associés n’ont réalisé que la plomberie et les barrières en bois.

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