Salon de l’agriculture : ce qu'il s'est passé chez les ovins ?
Du 24 février au 3 mars, le Salon international de l’agriculture a ouvert ses portes au Parc des expositions de Versailles. Une 60e édition mouvementée, où les éleveurs ovins ont tenté de faire passer les messages les plus urgents.
Du 24 février au 3 mars, le Salon international de l’agriculture a ouvert ses portes au Parc des expositions de Versailles. Une 60e édition mouvementée, où les éleveurs ovins ont tenté de faire passer les messages les plus urgents.
« Les éleveurs ovins et les caprins semblent être complètement oubliés des pouvoirs publics. » L’indignation est forte chez les éleveurs de petits ruminants lors de leurs retrouvailles annuelles à l’occasion du Salon international de l’agriculture. Michèle Boudoin, la présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), interpelle son auditoire : « Les annonces gouvernementales qui font suite à la mobilisation des agriculteurs en ce début d’année font abstraction des productions ovines et caprines. Pourtant, ce sont nos filières qui affichent le meilleur taux de renouvellement, n’y aurait-il pas une attention toute particulière à y porter ? » Éleveuse de brebis Rava dans le Puy-de-Dôme, Michèle Boudoin insiste sur le risque d’effondrement d’un « grand pan de l’économie rurale si les élevages ovins et caprins disparaissent. »
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Les problématiques auxquelles fait face l’élevage ovin ne manquent pas, et le Salon international de l’agriculture est un moment privilégié d’échanges entre pouvoirs publics et éleveurs. Les éleveurs, soutenus par les élus des départements alpins, ont à nouveau alerté sur la question de la prédation du loup (voir page 12). Frédéric Gontard, président de la fédération départementale ovine de la Drôme, souligne : « Il y a d’un côté les statistiques de la prédation, qui ne montrent pas d’amélioration. Mais il y a aussi le ressenti sur le terrain : nous sommes sans arrêt sur le qui-vive, toujours en stress d’une attaque. Quel autre corps de métier serait d’accord de voir quotidiennement et constamment son travail mis à bas ? ».
Une intense préparation aux concours
Sur le volet production, Jean-Paul Rault, président de Races de France et éleveur de moutons vendéens, rappelle le besoin de gain de productivité de la filière ovin viande avec « le développement de la génétique en élevage et une meilleure communication entre organismes de sélection (OS) et éleveurs. Il est primordial de faire plus d’agneaux, pour rattraper le retard français sur l’autosuffisance. » Il rappelle la création de l’entité Agora, qui rassemble quasiment tous les OS pour traiter des sujets transversaux.
La sélection ovine est toujours bien mise en valeur tout au long du Salon de l’Agriculture, avec une dizaine de concours de races. Stéphanie Talon est éleveuse avec son époux de moutons vendéens. « La préparation au concours se fait bien en amont. Sur l’élevage, on va distribuer une ration augmentée dans les jours qui précèdent le départ pour Paris, car les béliers perdent toujours un peu d’état sur les salons à cause du stress et du changement d’alimentation. » Elle lave la laine et passe ses béliers au Kärcher pour enlever la plupart des souillures. « On leur apprend à marcher en laisse », ajoute-t-elle, souriante.
Ne pas toucher les animaux !
Deux heures avant la présentation de l’animal sur le ring, les éleveurs commencent le brossage. « Les litières du salon sont particulièrement épaisses, donc il faut du temps pour enlever toute la paille prise dans la toison, à la brosse puis aux forces pour couper tous les brins de laine qui dépassent. » La hantise des éleveurs ? Les visiteurs qui caressent les animaux (malgré les interdictions signalées un peu partout dans le grand hall). « On est particulièrement vigilant sur la présentation des gigots et comme par hasard, c’est ici que les gens touchent souvent les moutons… », soupire Stéphanie.
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Outre les concours de génétique, la désormais traditionnelle vente aux enchères d’agneaux, organisée par l’association de défense et de promotion de l’agneau du Poitou (ADPAP) a mis en valeur six lots de trois agneaux. La plus haute vente s’établit à 3 200 euros, remportée par le supermarché E. Leclerc de Chinon. Kévin Siccard, installé depuis un an et demi dans la Vienne, remporte le pactole. « Voilà ce que l’on sait faire à la maison ! », s’exclame le jeune éleveur de 630 brebis Mouton vendéen.