Pratiques d´éleveurs
Retarder la mise en lutte des agnelles à plus d´un an
Une étude récente a précisé les conséquences d´une première mise à la reproduction des agnelles à l´âge de 15 mois. En résumé, si cette pratique permet un meilleur confort de travail, elle se traduit par une diminution de la marge brute !
Une étude récente a précisé les conséquences d´une première mise à la reproduction des agnelles à l´âge de 15 mois. En résumé, si cette pratique permet un meilleur confort de travail, elle se traduit par une diminution de la marge brute !
La pratique, par ailleurs peu développée, qui consiste à ne pas mettre en lutte les agnelles au cours de la première année se rencontre essentiellement dans les systèmes herbagers. Une mise à la reproduction dès l´âge de 8-9 mois entraîne en effet de nombreuses contraintes qui ne participent pas à simplifier le travail. L´obligation d´obtenir des agnelles suffisamment développées impose l´apport de concentré au pâturage du sevrage à la fin de la lutte. De plus, cette pratique produit, dans la grande majorité des cas, une période d´agnelage supplémentaire, après celles des brebis adultes. Les mises bas sont de surcroît plus exigeantes en main-d´oeuvre avec des interventions plus nombreuses. Les résultats de reproduction des agnelles et les croissances de leurs agneaux restent en deçà de ceux des adultes du même type génétique.
L´objectif de cette étude réalisée par le Ciirpo, sur le site du Mourier, était d´évaluer les conséquences d´une mise à la reproduction à plus d´un an, à la fois sur les performances et les résultats économiques du troupeau.
Une mise à la reproduction des agnelles à plus d´un an se traduit par une diminution de la marge brute de l´ordre de 9 euros par brebis. ©DR |
Des agnelles plus productives
De 1995 à 2006, chaque année environ 40 agnelles de race Mouton Vendéen nées au printemps (en mars) et mises à la reproduction au 15 juin de l´année suivante ont été suivies tout au long de leur carrière. Les conclusions de cette étude montrent que ce type de conduite participe effectivement à une simplification du travail.
De plus, les agnelles luttées à 15 mois se sont révélées nettement plus productives à la première mise en lutte. En moyenne, une agnelle a produit 1,3 agneau, soit 0,4 agneau de plus que dans le cadre d´une mise en lutte précoce. Autre bon point : elles se sont montrées nettement plus laitières, allaitant sans problème deux agneaux si nécessaire avec des niveaux de croissance équivalents à ceux des agneaux des brebis adultes.
Ce mode de conduite n´a pas eu d´effet sur l´âge à la réforme des brebis, ni sur le taux de renouvellement du troupeau. Par rapport à une mise en lutte à 9 mois, les agnelles mises à la reproduction à plus d´un an ont produit moins d´agneaux sur leur carrière. L´écart se situe à 0,7 agnelage par brebis par rapport à une conduite classique. Cela s´est traduit par une diminution de la marge brute de l´ordre de 9 euros par brebis. Cet indéniable confort de travail, parfois imposé par le type génétique, a donc un coût ! Car même dans le cadre d´une conduite économe, basée essentiellement sur de l´herbe pâturée, maintenir des femelles improductives, ne serait-ce que quelques mois, participe à une diminution du revenu.
Ciirpo/Institut de l´élevage
Tél. : 05 55 00 63 72.
Laurence.sagot@idele.fr