Remettre l’abattage au centre de l’élevage
Le bien-être des animaux est aussi une préoccupation des éleveurs qui passent du temps à les élever et qui souhaitent qu’ils meurent dans la dignité. Un collectif militant pour l’abattage à la ferme a été créé en 2015.
La vie et la mort des animaux sont une problématique qui concerne de près les éleveurs. Certains, suite à la polémique qui a touché les abattoirs, ont aussi décidé de militer pour une mort digne des animaux. Le collectif "Quand l’abattoir vient à la ferme" milite en ce sens en faisant la promotion des abattoirs mobiles et de l’abattage à la ferme. Le collectif est né à l’automne 2015, à l’initiative de Jocelyne Porcher, directeur de recherches à l’Inra, et de Stéphane Dinard, éleveur de bovins en Dordogne. Ce collectif entend répondre à un constat simple : de plus en plus de petits éleveurs refusent que la mort de leurs animaux ne se termine à l’abattoir et revendiquent le droit d’abattre leurs bêtes à la ferme. Le collectif a pour objectif de " remettre l’abattage au centre de l’élevage dans la relation de l’éleveur avec l’animal".
L214 n’a pas le monopole de la protection animale
Pour la chercheuse, il est important de donner une autre image de l’abattage et de l’élevage que celle véhiculée par des associations comme L214. Qui selon elle "n’a pas le monopole de la protection animale et le souci du bien-être animal". En 2015, le collectif a même déposé un projet Casdar afin d’obtenir un financement d’un petit abattoir mobile sous forme de camionnette. Le projet a été refusé et le collectif cherche donc actuellement d’autres sources de financement. Pour Jocelyne Porcher, il est important de communiquer et de "mobiliser les consommateurs et les politiques pour faire la promotion de l’abattage mobile". Le collectif va donc à la rencontre des consommateurs sensibles pour trouver des financements et les impliquer aussi dans l’élevage. Mais pour lancer ce projet il faudrait aussi obtenir une dérogation de la part de l’État. "Une démarche qui risque de prendre du temps et nécessitera le changement des mentalités".
Le choix suédois pour Franck Ribière
La société "Le bœuf étique", dirigée par Franck Ribière, a pour objectif de développer une filière intégrant tout le processus de production « de l’étable à la table » autour d’un objectif de prix, de qualité et de bien-être animal. Elle a donc conclu un partenariat avec la société suédoise Hälsingestintan qui a développé et mis en service un abattoir ambulant capable de traiter six bœufs à l’heure et 55 par jour de manière totalement autonome. Franck Ribière a été auditionné lors de l’enquête menée par la commission d’enquête en 2016. Il a pu présenter le fonctionnement de cet abattoir qui se veut le plus possible respectueux du bien-être animal et qui répond aux normes sanitaires européennes. Cette unité mobile qui se déplace à la ferme permettrait ainsi à l’abattoir, à l’éleveur et aux services vétérinaires de travailler ensemble à respecter le plus possible le bien-être animal dans un objectif éthique mais aussi de qualité de la viande. Elle devrait être fonctionnelle en 2017.
Le saviez-vous
Un outil d’abattage mobile présenté par l’Inra en 2005
En 2005, Jocelyne Porcher, en collaboration avec Éric Daru, avait déjà présenté un concept de camion à double fonctionnalité. Ce camion, dont le modèle à été déposée par l’Inra, associe un module de transport d’animaux à un module d’abattage des animaux à la ferme.