Séminaire de prospective
A quoi ressemblera l'élevage ovin en 2025 ?
Techniciens et professionnels de la filière ovin viande du Massif Central étaient réunis les 16 et 17 décembre à Moulins, dans l'Allier, pour réfléchir à l'avenir de l'élevage ovin.
Quel sera l’avenir de l’élevage ovin à l’horizon 2025 ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre 70 techniciens et professionnels de la filière ovin viande du Massif Central, les 16 et 17 décembre dernier à Moulins, dans l’Allier. Ce séminaire de réflexion et de prospective était organisé à l’initiative du Ciirpo (Centre interrégional d'information et de recherche en production ovine), en collaboration avec l’UMT productions allaitantes et systèmes fourragers. Des facteurs clés qui pourront influencer l’avenir des filières ont été identifiés dans un premier temps de réflexion. Ensuite, des ateliers menés en petits groupes ont mis en évidence les challenges qui attendent les éleveurs ovins pour demain.
Evidemment, les performances technico-économiques des élevages étaient au cœur des débats, mais aussi la place grandissante de l’environnement, l’influence du contexte économique mondial et du changement climatique. Si aujourd’hui, l’élevage ovin bénéficie d’une embellie avec le rééquilibrage et des prix corrects, plus une certaine dynamique de filière, la population d’éleveurs reste vieillissante et le renouvellement est nécessaire. La question de la formation, qu’elle soit continue ou initiale, a été largement abordée. La reconquête technique est en marche, mais formation et communication doivent encore mobiliser davantage les acteurs. Par exemple, comment faire pour remettre l’ovin au programme des lycées agricoles ?
La baisse voire la rupture des politiques publiques et des aides a aussi été évoquée, ainsi que la volatilité des prix et l’augmentation des coûts des intrants. « A la diminution des soutiens publics s’ajouteront les exigences du monde qui nous entoure au niveau sanitaire et au niveau de l’image », note Jacques Lucbert, de l’institut de l’élevage. Au niveau des produits, les terrains à conquérir ne manquent pas, comme les jeunes, le marché halal, le marché local. « Et il y a encore du travail au niveau de la réorganisation de la production car on évolue vers une concentration des acheteurs » poursuit Jacques Lucbert. Il faut donner envie aux consommateurs de manger de l’agneau. « On doit maintenant partir du produit pour arriver vers la production et non l’inverse. ».
La question environnementale semble aussi être au cœur de l’avenir de l’élevage. Frédéric Noizet, responsable professionnel et président de séance pense que « la profession ovine est bien placée dans le domaine. Il faut que les éleveurs et les techniciens s’approprient cette question, en faisant évoluer les pratiques et en intégrant ce volet environnemental dans les approches technico-économiques ». Peut-être y a t il de nouveaux métiers à créer ? L’attractivité du métier, le travail et aussi la passion sont des éléments à mettre également dans la balance. « Il faut que les éleveurs soient heureux dans leur métier, qu’ils aient du revenu » a conclu Jacques Lucbert.
« L’avenir est aux mains des techniciens, à condition de leur laisser le temps pour se former » estime Frédéric Noizet. Ces deux jours ont conclu un programme réalisé dans le cadre de la convention interrégionale Massif, bénéficiant du soutien financier des Conseils régionaux du Limousin et de l’Auvergne, de l’Europe, de FranceAgriMer et du ministère de l’Agriculture. Une seconde étape doit conduire à préciser les orientations possibles des systèmes de production ovine à court et moyen termes afin de mieux anticiper les nécessaires adaptations au nouveau contexte qui se dessine et à définir les besoins correspondants en matière de références (techniques, économiques, systèmes de production) et de développement d’études.