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Prévenir et guérir en période d’agnelage

Une bonne période d’agnelage est une période bien anticipée. Avoir le matériel nécessaire prêt, savoir quand intervenir et connaître les premiers gestes en cas de problème est déterminant alors que chaque minute compte en ces moments où la charge de travail est lourde.

Pour éviter de contaminer et de blesser ses brebis, il faut évaluer la nécessité d’intervenir et utiliser du gel lubrifiant. D’après Éric Belleau, vétérinaire au GDS du Vaucluse, on peut attendre environ 45 minutes après la perte des eaux (1 h pour les agnelles) avant d’intervenir. Exceptions faites dans le cas où il y a eu des pertes malodorantes, si seul le museau de l’agneau est sorti, si les onglons sont visibles sans effort de la brebis, si les contractions ne font pas sortir la première poche, ou si le placenta sort en premier sans l’agneau. Lors des agnelages doubles, il est fréquent que la mère ne fasse pas sortir l’un des deux agneaux assez tôt de sa poche, entraînant sa mort par suffocation. L’intervention lors des agnelages peut être source de contamination pour l’opérateur (fièvre Q, gangrène…) à l’introduction des mains dans le bassin des brebis. Les gestes à adopter sont donc de se laver les mains et d’utiliser des gants à usage unique avant d’intervenir. Un point d’eau avec du savon, et des gants, doit donc être accessible depuis la zone d’agnelage.

Dans tous les cas, à la naissance des agneaux il faut les dégager de leur poche, libérer leur nez et leur bouche souvent encombrés par du mucus. Le cordon ombilical doit être sectionné à quelques centimètres du nombril de l’agneau, et il doit surtout être trempé dans de la teinture d’iode car c’est un point d’entrée privilégié pour les germes causant des omphalites pouvant se compliquer en péritonite, puis en abcès dans le foie et en arthrites. “Il ne faut pas hésiter à suspendre les agneaux nés en position postérieure par les pattes arrière et effectuer un lent mouvement de balancier afin de stimuler l’afflux sanguin vers le cerveau” assure le vétérinaire. Les agneaux peu vigoureux peuvent également être stimulés par de l’eau froide sur la nuque, ou en piquant leurs narines avec une paille. En cas d’arrêt cardiaque, le massage cardiaque peut être effectué directement par l’éleveur, mais il faut appliquer les bons gestes, indique Éric Belleau “on voit souvent des éleveurs qui mettent l’agneau sur le côté et appuient sur la cage thoracique comme on le ferait sur un humain, mais pour un agneau, il faut le mettre sur le ventre et appuyer doucement sur les deux côtés simultanément”.

La période d’agnelage est aussi alourdie par les mises bas compliquées et les avortements. Ces derniers peuvent être dus à un manque de vigueur de l’agneau, un manque d’instinct maternel de la brebis, à une complication lors de la mise bas (retournement de matrice par exemple), ou à une maladie abortive. En cas d’avortement, il faut isoler les femelles qui ont avorté pendant la durée des écoulements vaginaux afin que les autres animaux n’entrent pas en contact avec elles. Dans le même but, la litière souillée est éliminée, tous les produits d’avortement (fœtus et placenta) doivent être ramassés, conservés dans un contenant fermé puis soumis à analyse au vétérinaire traitant. “Les maladies causant les avortements sont le plus souvent la fièvre Q, la chlamydiose, la toxoplasmose et la salmonellose”, indique Pierre Autef, vétérinaire à Bellac (Haute-Vienne). Lorsque le résultat est positif, nous proposons un plan de vaccination adapté à la maladie dépistée, à la conduite sanitaire de l’élevage ainsi qu’à chaque budget. Dans certaines situations nous effectuons un devis hiérarchisant les vaccinations selon ce qui est le plus utile pour chaque exploitation, surtout dans le cas où un troupeau est touché par plusieurs germes pathogènes.”

Le saviez-vous ?

La déclaration des avortements au vétérinaire sanitaire est obligatoire dans le cadre de la surveillance brucellose à partir de trois avortements sur une période de sept jours ou moins en élevage ovin, elle est prise en charge par l’État.
La recherche des causes se fait à partir de prélèvement effectué par le vétérinaire et le GDS peut prendre en charge certaines analyses lors d’avortements en série (diagnostic différentiel).

Organiser en amont ses agnelages

Pour Luc Raymond, éleveur de 800 brebis en sélection de Mérinos dans le Vaucluse, les agnelages, cela ne s’improvise pas. En effet, ses brebis et agnelles sont réparties selon trois périodes de mise bas de 20 jours. Cela commence par les agnelles en mars, les brebis pure race en octobre, et en janvier (période de creux pour les travaux des champs), ce sont des brebis saillies par des béliers Île-de-France doubles Booroola qui mettent bas. “Ces brebis sont échographiées, ce qui permet de dénombrer les agneaux et de s’organiser en conséquence, indique l’éleveur, nous pouvons anticiper un peu les adoptions et l’alimentation des brebis est ajustée. Les brebis triples sont rentrées de transhumance un mois avant les autres, elles ne sortent plus et bénéficient d’aliment à volonté jusqu’à la mise bas.” Les lots ne doivent pas dépasser les 100 mères, sinon cela favorise l’apparition des mammites à cause des agneaux dont la mère a peu de lait qui vont en chercher chez les autres brebis. Les mères mettent bas dans des cases d’agnelage, qui ne disposent pas d’un système d’abreuvement automatique. Ainsi, amener l’eau est une occasion de plus pour l’éleveur de surveiller l’état de chaque animal. Concernant les béliers, les fournisseurs sont toujours les mêmes, l’OS pour les Mérinos et la coopérative pour les Île-de-France, en privilégiant les béliers doubles ARR (gène contre la tremblante). Les béliers sont achetés puis isolés par groupe de trois 40 jours pendant lesquels la gale et le piétin sont surveillés. Malgré toutes les précautions prises, les germes peuvent toujours effectuer des dégâts. Luc Raymond revient sur une expérience peu plaisante deux ans en arrière : “nous avons eu des soucis de salmonellose, provoquant des avortements et la mort des mères. Quand les analyses des avortons ont révélé la présence de salmonelle nous avons consulté notre vétérinaire, qui nous a indiqué que nos brebis allaient s’immuniser et que le vaccin n’était pas nécessaire à court terme. Cette année, cela va beaucoup mieux, heureusement.”

Une pharmacie bien préparée

Toujours avoir à portée de main :

Désinfectant

Eau de javel

Thermomètre

Compresses stériles

Aiguilles et seringues à usage unique

Gants jetables

Bandes plâtrées

Répulsif à mouches

Pince à épiler

Couteau

Pessaire ou harnais

Antibiotique retard

Anti-inflammatoires

Bombe cicatrisante

Pommade oculaire

Scalpel

Spécial agnelage

Cordelettes, lasso d’agnelage

Pélican pour sonder un agneau

Lampe chauffante

Peson

Anneau de gomme avec pince pour l’étiquetage

Biberons et tétines

Gel obstétrical

Oblets gynécologiques

Sérum physiologique glucosé 5 %

Antibiotiques à base de pénicilline et d’oxytétracycline

Soluté calcique

Teinture d’iode

Pâte antiseptique pour la pose de boucle

Colostrum

Sélénium

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