VIDEO - Pourquoi intégrer des zones humides dans le parcours de ses ovins ?
La fédération des conservatoires des espaces naturels de France s’est penchée sur les atouts et synergie de l’élevage de ruminants en zone humide. Avec une série de webinaire donnant la parole aux éleveurs, différents aspects du pâturage en milieux humides ont été abordés.
La fédération des conservatoires des espaces naturels de France s’est penchée sur les atouts et synergie de l’élevage de ruminants en zone humide. Avec une série de webinaire donnant la parole aux éleveurs, différents aspects du pâturage en milieux humides ont été abordés.
La fédération des conservatoires des espaces naturels (CEN) anime depuis dix ans le réseau d’acteurs zones humides dans le cadre du plan Loire grandeur nature. Ce plan prévoit des rencontres, échanges, journées thématiques et des webinaires pour permettre aux acteurs de témoigner de leurs actions. En 2023, la thématique « Zones humides et élevage » a été retenue pour les quatre webinaires techniques. Cédric Chapelier est éleveur de 480 brebis solognotes. Son système est en plein air intégral, soit sur ses parcelles soit en bords de Loire. Les agneaux sont vendus en boucherie avec un croisement terminal en suffolk.
« Le pâturage se fait en semi-dynamique, les parcs durent en moyenne une semaine pour maintenir une bonne pression de pâturage, pour parvenir à la réouverture des milieux tout en garantissant une bonne qualité alimentaire pour les bêtes et valoriser au maximum la ressource en herbe », explique l’éleveur du Loiret. La majeure partie du foncier est en bordure de la Loire, mais l’éleveur peut également faire des prestations d’écopâturage pour des entreprises et du pâturage sur des centrales photovoltaïques. Le partenariat avec le CEN permet un accès à titre gracieux sur tout le foncier des bords de Loire, une grande aide selon l’éleveur. « Seul bémol, les toisons des brebis sont davantage souillées du fait du pâturage toute l’année et en zone humide. Vu la valorisation de la laine aujourd’hui ce n’est pas un gros problème. » L’éleveur n’a aucun recours à la mécanisation et toute l’herbe est consommée sur pied. « Cela me libère du temps pour m’occuper davantage de mon troupeau et changer les parcs, transporter les bêtes, etc. »
Un système moins dépendant des intrants
Arnaud Simons, lui, est éleveur de brebis limousines sur le plateau de Millevaches. Installé en 1991, à proximité des sources de la Lozère et de la Vienne, avec une soixantaine d’hectares, montées aujourd’hui à 100. « À chaque agrandissement, je visais des terrains en déprise agricole ou des cessions d’anciens exploitants, explique-t-il. J’ai commencé par une centaine de brebis et aujourd’hui je mène 250 brebis et 35 vaches allaitantes. »
Son système a été pendant un certain temps dépendant des intrants, engrais… Il a entamé une réflexion sur ces pratiques pour gagner en autonomie et a commencé le pâturage en zone humide autour de 2011. Cette nouvelle pratique a apporté « une certaine sécurité dans mon système », apprécie Arnaud Simons.
Les zones humides représentent une vingtaine d’hectares dans la surface de son exploitation, « cela va de fonds de pré, de tourbières, des bords de ruisseaux, des pourtours de lac, ce sont beaucoup de petites surfaces un peu disséminées ». L’éleveur mise également sur des landes sèches et des zones boisées pour 15 ha dans son système. « Ces zones sèches sont intéressantes à pâturer certaines périodes de l’année parce que cela permet de faire le tampon entre la pousse de l’herbe et le démarrage de la saison de pâturage », explique l’éleveur, passé en agriculture biologique en 2013.
Pour lui la diversité de ces milieux est intéressante car les ressources fourragères sont différentes et complémentaires. « J’ai plusieurs parcelles en rupture de pente, avec de l’eau qui coule, donc la pousse de l’herbe y est souvent plus précoce. Cependant, les surfaces, souvent réduites, nécessitent d’adapter constamment le chargement. » Arnaud Simons fait également partie d’un groupement pastoral de trois élevages qui lui permet d’accéder à une centaine d’hectares de zones de fonds, prairies humides, de landes et de bois, répartis à 70 % en zone et humide et 30 % en surfaces sèches. Il produit également du méteil seigle, triticale et pois pour l’engraissement des agneaux.
Du foncier accessible et diversifié
Dans la Creuse, Nicolas Melin élève aussi des limousines à Clugnat, dans le nord-est du département. Installé en 2013 hors cadre familial dans la ferme où il était alors salarié, il conduit ses 700 brebis et 100 agnelles, en misant avant tout sur leur rusticité, pilier de son système d’élevage.
Sa surface est composée de 100 ha sur le site de sa ferme auxquels s’ajoutent 20 ha sur la réserve naturelle nationale de l’étang des Landes mis à la disposition de l’éleveur, qui entrent tout de même dans sa déclaration PAC (politique agricole commune). Son troupeau part également en estive sur le plateau de Millevaches.
En conclusion, le pâturage en zone humide présente l’avantage de surfaces enherbées accessibles pour les troupeaux, avec une flore parfois intéressante et précoce et un accès à l’eau facilité. Cependant, les surfaces sont souvent restreintes et demandent de la souplesse dans la conduite zootechnique. Les éleveurs doivent également composer avec les autres utilisateurs de l’espace naturel, qui peuvent engendrer un dérangement dans le travail ou causer du stress aux animaux.
Pasto’Loire ouvre les bordures du fleuve aux éleveurs ovins
Le pâturage extensif des bords de Loire est un mode d’entretien des pelouses et prairies ligériennes remarquables pour préserver la biodiversité et maintenir le bon écoulement des eaux, tout en limitant la fermeture et le boisement de ces milieux, conformément aux objectifs fixés par le Plan Loire grandeur nature et par Natura 2000. Pasto’Loire, projet porté par le CEN Centre – Val de Loire, a donc pour objectif de maintenir la biodiversité tout en facilitant l’accès au foncier pour les éleveurs. Ceux-ci sont une dizaine à avoir rejoint le projet et à faire pâturer leurs animaux sur les bords de la Loire, entre Orléans et Nevers. Cela représente près de 2 000 ovins et une centaine de bovins lait et viande.