Aller au contenu principal

Été
Optimisation des bergeries en période de forte chaleur

L’adaptation des bergeries est indispensable pour une production estivale d’agneaux et de lait. Quelques pistes pour raisonner votre installation.

La ventilation hivernale est souvent insuffisante pour l’été. Les bergeries ont généralement été conçues sur les bases d’un fonctionnement hivernal. Traditionnellement, le bâtiment est utilisé pour protéger les animaux des intempéries durant l’hiver et une partie des mi-saisons. À la belle saison, les animaux sortent à l’extérieur pour le pâturage. Dans ce type d’utilisation, la conception et la ventilation des bâtiments visent essentiellement à protéger les animaux contre le froid, la pluie, la neige et le vent. Les bergeries sont donc bien fermées et la vitesse de renouvellement d’air assez réduite afin de ne pas créer de courants d’air et de trop refroidir la bergerie. Les besoins en période chaude sont très différents. Une ventilation d’hiver sera très insuffisante pour le renouvellement d’air estival. Par conséquent, si le bâtiment, pour des raisons de logique de production, est utilisé toute l’année, il est primordial d’avoir un système de ventilation modulable permettant de s’adapter au besoin spécifique des saisons.

Attention à l’effet de serre des translucides

Pour obtenir un bâtiment polyvalent et résilient aux fortes chaleurs, on privilégiera les matériaux les plus isolants possible pour la toiture et les bardages. Ceci permet d’agir à la racine du problème ! Une toiture et des bardages en bac acier vont accentuer la chaleur l’été, le froid l’hiver et les amplitudes thermiques favorisant le processus de condensation. Il est souhaitable d’isoler les toitures (avec du styrodur ou des panneaux isolés par exemple), les bardages, les portails en long pan et pignons. L’isolation permettra de lutter de manière très efficace contre le rayonnement de la chaleur. Notons qu’elle sera également efficace contre le rayonnement du froid l’hiver. Le bois est également un très bon matériau isolant. Évitez au maximum le bac acier qui fera office de radiateur en plein été !

Des bâtiments capables de s’adapter aux contraintes des différentes saisons

Les translucides peuvent amplifier les phénomènes de chaleur et provoquer des écarts de température jour/nuit très néfastes pour la santé des brebis et agneaux. Il faut plutôt les implanter à l’Est et au Nord (ces orientations limitent le rayonnement direct du soleil) et limiter la surface des translucides plein Sud et plein Ouest. La surface des translucides dépendra donc de l’orientation et aussi de la situation géographique du bâtiment. Il peut être intéressant de prévoir un système occultant (volets, stores industriels) au-devant de translucides Sud et Ouest afin de diminuer l’effet de serre l’été et les mi-saisons tout en permettant de garder la luminosité l’hiver. L’idée étant toujours la souplesse d’utilisation.

Enlever au maximum les sources de chaleur, d’humidité et de gaz

Il est primordial de prévoir dès la conception du bâtiment un système d’abreuvement efficace permettant une consommation d’eau à volonté des animaux. Privilégier des bacs et abreuvoirs avec une réserve d’eau permettant de reproduire la buvée naturelle et physiologique des animaux. Ces points d’eau doivent bien sûr être tenus propres.

En période estivale, il est indispensable de ne pas trop laisser accumuler le fumier car la chaleur accentue l’émanation de l’ammoniac. En été, un fumier qui chauffe aggrave fortement l’inconfort des animaux. L’idéal est de le sortir le plus souvent possible et au minimum avant les agnelages. Une solution simple si vous avez un bâtiment d’appoint consiste à déconcentrer les aires de vie des animaux. Le simple fait de diminuer la densité permet de diminuer les phénomènes de transpiration et de limiter le stress thermique des animaux. Une surface minimale de 1,5 m2 utile par brebis est souhaitable en période d’été.

Mettre en place un système de renouvellement d’air efficace est la première étape de conception. Le renouvellement d’air sera maximal en période chaude. La ventilation peut être soit naturelle et basée sur la combinaison de l’effet vent et de l’effet cheminée, soit dynamique et basée sur la mise en place d’une extraction d’air mécanique. En période de forte chaleur le bâtiment doit pouvoir s’ouvrir au maximum si vous optez pour une ventilation naturelle. Dans le cas d’une ventilation dynamique le renouvellement d’air doit être maximal.

Des aménagements spéciaux pour les fortes chaleurs

Il n’existe pas un système de ventilation meilleur qu’un autre mais une solution adaptée à la spécificité de votre bâtiment (altitude, climat, budget disponible, niveau de rusticité et de résilience de vos animaux, vos envies et votre façon de travailler…). Le choix doit être le fruit d’une réflexion globale, à l’aide d’un professionnel si besoin, car il s’agit d’un sujet complexe. Attention aux recettes toutes faites !

Si ces aménagements ne sont pas suffisants pour lutter contre les fortes chaleurs alors, à ce moment-là, il sera possible de s’orienter vers des techniques d’appoint comme le brassage d’air ou la brumisation. Le brassage d’air crée un mouvement dans la masse d’air. Cela permet d’éviter la stagnation des gaz, d’aider au renouvellement d’air et de créer une sensation de bien-être au niveau des brebis. Il existe des brasseurs d’air verticaux et horizontaux. Le choix dépendra des caractéristiques de votre bâtiment. La brumisation vise à rafraîchir les animaux par l’intermédiaire d’une vaporisation de fines gouttelettes d’eau. Combiné avec une ventilation, le système peut diminuer le ressenti au niveau de l’animal de 4 à 6 °C. Il est important de ne pas brumiser dans un bâtiment humide. C’est pourquoi le bâtiment doit d’abord être ventilé correctement. Il est souhaitable de privilégier des rampes à haute pression qui crachent des microgouttelettes qui s’évaporent instantanément en prélevant des calories dans l’air, qui ainsi se refroidit.

Les besoins d’hiver sont très différents des besoins d’été. Il faut donc privilégier des bâtiments capables de s’adapter aux contraintes différentes des saisons. Dans tous les cas, le choix entre les différentes techniques doit se faire à travers une réflexion et une compréhension globale du vivant. Le bon sens animalier reste le principal fil conducteur pour mener cette réflexion.

Avis d’expert : Richard Chincholle, conseiller formateur au sein du GDS de l’Aveyron

« Des animaux résilients et biens à l’extérieur »

« Il est important d’évoquer la notion de résilience des brebis, c’est-à-dire la capacité naturelle à résister aux contraintes extérieures. Avec les irrégularités climatiques actuelles et les pics de fortes chaleurs, c’est un aspect qui prendra de plus en plus d’importance dans les années à venir. Cette résilience est à mettre en lien avec les stratégies d’élevage et la sélection des animaux. Il est également essentiel pour la santé des animaux qu’ils puissent vivre à l’extérieur une période de l’année. N’oublions pas que la norme reste le pré pour un animal. Le contact à la terre, à l’air pur, au soleil (vitamine D) et le mouvement sont des facteurs fondamentaux pour la vitalité et le bien-être des troupeaux. Pour les systèmes d’élevage adaptés et qui le peuvent, l’agroforesterie offre des alternatives très intéressantes pour créer des parcours ombragés en période estivale. »

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Laurent Loury, sélectionneur ovin
"A cause de la FCO, je vais manquer d’agneaux, de brebis et mes reproductrices sont bloquées sur ma ferme"
Laurent Loury est sélectionneur de brebis Ile de France dans l'Oise. Son troupeau est contaminé par la FCO3, les pertes animales…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre