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Interprofession
Nouvelle présidence à Interbev ovin

Patrick Soury a été élu à la présidence de la section ovins d’Interbev. L’interprofession veut maintenant sécuriser l’approvisionnement national alors que le marché demande davantage d’agneau français.

Éleveur en Charente et secrétaire général de la Fédération nationale ovine, Patrick Soury a été élu le 10 septembre dernier à la présidence de la section ovins d’Interbev. « C’est davantage un poste d’animateur que de président », modère l’intéressé en rappelant que toutes les décisions de l’interprofession se prennent à l’unanimité. Le nouveau président espère cependant partager avec la filière sa volonté de « sécuriser davantage la ressource en agneau français ». Avec le Covid-19 et le confinement, la demande est plus marquée en agneaux français. Cette demande tirant d’ailleurs la cotation à des niveaux historiquement élevés. La filière se doit de répondre davantage à cette demande alors que seule 44 % de la viande ovine consommée en France est issue des abattages nationaux.

Le parlement de la filière ovine

« Cette sécurisation de la ressource passe par le renouvellement des générations d’éleveurs », décrit le nouveau président, par ailleurs président d’Inn’ovin. Ce programme vise justement à produire plus d’agneaux et de lait et accroître l’attractivité du métier d’éleveur ovin. L’écriture de la version 2 d’Inn’ovin est en cours avec, vraisemblablement, davantage de liberté laissée aux régions dans le choix des actions mises en place. « J’aimerais aussi davantage impliquer l’aval, que ce soit la distribution ou la transformation, explique Patrick Soury. Inn’ovin doit être en phase avec les États généraux de l’alimentation qui demandent de produire des agneaux dont la filière a besoin au moment où elle en a besoin ». Une façon aussi d’avancer sur la contractualisation, un sujet qui tient à cœur Jean-Pierre Arcoutel, éleveur et représentant de la Coopération agricole, réélu à la vice-présidence de la section ovins d’Interbev. « Tous les éleveurs veulent de la contractualisation, mais ils veulent surtout la leur, c’est-à-dire un prix garanti quand les cours sont bas mais des prix qui suivent à la hausse quand les cours remontent, regrette l’éleveur lotois qui représente le collège de l’abattage et de la transformation. Non, un contrat, c’est un engagement sur un prix, un volume et une période ! ». L’éleveur adhèrent à la Capel a cependant bon espoir que des initiatives de contractualisation aboutissent prochainement dans la filière ovine.

La fin du programme européen de promotion

Le nouveau président d’Interbev souhaite poursuivre la promotion de la consommation des viandes, auprès des jeunes notamment. « Cela passe par la poursuite des élaborations de produits plus adaptés aux nouveaux consommateurs, décrit Patrick Soury. Cela passe aussi par des campagnes de promotion et l’initiation au goût des plus jeunes. Nous avons du travail à faire auprès de la restauration hors domicile gérée par les collectivités locales pour leur proposer des produits plus adaptés. »

En parlant d’agneaux régulièrement, l’interprofession espère freiner l’érosion régulière de consommation. Mais pour communiquer, l’interprofession risque de voir son budget à la baisse l’an prochain du fait du programme européen de promotion de l’agneau "L’agneau, l’essayer c’est l’adorer" qui se termine en avril 2021. « Avant de repartir dans un nouveau programme, nous voulons prendre le temps de l’évaluation », estime François Frette, le responsable de la section ovine d’Interbev. La situation du Brexit influencera aussi les choix à venir car le programme actuel, cofinancé par l’Europe, est porté conjointement par les interprofessions française, britannique (AHDB) et irlandaise (Bord Bia). Un nouveau programme avec le Royaume-Uni priverait de ce cofinancement européen.

Les dates de naissances ne profitent pas à la filière

Interbev ovin entend aussi faire reconnaître l’existant sur les attentes sociétales, que ce soit en termes de bien-être animal ou d’environnement. « On doit s’en servir comme source de différenciation commerciale vis-à-vis des viandes d’import, explique le nouveau président. Cela doit nous aider à chercher de la valeur ajoutée pour qu’elle puisse profiter à tous les maillons de la filière. »

Après deux mandats de trois ans, l’ancien président Maurice Huet apprécie, lui, le travail réalisé par l’interprofession. La campagne transversale « Naturellement flexitariens » avec un film et des messages qui restent bien présents à l’esprit des consommateurs est par exemple un succès. « Nous avons  surpris par cette campagne mais nous avons montré que la viande fait bel et bien partie de l’alimentation », apprécie l’éleveur bourguignon de 63 ans. Les équipes d’Interbev ont aussi œuvré à la fiabilisation de la collecte de données dans la base Ovinfos. Mais l’ancien président regrette que l’on n’aille pas plus loin sur Ovinfos. « Les éleveurs font plein de déclarations de naissance, que ce soit les sélectionneurs ou pour les labels, mais l’information se perd et ne profite pas au collectif. Plus de la moitié des agneaux ont une date de naissance enregistrée et nous ne sommes pas capable de fournir un prévisionnel de sortie qui fait toujours défaut à la filière… »

Interbev, mode d’emploi

Interbev a pour rôle de défendre et de valoriser les intérêts communs de l’élevage et de la viande. À l’intérieur de ses cinq sections (bovins, veaux, ovins, équins et caprins), l’interprofession rassemble les éleveurs, les coopératives d’éleveurs, les commerçants en bestiaux, les abatteurs, les transformateurs, les chevillards qui vendent la viande en gros, les bouchers, les restaurateurs et les grandes surfaces.

De la fourche à la fourchette, l’interprofession se doit de définir des positions communes aux 22 organisations nationales qui la composent. Lieu d’échanges, de discussions et de réflexions communes, elle a pour mission première d’identifier des positions communes consensuelles. Interbev intervient ensuite comme porte-parole de la filière élevage et viande auprès des instances publiques comme du grand public. Une grande partie de son budget est consacrée à la communication, notamment avec la campagne « Aimez la viande, mangez-en mieux » et la signature « naturellement flexitariens ». Une façon de rappeler que la viande a toute sa place dans une alimentation équilibrée et raisonnée si elle est consommée en juste quantité et issue d’une production responsable et durable.

Dans l’intérêt commun de la filière, Interbev peut aussi financer de la recherche et du développement, suivre les informations économiques, rédiger les guides filières et les cahiers des charges. C’est aussi là que se concluent les accords interprofessionnels.

Depuis 2017, Interbev s’appuie sur le Pacte pour un engagement sociétal, une démarche collective de responsabilité sociétale pour continuer à progresser dans la préservation de l’environnement et des territoires, le bien-être, la protection et la santé des animaux, la juste rémunération de tous et la construction d’une alimentation de qualité, raisonnée et durable.

Les chiffres clés

Les cotisations ovines d’Interbev

31 euros la tonne de carcasse ovine de cotisations interprofessionnelles prélevées par les abatteurs dont :
euros financés par les abatteurs
12 euros par le collège de la distribution
14 euros par les éleveurs (dont 2 euros non contraints pour promouvoir l’origine France)
3,2 millions d’euros collectés par Interbev ovin dont 800 000 euros issus des viandes d’importations

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