Aller au contenu principal

L’usine Traitex traite la laine par carbonisage

L’industrie lainière belge a connu ses heures de gloire à Verviers. Traitex est un des derniers témoins de cette époque.

L’entreprise Traitex, à Verviers, est un des derniers lavoirs et la dernière usine de traitement par carbonisage de la laine en Belgique et dans l’Union européenne. Cette entreprise existe depuis 1983 et résulte de la fusion de deux entreprises, une de carbonisage et un lavoir. L’entreprise emploie 55 salariés qui sont répartis en trois équipes permettant ainsi à l’usine de tourner en continu. Traitex n’achète ni ne revend la laine, c’est un prestataire de services. Des commerçants qui achètent la laine lui confient afin de la laver, et ce sont ces clients qui s’occupent ensuite de commercialiser la laine. L’usine est installée dans quatre hectares de bâtiments. Depuis plus de 20 ans et avant que cela ne devienne une vraie contrainte, l’usine s’est dotée d’une station d’épuration afin de traiter les eaux. Pour Jacques Delhasse, son directeur, c’est en partie ce qui a sauvé Traitex. « Installer une station avant que cela ne devienne obligatoire nous a permis de rester un des acteurs importants du traitement de la laine ». La contrainte écologique est en effet importante en Belgique.

Un euro pour traiter un kilo de laine

Pour le directeur, « l’avenir même de l’industrie est ici, en Europe. Les clients sont demandeurs de produits de qualité fabriqués localement ». Selon lui, une autre force de Traitex est d’offrir " un service de qualité, quitte à proposer des services moins bon marché que les concurrents". Le chiffre d’affaires de l’entreprise est compris entre 3,3 et 3,6 millions d’euros. Il est réalisé à 80 % par une douzaine de gros clients. Les 20 % restant sont répartis entre environ 70 clients. L’usine ne traite que des lots à partir de 700 kg de laine. Les clients sont principalement des Européens, mais le traitement par carbonisage est aussi demandé par des clients plus internationaux. Ce type de traitement n’est en effet proposé que par un petit nombre d’entreprises dans le monde, les plus gros concurrents de Traitex se trouvant en Chine. La chaîne de carbonisage fait 240 mètres de long et celle de lavage 180 mètres. En carbonisage, un traitement plus coûteux et long que le lavage, environ 500 à 900 kg de laine sont traités par heure tandis qu’en lavage on peut monter à 1 500 kg.

En tant qu’industrie de service, Traitex stocke aussi pour les clients la laine avant lavage et la laine traitée pendant deux à trois ans. Les lots sont ensuite expédiés selon les besoins des clients. Mais, si le stockage dure trop longtemps, la laine peut noircir. Pour laver un kilo de laine, il faut compter environ plus ou moins un euro.

Dico

Le carbonisage ou épaillage chimique

Le carbonisage consiste à éliminer les déchets végétaux présents sur la laine par voie chimique. Il permet d’avoir une laine encore plus propre et qui a donc une plus forte valeur ajoutée. Il demande aussi plus de travail que le lavage simple. Le carbonisage se fait en cinq étapes : l’acidage, l’essorage, la carbonisation, le broyage et le désacidage.

Verviers, une ville liée à l’histoire de l’industrie lainière

Si l’industrie sidérurgique est la première à se développer, c’est bien l’industrie drapière qui naît à la fin du XIVe siècle qui va apporter à Verviers richesse et prospérité. La mécanisation de l’industrie textile s’amorce en 1799 avec l’arrivée à Verviers du technicien anglais William Cockerill engagé par les grands drapiers Simonis et Biolley. À la fin du XVIIIe siècle, l’essor économique de Verviers est tel qu’en 1788, l’industrie textile représente 72 % des exportations de l’État liégeois. Le seul arrondissement de Verviers rassemble 42 % des entreprises textiles belges et 68 % de la main-d’œuvre. Cette croissance de l’industrie lainière verviétoise se poursuivra jusqu’à la grande crise industrielle de 1873. Dès 1874, la laine et l’agglomération verviétoise entament une longue courbe descendante. La crise économique de 1873-1896, qui est essentiellement une crise de surproduction, provoque un effondrement des prix et des marges bénéficiaires. Aujourd’hui, seules deux entreprises travaillent toujours la laine.

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
<em class="placeholder">Florent et Charles Souyris et Philippe Galtier, Gaec de Cuzomes</em>
Aveyron - « Nous avons investi pour travailler 35 heures par semaine dans notre élevage ovin »
Dans l’Aveyron, les trois associés du Gaec de Cuzomes montrent comment ils ont optimisé la productivité du travail et la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre