Les moutonniers affamés par le manque de pluie

La sécheresse touche de plein fouet les campagnes françaises et les éleveurs ovins ne sont pas épargnés. « Le Grand Ouest a été particulièrement impacté, les régions à forte production ovine ont d’ores et déjà des problèmes pour s’approvisionner en fourrages », alerte Michèle Boudoin, la présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). Un appel à la solidarité entre régions a été lancé mais toute la France a tout de même été touchée à des degrés différents. « La différence avec la sécheresse de 2003 qui était uniquement française, c’est que cette année, c’est l’Europe qui a été touchée », reprend Michèle Boudoin. Cela entraîne une forte spéculation sur les fourrages, certains pays ayant anticipé plus que d’autres le manque de pluie de cet été. « Certaines coopératives essayent de remédier à la situation en proposant à leurs adhérents des commandes groupées d’aliment pour faire baisser le prix, explique la présidente du syndicat ovin. De plus, les techniciens mettent en avant des bonnes pratiques pour économiser au maximum l’aliment. Par exemple, faire échographier ses brebis permet d’adapter les rations et de ne garder le meilleur que pour les brebis pleines. »
Pas d’augmentation de prix mais une dynamique de vente
Néanmoins, il faut s’attendre à une baisse de la production pour l’année à venir. D’autant que sur les territoires fortement impactés comme les Charentes, la Vienne et la Haute-Vienne, un autre fléau sévit. Il s’agit de la myiase Wohlfahrtia magnifica qui fait des ravages et cause le désespoir des éleveurs touchés. En plus, avec le début d’automne sec de cette année, la mouche est restée active plus longtemps. Malgré les répercussions à moyen et long terme de la sécheresse sur les élevages, il ne faudra pas compter sur une hausse des prix payés à l’éleveur. En effet, avec une consommation de la viande d’agneau toujours en berne, il ne serait pas judicieux d’augmenter les prix alors que la filière tente de relancer une dynamique commerciale. « Nous appelons les éleveurs à se tourner vers les partenaires institutionnels tels que les GDS, les coopératives, la MSA, etc. pour déclarer leurs pertes ou les dégradations de récolte, enjoint Michèle Boudoin. La FNSEA a par ailleurs entrepris de recenser les producteurs impactés sur l’ensemble du territoire ainsi que les actions entreprises par les préfectures, DDT ou FRSEA pour leur venir en aide. »