Les fourragers, intensifs sur les surfaces et le troupeau
Dans les systèmes fourragers avec un fort niveau de chargement, l’intensification animale se combine à l’intensification fourragère, dans l’objectif d’une forte productivité.
Les systèmes fourragers sont localisés dans des régions où le bon potentiel agronomique et la concurrence pour l’accès au foncier se traduisent par des chargements élevés. L’atelier ovin viande peut être le seul de l’exploitation, mais il est souvent associé à des grandes cultures, voire à des bovins viande. Chez les spécialisés, la sécurisation de l’autonomie fourragère devient prioritaire par rapport à la production des concentrés : le chargement tend à diminuer au détriment des surfaces de grandes cultures.
Maîtriser la consommation de concentrés et maintenir un niveau de productivité élevé
Dans des contextes où les aides perçues sont moindres que dans les autres systèmes, la productivité numérique est un déterminant primordial de la rémunération des éleveurs. À 1,4 agneau produit par brebis en moyenne, elle repose souvent sur la recherche d’un niveau élevé de prolificité, voire d’une d’intensification du rythme de reproduction, du moins chez les spécialisés. Une consommation globale de 280 kg de concentré par brebis est nécessaire pour produire 27 kg de carcasse d’agneau, soit plus de 10 kg par kg de carcasse produit. Or, sur la période 2015-2017, l’économie d’un kilo de concentré par kg de carcasse produit s’est traduite par 4 600 € de revenu supplémentaire pour les spécialisés. Les éleveurs doivent à la fois optimiser les performances de reproduction et maîtriser la distribution des aliments, et les résultats du dispositif Inosys-Réseaux d’élevage montrent que c’est possible.
La rémunération peut largement dépasser les deux Smic par éleveur
Avec 13 tonnes de carcasse produites par éleveur, la rémunération des exploitants du quart supérieur atteint 2,9 SMIC. C’est le résultat d’une très bonne maîtrise technique, associée à un bon contrôle des charges opérationnelles et de structure. Les charges de mécanisation sont ainsi contenues à 1,5 € par kg de carcasse, contre 1,9 € pour la moyenne du groupe.
Viser une productivité supérieure à 13 tonnes de carcasse par UMO est important, mais pas dans n’importe quelles conditions. La diversité des résultats montre qu’on peut produire 20 tonnes de carcasse et ne gagner qu’un Smic, ou dégager plus de trois Smic en ne produisant que 11,5 tonnes. L’accroissement excessif du troupeau peut conduire à détériorer la productivité numérique et augmenter la consommation de concentrés, soit plus de travail pour un revenu équivalent, voire en baisse.
Avis d’expert : Anne-Julie Métivier, responsable du service ovin à la Maison de l’élevage du Tarn
« Utile pour comparer ces charges de structure »
« L’analyse du coût de production permet de se rendre compte du poids des charges de structures, notamment de la mécanisation. Ça peut être utile pour un jeune en phase de réflexion de projet. Par contre, pour ceux déjà en place, une fois le tracteur acheté, c’est dur à faire évoluer… On voit aussi le poids de la main-d’œuvre et, là aussi, ça remet vite en question la structure de la ferme. L’analyse du coût de production permet d’aller jusqu’à la rémunération de la main-d’œuvre et on voit vite si on travaille pour quelque chose ou pas. C’est différent de l’analyse de la marge brute car on peut avoir une bonne marge brute mais ne pas s’en sortir s’il y a trop de charge de structure, si l’exploitation est trop petite ou s’il y a trop de main-d’œuvre. Ça permet d’aller beaucoup plus loin que la gestion technico-économique. En fait, c’est surtout intéressant quand des groupes d’éleveurs ont envie de travailler et réfléchir ensemble. Une dizaine d’éleveurs se retrouvent une à deux fois par an pour discuter des résultats technico-économique de chacun. Le matin, les éleveurs sont en salle et comparent leurs données. L’après-midi, ils visitent l’élevage d’un des éleveurs. Pour l’éleveur, cela demande d’y passer un peu de temps car il faut dépiauter la comptabilité pour aller jusqu’aux charges de structure. Par contre, les groupes s’arrêtent parfois en ovin viande car, après trois ou quatre ans de fonctionnement, on retrouve toujours un peu les mêmes problématiques. »