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« Les excès sont plus néfastes que les carences »

Les minéraux interfèrent les uns avec les autres et l’excès de l’un peut bloquer l’assimilation d’un autre. Dans ce domaine, le trop est pire que le trop peu ! Philippe Dubois, vétérinaire au groupement de défense sanitaire de Charente, nous livre ses principales recommandations.

 Le bolus est indiqué dans le cas d’une carence simple, en sélénium par exemple.  © Ciirpo
Le bolus est indiqué dans le cas d’une carence simple, en sélénium par exemple.
© Ciirpo

Pourquoi les excès en minéraux sont-ils plus dangereux que les carences ?

Philippe Dubois- « Les carences vraies d’un seul élément, c’est-à-dire les plus simples, sont assez faciles à corriger par l’apport du minéral en question. C’est plus compliqué lorsque les carences sont induites par l’excès d’un autre élément. Il faut arriver à faire passer à l’animal alors que ses capacités d’absorption sont saturées par un élément en excès. Par exemple, l’excès de fer bloque l’assimilation du sélénium et il ne suffit pas d’ajouter du sélénium minéral pour rétablir l’équilibre ».

Certaines régions sont-elles plus prédisposées aux carences minérales ?

P. Dubois - « Oui car tout est lié à la nature du sol. Le pH est par exemple un élément déterminant. Les sols à pH élevé et contenant trop de calcium ou de sodium induisent des carences en cuivre. A contrario, les sols acides à pH bas sont trop riches en fer ou en aluminium et sont responsables de carences en sélénium. L’hydroxyde de fer bloque alors l’assimilation du sélénium. Cette carence est ainsi très courante dans les sols granitiques et à schistes ».

Que pensez-vous des seaux à lécher ?

P. Dubois - « Ils sont à réserver aux périodes où on ne peut pas faire autrement car ils présentent trois inconvénients : un coût élevé, une ingestion peu homogène et une teneur en certains oligoéléments limitée par la toxicité. Car même si le niveau de consommation moyen est correct, c’est-à-dire de l’ordre de 15 à 20 g par animal, rien ne garantit que tous les animaux ont consommé cette quantité. Et là encore, un excès de consommation peut être dangereux ».

La gamme des bolus se développe. Sont-ils efficaces ?

P. Dubois : « Oui, l’expérience montre que les éleveurs ovins qui les utilisent ne reviennent pas en arrière. Le bolus est indiqué dans le cas d’une carence simple diagnostiquée, de type iode ou sélénium par exemple. Son choix se raisonne en fonction de sa composition et de sa durée d’action. Attention à ne pas cumuler le bolus avec d’autres formes d’apport qui pourrait entraîner des excès et donc une toxicité ».

Que pensez-vous des formes chélatées ?

P. Dubois - « Cette question fait débat. Selon moi, les formes chélatées (un métal est alors accolé à un acide aminé et participe à l’absorption sous forme organique) sont à réserver lorsqu’il y a des problèmes d’absorption liée à un autre élément en excès. Lorsque la carence est simple, leur surcoût ne se justifie pas. Ces formes organiques augmenteraient le taux sanguin de l’élément de façon plus importante que la forme minérale. Quand il y a carence, il faut déjà commencer par essayer la forme minérale qui reste la moins chère ».

Les profils métaboliques sont-ils un bon diagnostic ?

P. Dubois - « Pas toujours. Avant la réalisation de profils métaboliques qui restent coûteux, il est indispensable de vérifier l’équilibre de la ration en énergie, azote, calcium, phosphore puis les apports en oligoéléments. Ensuite seulement, le profil sanguin trouve sa place. Une brebis dont la ration n’est pas optimisée valorise mal les macros et oligo-éléments. Le coût d’un profil métabolique est d’environ 100 euros pour quatre échantillons de sang, nombre nécessaire pour une bonne interprétation ».

Les analyses sont-elles toutes fiables ?

P. Dubois - « Si les résultats d’analyses du phosphore, magnésium, zinc, sélénium et cobalt sont utiles et fiables, il convient de rester prudent sur l’interprétation de ceux de l’iode et du cuivre. D’autre part, doser le calcium, le sodium et le potassium est inutile. Dans tous les cas, il faut se renseigner auprès d’un spécialiste et lui confier l’interprétation des résultats des profils métaboliques. Enfin, ce type d’analyse à partir de la laine est discutable car la laine est contaminée par les métaux des barrières par exemple ».

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