Les éleveurs ont peu vacciné contre la FCO
Le sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine semble circuler dans les élevages français sans causer trop de dégâts. Les éleveurs sont alors peu enclins à protéger leur troupeau malgré des vaccins mis gratuitement à disposition.
Malgré la mise à disposition de vaccins gratuits contre le sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine, les éleveurs français ont relativement peu vacciné leurs animaux. Sur un total de 16,8 millions de doses initialement achetées de vaccin BTV-8, 8,4 millions restaient disponibles fin août pour les cheptels ovins et bovins.
Cette désaffection s’explique surtout par le faible nombre de cas cliniques recensés. Sur les plus de 1 000 cas déclarés fin septembre pour l’année 2017, la très grande majorité l’a été suite à des tests PCR positifs sur des bovins devant sortir de la zone réglementée. Maintenant, toute la France, à l’exception du Finistère et d’une partie des Côtes-d’Armor, est en zone réglementée. « Le virus semble circuler mais les cas cliniques restent rares, résume Françoise Dion, vétérinaire à Races de France. Pourtant, lors du précédent épisode il y a dix ans, le sérotype 8 avait provoqué de nombreux signes cliniques sur les ovins et, plus surprenant avec les connaissances d’alors, également sur les bovins avec des troubles de la reproduction notamment. Ce faible impact clinique observé depuis septembre 2015 reste étonnant car les scientifiques signalent que les deux souches virales sont homologues à 99,9 % ».
Des vaccins gratuits jusqu’à la fin de l’année
Aujourd’hui, pour que des animaux quittent la zone réglementée, notamment pour les échanges intra-européens ou l’export vers les pays tiers, la règle générale reste la vaccination. La gratuité et la disponibilité des vaccins sont assurées jusqu’à fin décembre. La vaccination peut être réalisée par l’éleveur ou par un vétérinaire si une certification est nécessaire. « L’automne, période de circulation maximale du virus, n’est pas la meilleure période pour vacciner. Il peut cependant être judicieux de profiter des doses gratuites encore disponibles, notamment pour les troupeaux exportant des agneaux à l’engraissement. »
La France reste le seul pays européen (avec Chypre) à connaître une épidémie de FCO avec le sérotype 8. À moins de viser une stratégie d’éradication avec une vaccination obligatoire et massive pendant cinq années, elle est condamnée à vacciner les animaux qu’elle souhaite exporter. Contre le sérotype 4, actuellement présent dans les Balkans, dans le nord de l’Italie et en Corse, les autorités sanitaires françaises ont mis en place une banque d’antigènes, qui peut être transformée en trois millions de doses vaccinales en trois semaines si besoin.
En Corse, des cas malgré la vaccination obligatoire
Le sérotype 4, plus virulent, a touché la Corse en décembre 2016. Depuis cette date, il y a eu plus de 170 cas déclarés, dont plus de 40 sur des petits ruminants, repérés systématiquement après suspicion clinique. La Sardaigne voisine connaît également une épizootie de FCO avec plus de 250 foyers recensés sur l’île. En Corse, la vaccination contre les sérotypes 1 et 4 est obligatoire (et donc prise en charge intégralement par l’État) depuis juin 2016. « Tous les animaux doivent être vaccinés, rappelle Françoise Dion, y compris les agnelles et les béliers ».