Les éleveurs de Bourgogne Franche-Comté face aux loups
Les éleveurs bourguignons et franc-comtois prennent la parole dans une vidéo pour raconter leur quotidien depuis l’arrivée du loup dans leur région.
Au 31 octobre dernier, la Bourgogne Franche-Comté a enregistré 340 victimes du loup pour 2022. Elles étaient 758 à avoir succombé en 2021, plus du double qu’en 2020. Des chiffres qui font froid dans le dos et qui amènent les éleveurs de la région a changé leur vision de l’élevage et leurs pratiques au quotidien. Dans une vidéo d’une dizaine de minutes, disponible sur Youtube, ils témoignent dans une vidéo originale. Avec l’augmentation drastique de la prédation et la présence permanente du loup dans la région, les éleveurs ont imaginé ce que serait leur vie dans 10 ans, en 2032. Un maire fictif imagine un futur bien triste pour sa commune : « quand je suis arrivé, il y avait cinq exploitations sur la commune, maintenant il n’en reste plus qu’une. Et encore, la semaine dernière un veau s’est fait attaquer, pas sûr qu’ils vont rester. » Pour éviter un tel scénario, le message est clair : « Il faut agir maintenant ! »
Le loup attaque juste pour tuer
Retour en 2022. Pierre-Henry Pagnier, producteur de lait dans le Doubs, explique : « la présence du loup est relativement récente, cela fait 4-5 ans que nous avons des attaques sur la région, mais tous les départements de BFC ont été confrontés à la prédation. » Alexandre Saunier, éleveur ovin en Saône-et-Loire, appuie : « la montagne n’est pas le lieu de vie exclusif du loup. Aujourd’hui il y est car c’est par là qu’il est arrivé et qu’il a trouvé son premier garde-manger. Mais là où il se trouve le mieux, c’est la plaine, avec des territoires semi-boisés. » Le loup fait de l’« over-killing », nous apprend l’éleveur. « Lorsqu’il se retrouve dans les troupeaux de taille conséquente du Charolais, il se met à attaquer les brebis juste pour tuer. »
Un avenir hors-sol pour l'élevage ovin ?
Pierre-Henry Pagnier reprend : « Si le loup attaque en priorité les petits animaux, aucun type d’élevage n’est tranquille face à la sédentarisation durable de ce prédateur. » La présence du grand prédateur freine les projets d’installation en ovins et l’abandon de certaines parcelles, les plus éloignées des exploitations, favorisant ainsi l’apparition de friches. « J’ai décidé cette année de passer mon troupeau en 100 % plein air, par conviction et nécessité économique », souligne Alexandre Saunier. « Si on perd le pâturage à cause du loup, on peut se demander à quoi va ressembler l’élevage ovin dans les prochaines années », craint Agathe Chevalier, chargée de mission pour la filière ovine à la chambre régionale d’agriculture.