Les cercles des prédateurs
Le 4 décembre dernier paraissait l’arrêté portant sur les mesures de protection des troupeaux contre la prédation. Décryptage.
Les mesures de protection des troupeaux étaient jusqu’à récemment régies par un arrêté datant de 2009. Face à l’augmentation de la population de loups en France et à l’élargissement de la zone de présence du grand prédateur, les pouvoirs publics ont publié le 4 décembre dernier un nouvel arrêté OPEDER (pour Opération de protection de l’environnement dans les espaces ruraux) remplaçant l’ancien. Ce texte élargit son champ d’action aux grands prédateurs (ours et loups, le lynx n’est pas encore inclus) et redéfinit les zonages sur lesquels sont basés les moyens de protection. L’arrêté OPEDER crée ainsi quatre niveaux de zonages ou cercles.
Des cercles selon la présence du prédateur
Concernant les loups, le cercle 0 concerne toutes les communes ou parties de communes sur lesquelles il a été recensé au moins 15 attaques de loup par an durant les dernières années. C’est le préfet coordonnateur du plan loup qui définit par arrêté les limites des cercles 0. Le cercle 1 correspond aux communes où la présence de loups est vérifiée depuis deux ans, le cercle 2 correspond aux communes déclassées du cercle 1 ou qui ont subi au moins une prédation durant les trois dernières années ou encore si elles sont limitrophes avec des zones classées en cercle 1. Le cercle 3 est un nouveau zonage permettant d’anticiper l’expansion du loup en mettant en place des moyens de protection préventifs. Pour les cercles 1, 2 et 3, ce sont les préfets de département qui sont chargés de les délimiter. Dans un communiqué, la fédération nationale ovine (FNO) rappelle que, selon eux, « le cercle 0 doit être étendu à tout le territoire et que le critère de 15 attaques est inadapté à la réalité. »
Un zonage plus souple pour l’ours
Concernant l’ours, le zonage est simplifié à deux cercles : le cercle 1 pour les zones où la présence de l’ours est avérée au moins une fois durant les deux dernières années et le cercle 2 pour les zones où une attaque est possible. Pour les éleveurs concernés par ces zonages, les pouvoirs publics rappellent les cinq options de protection des troupeaux, qui, si elles sont mises en place selon les conditions (voir tableau), permettent ou non de recevoir des subventions : gardiennage, chiens de protection, parcs électrifiés/clôtures, analyse de vulnérabilité, accompagnement technique. Les deux dernières options ne sont pas considérées comme suffisantes si elles ne sont pas couplées à au moins un autre moyen de protection. En moyenne, le niveau d’aide est de 80 % de la dépense effectuée par l’éleveur, sauf pour l’analyse de vulnérabilité, le test comportemental des chiens et l’accompagnement technique qui sont éligibles à 100 %. De même, l’option gardiennage en cœur de parc ou de réserves naturelles est financée dans sa totalité par l’État. La FNO souhaiterait que « l’accès à toutes les options de protection soit possible quel que soit le cercle dans lequel se trouve l’éleveur et une augmentation des plafonds de subventions ».
Zéro tir de défense au-delà des plafonds
La FNO a obtenu que le plafond de prélèvement du loup soit reconduit en 2020 à 17 % de la population lupine totale à la sortie de l’hiver 2019-2020. Si le plafond initial est atteint avant la fin de l’année, les éleveurs se verront octroyer 2 % supplémentaires afin de pouvoir continuer les tirs de défense. En 2019, le plafond total était de 100 loups, dont 97 ont été abattus. Cependant, si les 19 % des plafonds initiaux et additionnels sont atteints, les tirs de défense sont supprimés jusqu’à la fin de l’année. La FNO a sollicité le préfet coordonnateur qui s’est engagé à trouver une solution pour les éleveurs.