L’épée de Damoclès néo-zélandaise pèse sur la filière ovine française
Avec la conclusion des accords de libre-échange entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, c’est la filière ovine qui est à nouveau sacrifiée à l’autel de la géopolitique.
Avec la conclusion des accords de libre-échange entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, c’est la filière ovine qui est à nouveau sacrifiée à l’autel de la géopolitique.
Après quatre ans et 12 cycles de négociations, les accords commerciaux UE – Nouvelle-Zélande ont été signés le 30 juin dernier. « Le signal envoyé est très mauvais pour la production ovine française », s’énerve Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). « Cela fait quatre ans que nous nous évertuons d’expliquer à la commission européenne que ces accords sacrifient la filière ovine française. Malheureusement, nos demandes n’ont pas été respectées », souligne-t-elle.
Des contingents sans restriction
La Nouvelle-Zélande possédait déjà et depuis 1990 des contingents tarifaires de viande ovine à destination de l’UE. Avant le Brexit ceux-ci s’élevaient à 228 254 tonnes, depuis 2021 et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les contingents ont été ramenés à 114 184 tonnes. Pour autant, la Nouvelle-Zélande ne les a jamais utilisés à plus de 50 %. Or, avec les accords de libre-échange, la Nouvelle-Zélande a obtenu un supplément de 38 000 tonnes pour ce contingent. « Si le marché européen devait devenir un débouché important pour la Nouvelle-Zélande, la production ovine française se retrouverait noyée par les agneaux néo-zélandais, qui sont, pour l’instant commercialisés préférentiellement en Chine. » Les contingents ont été attribués à la Nouvelle-Zélande sans contrainte, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de mesures de lissage sur l’année. « C’est quand elle veut, combien elle veut ! Si la Nouvelle-Zélande veut inonder le marché français à Pâques, elle pourra le faire sans restriction », s’emporte Michèle Boudoin. La FNO s’inquiète également de la transparence de cette viande d’importation pour les consommateurs. En effet, depuis une quinzaine d’années, la Nouvelle-Zélande envoie sa viande ovine en chill, ce qui est assimilé à du frais et non du congelé. Il n’y a donc pas d’obligation de l’indiquer sur les étiquettes de vente. « Les consommateurs ne peuvent ainsi pas aisément savoir que la viande qu’ils achètent a parcouru 18 000 kilomètres. Et ils ne peuvent pas savoir que l’agneau néo-zélandais qu’ils achèteront à Pâques aura été abattu en décembre. C’est complètement incohérent avec les démarches européennes que sont Farm to Fork et Green Deal », rappelle encore la présidente du syndicat ovin français.
Enfin, la profession s’inquiète du mauvais présage que ces accords laissent planer sur les prochains. L’Union européenne va en effet, dans un futur proche, négocier des accords de libre-échange avec l’Australie qui, elle, remplit à 100 % son contingent actuel de viande ovine et sera sans aucun doute demandeuse d’un supplément.