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Le piétin en détail 

Lors des rencontres de Longimpex, le vétérinaire Pierre Autef a présenté l’origine et les symptômes du piétin ainsi que des solutions pour remettre les brebis sur pied.

À l’occasion des rencontres techniques ovines organisées par le répartiteur vétérinaire Longimpex, 97 vétérinaires et techniciens ovins se sont réunis à Murol, dans le Puy-de-Dôme, pour suivre les présentations sur la santé des ovins. Le docteur Pierre Autef, vétérinaire spécialisé en ovin, a ouvert les rencontres en partageant son savoir sur le piétin. « Le piétin est une maladie émergente décrite depuis le XVe siècle et présente partout dans le monde sauf en Antarctique ». Cette maladie n’était au départ présente uniquement chez les Mérinos. La prévalence de la maladie est variable selon les troupeaux et les régions. " Le piétin engendre des pertes économiques. Il baisse de 20 % les productions laitières, diminue les qualités colostrales et entraîne 20 % de retard de croissance ». Les brebis qui boitent passent en effet moins de temps à manger. De plus, la gestion du piétin au sein d’un troupeau est chronophage et peut entraîner des infertilités.

Une association de malfaiteurs responsable du piétin

Deux bactéries principales sont responsables de cette maladie : le Fusobacterium necrophorum et le Dichelobacter nodosuselles. Elles sont toutes deux anaérobies. La première est présente dans le fumier et il est difficile d’en débarrasser. En bâtiment, la désinfection n’est pas toujours utile car c’est une bactérie très résistante. C’est elle qui crée la lésion primaire avec pour symptômes des lésions pas évidentes à qualifier. Elle libère des toxines qui entraînent une nécrose du derme. Ces lésions primaires créent ce qu’on appelle souvent l’échauffement ou le mal blanc… Les Fusobacterium favorisent la pénétration de la deuxième bactérie, le Dichelobacter, qui provoque le piétin. Le piétin est donc dû à une « association de malfaiteurs ». Cette dernière provoque le décollement de la corne et peut résister 10 à 14 jours dans le milieu extérieur et plus de six semaines dans les résidus de cornes. Elles excrètent les agents pathogènes responsables du décollement de la corne mais aussi de la putrisine responsable de l’odeur caractéristique du piétin.

Certains facteurs favorisent l’apparition du piétin. Les animaux lourds (béliers, brebis en fin de gestation et les races bouchères ou à laine) y sont ainsi plus sensibles. Des lésions préexistantes (dermatites interdigitées, ecthyma, fièvre catarrhale) et les carences (zinc, vitamines A, bitione) favorisent aussi l’apparition de la maladie et la pénétration des bactéries. Les conditions pédoclimatique peuvent aussi favoriser l’apparition de piétin dans un troupeau. Un climat doux et humide favorise en effet le développement des bactéries. La conduite de l’élevage peut aussi être remise en cause. En effet, une mauvaise hygiène de la litière, l’introduction de sujets contaminés, les mélanges d’animaux, une trop grande densité d’animaux dans un bâtiment ou un mauvais parage peuvent aussi favoriser l’apparition du piétin.

Les symptômes du piétin sont une inflammation de l’espace interdigité, une nécrose en périphérie de la corne tendre, une atteinte de la jonction cutanée et de la corne et une nécrose. Il peut évoluer en surinfection et on observe alors un décollement de la corne.

Le différencier des autres maladies du pied

Pierre Autef précise que « le piétin peut être confondu avec d’autres maladies, comme la dermatite digitée contagieuse des ovins, notamment dans des stades évolués ». Afin d’être certain d’avoir des cas de piétin, il convient donc, pour Pierre Autef, « de faire ou de faire faire des diagnostics différentiels ». La réalisation de culture ou de PCR peut permettre de valider un diagnostic difficile et ainsi d’adapter le traitement à la maladie. Mais il n’y a hélas pas de laboratoire qui réalise des PCR pour le piétin en France.

Si le piétin est avéré, il existe plusieurs traitements. Il y a déjà des principes de biosécurité à mettre en place. Il est notamment indispensable de réformer les animaux infectés de façon chroniques afin de diminuer la circulation des bactéries et sélectionner les sujets les plus résistants. Il faut vérifier régulièrement l’état des pieds de brebis boiteuses. Il convient de mettre en quarantaine, pendant au moins deux semaines, les animaux achetés à l’extérieur et de bien vérifier l’état des pieds avant achat. Si un animal acheté présente des boiteries, il faut pratiquer une désinfection locale et le maintenir en quarantaine.

Différents types de traitements

Il existe aussi des traitements locaux à appliquer en cas de piétin. Ils permettent de réduire la quantité de bactéries présentes au niveau de l’espace interdigité et abaisse donc la pression d’infection du milieu. Ces traitements permettent aussi de traiter au cas par cas et n’ont pas d’impact sur la flore bactérienne de l’animal. De plus, il n’y a pas de temps d’attente entre l’application et la consommation du lait ou de la viande. Cependant, ils sont coûteux en temps et l’application peut être laborieuse. Avant de traiter, le vétérinaire a rappelé « qu’il convient aussi de réaliser un parage soigné pour améliorer l’action du principe actif ». Il existe aussi des traitements d’antibiothérapie par voie générale. Plus rapides et faciles à appliquer, ils permettent de traiter à grande échelle. Cependant, il convient de maintenir les animaux dans un environnement sec pendant 24 heures après le traitement afin de potentialiser l’effet des antibiotiques. De plus, des récidives sont possibles après le traitement car la molécule active est éliminée en quelques jours. Des soins locaux et collectifs peuvent aussi être mis en place comme le pédiluve. Les animaux peuvent aussi être vaccinés avec le Footvax, un vaccin mutlivalant qui prend en charge 10 sérotypes des bactéries. Il a une efficacité curative et préventive. Les résultats de ce traitement son cependant hétérogènes.

Oligo-éléments : carences et diagnostic

Le docteur Nicolas Moreau, conseiller en productivité ruminants chez Technivet et vétérinaire conseil du groupement d’éleveurs Bergers du Nord-Est (08), a présenté aux participants l’importance des oligo-éléments. Il a commencé par rappeler que les oligo-éléments sont "des éléments présents en petites quantités qui jouent cependant des rôles essentiels dans le métabolisme". Les oligo-éléments sont généralement des cofacteurs de nombreuses enzymes. Ils doivent donc être apportés en quantité suffisante dans l’alimentation. Des carences entraînent des symptômes multiples comme la chute d’appétit, une perte de poids, une croissance ralentie ou une diminution de la production laitière…

Des carences primaires ou secondaires

L’absorbalité des oligo-éléments est variable selon les formes distribuées. Une carence en un oligo-élément peut entraîner une carence secondaire pour un autre oligo-élément. Des excès en certains oligo-éléments peuvent parfois être observés lors d’une erreur de dosage ou à proximité de certaines activités industrielles.

Les ovins sont peu sensibles aux carences en fer mais le cuivre est un élément nécessitant une attention particulière de la part de l’éleveur. En effet, la dose recommandée est proche de la dose toxique. C’est un élément essentiel pour les ovins. Une carence peut entraîner des troubles nerveux et osseux, une dépigmentation de la peau et des poils, des troubles cardiaques. Cette carence peut être un effet secondaire à un excès de molybdène et de soufre. S’il est présent en excès, il peut entraîner un ictère hémolytique (jaunisse).

Un diagnostic différentiel pour déterminer une carence

Mais pour établir s’il y a ou non une carence dans l’un ou l’autre oligo-élément, il faut, selon le vétérinaire, « faire un diagnostic différentiel et analyser tous les symptômes. Il existe en effet des symptômes spécifiques à la carence en certains oligo-éléments ». Quand il y a suspicion de carence, « il faut d’abord éliminer toutes autres causes éventuelles qui pourraient provoquer ces symptômes ». Pour diagnostiquer ou confirmer une carence, il peut, selon le docteur Moreau, « être utile d’établir un profil métabolique dans certains cas, mais ce choix doit être motivé et il faut avoir une idée de la carence que l’on recherche ». Il doit se faire sur au moins cinq brebis de la troupe. De plus, il doit « être interprété en corrélation avec les signes cliniques existants. Il faut aussi analyser l’historique de l’élevage afin de voir si les résultats expliquent les problèmes observés ». C’est donc un outil de diagnostic à manier avec précaution et certains vétérinaires présents dans la salle semblaient sceptiques quant à son utilité réelle sur le terrain.

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