Le pastoralisme en danger face au loup
Dans les Causses et Cévennes, le loup rôde depuis quelques années, causant des pertes dans les troupeaux au pâturage. La prédation suscite l’anxiété chez les éleveurs et met en péril le pastoralisme pourtant solidement ancré dans la tradition locale.
Dans les Causses et Cévennes, le loup rôde depuis quelques années, causant des pertes dans les troupeaux au pâturage. La prédation suscite l’anxiété chez les éleveurs et met en péril le pastoralisme pourtant solidement ancré dans la tradition locale.

Du 17 au 20 octobre, bergers et experts du pastoralisme se sont réunis à l’occasion des Rencontres internationales des acteurs de l’agro-sylvo-pastoralisme de l’arc méditerranéen (Riaam). À cheval entre l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier et Florac en Lozère, de nombreuses conférences et animations ont eu lieu. Les 180 participants ont pu découvrir les systèmes pastoraux locaux grâce à trois circuits, les emmenant à travers garrigue, Causses ou Cévennes. En plus des éleveurs et experts du pastoralisme français, des délégations venues de pas moins de dix pays de l’arc méditerranéen (Albanie, Algérie, Espagne, Grèce, Italie, Maroc, Portugal, Suisse et Tunisie) étaient présentes durant les quatre jours de rencontres et d’échanges multiculturels. Suite à l’inscription des Causses et Cévennes sur la liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel vivant, l’Unesco a demandé à l’État français de travailler plus largement sur le pastoralisme méditerranéen, en collaboration avec les représentants du pastoralisme des pays de l’arc méditerranéen. Les Riaam ont permis de créer un groupe de travail qui réfléchira autour de la possible inscription des paysages agro-sylvo-pastoraux des pays du Maghreb au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le pastoralisme est un pilier économique incontournable
Ce sont les pratiques pastorales locales qui ont maintenu une culture vivante sur ces territoires cévenols et caussenards, qui ont préservé ces milieux fragiles de l’enfrichement. La méthode Mil’ouv vise à restaurer et maintenir les milieux ouverts dans les Causses et Cévennes grâce à l’action des bergers et éleveurs qui sont les interlocuteurs de ce programme, tout en valorisant au mieux la végétation disponible. « Le pastoralisme est une activité économique à part entière, il ne faut pas l’oublier !, assène François Giacobbi, élu de la chambre d’agriculture de l’Aveyron, et cette activité maintient la vie humaine et la biodiversité sur notre territoire ».
Bien que le soleil n’ait pas été au rendez-vous, les ateliers thématiques ont suscité des débats éclairés sur la question de la transmission des savoirs, des dynamiques territoriales, les filières agropastorales, le pastoralisme dans le changement climatique et bien sûr, la prédation. L’ombre du loup planait dans chaque discussion, des éleveurs et bergers inquiets de la pérennité de leurs activités, des personnalités politiques tentant de trouver les bons mots pour évoquer ce sujet douloureux et rassurer de leurs mieux les acteurs du terrain… Le loup est omniprésent dans les têtes et les éleveurs sont écœurés devant leur impossibilité d’agir concrètement. Qu’adviendra-t-il des milieux ouverts, du métier de berger, du pastoralisme en général si les animaux doivent rester cloîtrés pour leur sécurité ?