Le grand retour des brebis dans la plaine
Si les intérêts de faire pâturer les surfaces céréalières par les brebis sont aujourd’hui connus des éleveurs, les bienfaits pour les cultures le sont beaucoup moins. Les brebis sont de retour dans les plaines des zones de grandes cultures et avec elles apparaissent des avantages pour l’éleveur, qui accède à de nouveaux espaces de pâturage et pour le cultivateur qui bénéficie de l’action naturelle des ruminants. L’étude Poscif a démontré les synergies possibles entre ces deux productions. Ce dossier livre un éclairage nouveau, de récents résultats d’étude à l’appui.
« Les partenariats entre céréaliers et éleveurs se développent »
Cela faisait plusieurs décennies qu’on ne voyait plus de troupeaux de brebis pâturer les plaines des « greniers à blé » français. Mais ça y est, les brebis sont de retour ! Ce n’est plus du pâturage d’été sur les chaumes après la moisson, avec des brebis gardées uniquement la journée par le berger et ses chiens Beaucerons. Aujourd’hui, elles pâturent jour et nuit en automne et en hiver sur des parcelles clôturées au fil électrique ou au filet. Des milliers d’hectares de couverts végétaux et de céréales sont à leur disposition. Et comme il n’y a plus de troupeaux dans pratiquement toutes les exploitations comme ce fut le cas dans les années 1950 en Beauce par exemple, les céréaliers font appel à leurs voisins éleveurs. Cet échange de bons procédés se développe, comme le montre Poscif (programme du pâturage ovin des systèmes céréaliers en Île-de-France) , piloté par Agrof’île. Alexandre Faucher, berger itinérant, valorise la plaine de Fleury en Bière en Seine-et-Marne depuis plusieurs années : « Mes brebis pâturent la forêt de Fontainebleau au printemps et en été. On avait des intérêts communs avec les céréaliers et on a trouvé une synergie pour travailler ensemble dans la plaine aux deux autres saisons ».
Aux Molières dans l’Essonne, Abel Pithois, céréalier, explique que « le partenariat avec le berger n’est pas monétaire. C’est simplement un céréalier qui met à disposition une parcelle et les brebis d’un éleveur qui va la nettoyer ». Thomas Lafouasse à Pecqueuse dans l’Essonne ajoute que « le berger s’adapte à mes directives selon mes besoins agronomiques. Par exemple, il libère une parcelle pour que je puisse semer ou bien il fait pâturer un blé au bon stade pour que je gagne un peu en rendement. J’économise du gasoil et des charges de mécanisation et donc, je ne fais pas payer ». Pour les éleveurs ovins qui avaient perdu l’habitude de sortir leur brebis, le gain économique est de taille. « La baisse des charges d’alimentation est importante et atteint jusqu’à 80 %, explique Emeric Emonet de l’Association de coordination technique agricole (Acta). Les frais vétérinaires sont également en baisse ».
Trois fiches techniques pour réussir le pâturage des grandes cultures
Pour connaître les dernières références sur le pâturage des brebis sur les surfaces céréalières, trois fiches techniques sont à votre disposition sur www.idele.fr et www.inn-ovin.fr dans la série « Le retour des brebis dans la plaine » : "Pâturage des céréales : les premières références", "Des brebis en bonne santé sur les surfaces céréalières", "Le pâturage des couverts d’interculture : une formule gagnante". Ces fiches techniques regroupent de nombreux témoignages d’éleveurs et de céréaliers ainsi qu’un résumé des résultats techniques observés.