Aller au contenu principal

Le fumier composté avec des déchets verts

La Belgique est un pays très avancé dans la gestion des déchets issus de l’agriculture et de des industries agroalimentaires. Exemple avec la société Agricompost.

L’usine Agricompost est née en 1996 à l’initiative de Jean Devillers et de six éleveurs. Ils sont partis du constat qu’il était important de valoriser et de traiter le fumier d’élevage. Ils ont donc acheté une composteuse fabriquée par la société Ménard. En tant qu’éleveur et vétérinaire, Jean Devillers estimait en effet qu’il était « dangereux d’épandre le fumier non composté sur les pâturages car cela entraîne l’épandage de dose excessive » créant des déséquilibres dans le sol et des problèmes environnementaux. Après deux ans de compostage de fumiers, les créateurs se sont rendu compte que certains fumiers bovins, notamment les raclures de couloir, ne se compostaient pas car ils sont trop humides. Ils ont donc cherché à ajouter de la matière plus riche en carbonate. Ils ont ainsi vu une opportunité d’y associer des déchets verts d’intercommunales qui cherchaient un débouché pour leurs déchets. La société a alors commencé à faire du co-compostage entre déchet vert et fumier. Ce co-compostage a créé du compost de qualité supérieur.

Ce compostage se faisait au départ chez les éleveurs. Mais la société a acquis en 1999 un site de compostage de 10 hectares avec un hectare de hangar couvert. Ce terrain, situé sur un ancien campement militaire, reçoit désormais les déchets verts et les fumiers.

Recycler en créant des engrais précisément dosés

Afin de créer du compost plus riche et valoriser encore d’autres types de déchets, la société associe depuis 2003 les déchets verts et des sous-produits de l’industrie agroalimentaire. En Wallonie, une réglementation stricte a en effet été mise en place pour obliger les industries à traiter leurs déchets. Agricompost a donc profité de cette opportunité en proposant aux entreprises des solutions légales. L’entreprise valorise donc aussi depuis 2008 des produits issus de la production d’agroénergie comme des cendres de céréales d’usine de bio éthanol. Ces cendres, riches en phosphore, sont intégrées à la fin du processus de compostage ce qui permet d’en faire des engrais organo-minéraux. Tous les engrais sont formulés de manière à garantir des teneurs en azote et en potassium.

Les engrais sont vendus en Belgique et 40 % sont exportés en France, notamment en Champagne et dans les Hauts de France. Des sept créateurs de l’entreprise, il ne reste aujourd’hui que deux actionnaires encore actifs. L’usine emploie aussi deux ingénieurs agronomes, un qui s’occupe de la qualité dans l’usine et un chargé de la recherche et développement. Avec l’aide de cinq ouvriers à temps plein, elle produit environ 40 000 tonnes de composts, co-composts, humus et engrais organo-minéraux, avec des produits allant de 3 à 100 euros la tonne. En France, le distributeur principal d’Agricompost est l’entreprise Deleplanque, un vendeur de semence de betterave et d’amendement minéraux.

Des matières premières à valeur négative

En 2016, le chiffre d’affaires de l’entreprise était de 2,5 millions d’euros. Actuellement, elle travaille sur une nouvelle formule destinée à enrichir les composts d’éleveurs afin d’apporter sur l’andain de compost un complément pour corriger notamment les carences en phosphore. Pour être viable économiquement, une partie des matières premières qui arrivent à l’usine doivent être à valeur négative, c’est-à-dire que l’usine est payée par un tiers (commune, éleveur, etc.) pour traiter ces déchets. Le coût de la transformation ne serait sinon pas remboursé par le prix de vente du produit. La Belgique est à la pointe dans la valorisation des déchets car, sur son territoire, se trouve une grande concentration d’industries agroalimentaires (fruits, légumes, pommes de terre…). Cette organisation permet à l’entreprise d’être compétitive sur le marché des engrais même si, pour le moment, le coût de transport peut rester un frein pour les expéditions à distance. Cependant, pour les engrais organo-minéraux plus concentrés, le rayon de distribution est élargi.

Chiffres clés

1996 année de création de l’entreprise
2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires
40 000 tonnes produites
3 à 100 euros la tonne
7 salariés

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
<em class="placeholder">Florent et Charles Souyris et Philippe Galtier, Gaec de Cuzomes</em>
Aveyron - « Nous avons investi pour travailler 35 heures par semaine dans notre élevage ovin »
Dans l’Aveyron, les trois associés du Gaec de Cuzomes montrent comment ils ont optimisé la productivité du travail et la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre