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« L’alimentation durable sans productions animales est une utopie »

Le couple herbivore-prairie protège les sols et le paysage. En valorisant fourrages et coproduits, les productions animales fertilisent les sols et produisent des protéines de qualité. Le point avec Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture de l’Inra.

[le gars à droite...]Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint Agriculture de l’Inra : « L’élevage a toute sa place dans une alimentation durable, loin d’être un acteur majeur du réchauffement climatique, il doit être l’un des acteurs majeurs d’une agriculture climato intelligente. » © D. Hardy
[le gars à droite...]Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint Agriculture de l’Inra : « L’élevage a toute sa place dans une alimentation durable, loin d’être un acteur majeur du réchauffement climatique, il doit être l’un des acteurs majeurs d’une agriculture climato intelligente. »
© D. Hardy

Les critiques de l’élevage sont basées sur des convictions, certes louables, de protection de la planète. Amplifiées par des campagnes tapageuses voire dogmatiques, elles prônent une alimentation basée quasi exclusivement sur des productions végétales. Ces critiques mènent à une vision étriquée des équilibres nutritionnels et écologiques alors que ceux-ci sont complexes. Par exemple, la vision simplificatrice qui réduit l’évaluation de l’élevage à une mauvaise conversion d’énergie alimentaire oublie que les ruminants produisent des protéines en valorisant des fourrages et que ces fourrages sont produits à partir de prairies et de terres difficilement convertibles économiquement à la production de cultures vivrières. Les concentrés qui constituent le reste de la ration sont eux-mêmes pour partie issus du recyclage de résidus ou coproduits de l’industrie agroalimentaire (sucreries, huileries, amidonneries…) et des biocarburants. Ni le fourrage ni ces coproduits ne sont valorisables en alimentation humaine et le ruminant est le seul animal à pouvoir convertir de la cellulose indigestible pour nous en protéines de lait ou de viande qui font figure de référence nutritionnelle.

Les prairies stockent le carbone et protègent de l’érosion

L’élevage en France valorise 45 % de la SAU sous forme de prairies. Les sols sous prairies, comme les sols forestiers, sont remarquablement plus riches en biomasse et en diversité microbiologique que les sols sous cultures même lorsque ceux-ci sont labourés moins fréquemment. Les zones d’élevage se superposent ainsi aux zones de sols riches en matière organique. Cette richesse en matière organique constitue un puits de carbone et un stockage du carbone qui compense en partie les émissions de méthane des ruminants. Ces surfaces en prairies et les éléments paysagers qui lui sont associés (notamment les haies) contribuent également à la préservation de la biodiversité. Ce sont aussi des endroits qui ne reçoivent que rarement des pesticides. Les sols sous prairies subissent des pertes par érosion 20 fois plus faibles que sous culture annuelle et ils contribuent par leur texture à une bonne filtration des eaux de surface, à la limitation des pertes par ruissellement et à la recharge des nappes phréatiques.

Les déjections assurent un retour de matière organique aux sols

C’est bien le couple herbivore et prairie qui est important pour que l’écosystème prairial puisse fonctionner. En l’absence d’animaux, les herbes hautes évoluent en friches, qui n’enrichissent pas les sols, puis vers la forêt, qui ne nourrit plus les hommes. Dans les zones plus marginales, ces sols sous friches subissent l’érosion après avoir été dénudés par des incendies et, dans les zones humides, les herbes pourrissent en émettant du méthane sans produire d’aliment et sans stockage de carbone compensatoire contrairement aux surfaces valorisées par les ruminants. Les déjections des animaux assurent un retour de matière organique aux sols et permettent aux flores aérobies de la surface des sols de transformer les résidus des cultures en humus et en formes de carbone stable. »

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