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Prédation
La sauvegarde du pastoralisme face au loup en débat au Sénat

A la demande du groupe Les Républicains, les sénateurs ont débattu mardi 16 janvier sur l’avenir du pastoralisme confronté à la prédation du loup.

Loup rôdant dans la neige.
Le statut de protection du loup pourrait être revu. Il est férocement débattu dans les sphères politiques nationales et européennes.
© M. Langthim

L’automne et la fin d’année 2023 ont été marqués par d’importants débats sur le statut d’espèce strictement protégée dont bénéficie le loup aujourd’hui. La Commission européenne a proposé une révision du statut du grand prédateur et les discussions se font également à l’échelle nationale. Le groupe Les Républicains ont proposé un débat autour de la sauvegarde du pastoralisme face au loup au Sénat le 16 janvier.

Lire aussi : « Pas de révolution dans ce plan loup 2024-2029 »
 

"Le loup est l'agresseur, la brebis la victime"

Sénatrice des Alpes-Maritimes, département qui concentre à lui seul 587 attaques pour 1 500 victimes rien que sur les neuf premiers mois de l’année 2023, Dominique Estrosi-Sassonne ouvre le débat : « Sans reproduire les erreurs du passé, ne pourrait-on trouver un meilleur équilibre, reconnaître qu'entre le loup et la brebis, le loup est l'agresseur, la brebis la victime ? Face à la violence de la prédation, les chèques d'indemnisation ne suffiront jamais à apaiser les angoisses d'éleveurs et de bergers soumis à une forme de harcèlement. L'amélioration de leurs conditions de travail doit être notre priorité, à l'aube d'une loi sur le renouvellement des générations, défi majeur de notre agriculture. Nos éleveurs ont le droit à la tranquillité et à la sécurité. Quelle tristesse de voir le pastoralisme réduit à son seul face-à-face avec le loup, alors que la transhumance a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité à l'Unesco. »

Lire aussi : Le loup devient un danger pour le bétail, reconnait la Commission européenne
 

Les activités d'élevage en danger face aux loups

Le ministre de l’agriculture rappelle tout au long de l’échange animé et passionné les avancées selon lui du plan d’actions national loup 2024 – 2029, qui ne peut être « un simple prolongement » des quatre plans précédents. Avec 1 104 loups comptabilisés à la fin de l’été dernier, « la conservation de l'espèce est désormais assurée : ce ne sont plus les loups qui sont en danger, mais les activités d'élevage ! Avec le ministre de l’Écologie, nous avons travaillé sur des priorités qui se retrouvent dans le plan 2024-2029. D'abord, mettre le pastoralisme au coeur du plan d'actions. Ensuite, et c'est le nœud du problème, passer du statut d'espèce strictement protégée au statut d'espèce protégée au niveau européen, ce qui permettra de passer de tirs dérogatoires défensifs à des tirs de gestion préventifs », souligne Marc Fesneau. 

Ce changement de statut permettra de rehausser le plafond de prélèvements en instaurant ainsi des zones de régulations plus fortes là où la prédation se fait plus intense. 

Un risque pour la population française ?

Les chiens de protection des troupeaux (CPT) font leur apparition dans le débat. « Les patous ne doivent plus être soumis aux règles de la divagation. Il faut aussi éviter les poursuites au pénal, appuie le ministre de l’Agriculture. Le statut de chien de troupeau n'exonère pas de responsabilité en cas de faute, mais bien dans le cas d'une attitude normale du chien. »

En conclusion du débat, Jean Bacci, sénateur du Var, rappelle le fait divers qui s’est produit le 2 janvier 2024, sur la commune varoise de Lorgues : « Marc, chasseur varois que j'ai rencontré la semaine dernière, a eu le malheur de croiser le chemin d'un loup qui l'a attaqué. Terrifié, il n'a eu que le réflexe de tirer en l'air pour le faire fuir. Ce loup avait, la veille, attaqué un troupeau et dévoré son patou - ce que l'OFB, étrangement, semble avoir oublié. Inquiet que l'animal ne croise une famille, Marc alerte la gendarmerie. Et la machine administrative et judiciaire s'emballe, folle d'absurdité : on lui fait peur, l'intimide, le traite d'affabulateur. Il est même convoqué par l'OFB pour tentative de destruction d'espèce protégée ! Sur les caméras placées près du troupeau attaqué quelques heures plus tôt, on voit les loups, tranquillement assis devant la clôture, en train de choisir les bêtes dont ils vont se délecter... »

Enfin dans la nuit du 10 au 11 janvier, un troupeau a été attaqué par des loups à proximité d’un lycée agricole d’Hyères (Var). Le sénateur met en garde : « Il est grand temps de faire évoluer nos positions, avant que l'inéluctable ne se produise ! »

Lire aussi : 1 104 loups en France, 200 de plus qu’annoncé en juillet !

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