La ressource en bois valorisée en litière
Les haies bordant les champs peuvent être broyées sous forme de plaquettes qui servent ensuite comme litière pour les ovins. Des essais commencent.

Climagrof lance une expérimentation sur l’intérêt de l’agroforesterie dans les élevages ovins et notamment valorisée sous forme de litières plaquettes. Les essais se dérouleront de 2017 à 2019, à l’Inra de Laqueille (Puy-de-Dôme), au Ciirpo (Haute-Vienne), à Fedatest (Haute-Loire), aux lycées de Moulins (Allier) et Saint-Flour (Cantal). « L’intérêt des plaquettes a déjà été démontré en élevage bovin, reste à trouver les références optimales en ovin, à différentes étapes : fin de gestation, lactation, finition des agneaux », résume Denis Gautier, directeur du Ciirpo et coordinateur du programme Climagrof, financé par la FNADT et la région Nouvelle-Aquitaine.
Des haies déchiquetées en plaquettes
« L’entretien des haies est plus perçu comme une contrainte que comme une ressource. Pourtant dans les zones bocagères, elles constituent un bon substitut à la paille », interpelle Stéphane Hekimian de la Mission Haies Auvergne, lors d’une journée technique, organisée par EHLG (Pays basque). Il conseille de travailler les haies sous forme de taillis, avec un recépage des arbustes et un élagage des arbres, afin de dégager 10 à 20 m3 de plaquettes par kilomètre de haie et par an. Les haies le long des cours d’eau ont une croissance rapide et un potentiel estimé entre 30 et 50 m3/km/an. La taille doit intervenir lors du repos physiologique ou à sève descendante, idéalement en hiver. Pour préserver la pérennité de cette ressource, il est impératif de clôturer, afin d’éviter que les troupeaux ne mangent les repousses. Pour transformer la matière première en plaquettes, l’utilisation d’une déchiqueteuse à couteaux est conseillée, car le broyeur à marteaux rend les plaquettes plus fibreuses, plus grossières et moins confortables. Le coût de la taille, du déchiquetage et du transport jusqu’à la ferme, avec du matériel Cuma est estimé, à 13 euros par m3. « Il est plus efficace et rentable de transporter les plaquettes produites que le bois à broyer » prévient Stéphane Hekimian. Les plaquettes sèchent pendant 3 à 4 mois, sans être remuées. Elles sont stockées en tas, de 3 m de haut minimum, dans un bâtiment ou à l’extérieur sous une bâche géotextile, qui laisse passer l’humidité.
Premiers essais de litière en bergerie
Au lycée agricole de Charolles, une première couche de 3 à 4 centimètres de plaquettes a été amenée au godet, puis étalée. Ensuite deux fois par semaine, un centimètre de plus a été ajouté. Selon les éleveurs qui pratiquent déjà ce type de litière, les performances en lactation et engraissement sont similaires en litière bois et paille. Par contre, le temps de travail est supérieur en litière bois en l’absence de mécanisation en bergerie. Comme les déjections ovines sont plus sèches que celles des bovins, elles ont tendance à créer une couche très compacte en surface. On considère que 4 m3 d’apparent plaquettes équivalent à une tonne de paille.
Le fumier de plaquette s’épand comme un fumier à paille
« Il ne faut pas confondre sciure et plaquette », rappelle Stéphane Hekimian. La sciure est fortement acidifiante pour les sols, alors que le fumier de plaquettes de bois blancs (aulne, frêne, saule) et de branches (châtaignier, chêne), riches en azote et peu riches en tanins, peut être épandu comme un fumier à paille, sans incidence sur les sols. En revanche, les plaquettes de troncs de bois à tanins (acacias, châtaignier, chêne, hêtre) et résineux, doivent être préalablement compostées avant épandage. Le fumier ne doit pas être enfoui, car le bois se décompose en surface, en présence d’oxygène. En l’état actuel des connaissances, la chambre d’agriculture du Cantal préconise 10 à 15 tonnes par hectare.