La Maison régionale de l’élevage mise sur la productivité
Les éleveurs ovins de la région Paca ont présenté leur feuille de route pour l’année 2016 à l’occasion de l’assemblée générale de la Maison régionale de l’élevage.
La Maison régionale de l’élevage de Provence-Alpes-Côte-d'Azur a tenu son assemblée générale au domaine du Merle le 25 avril. L’occasion de revenir sur les chantiers qui ont animé la filière ovine du Sud-Est en 2015, et les projets pour l’année 2016. « Nous nous sommes penchés sur la rédaction d’une nouvelle feuille de route avec comme axe prioritaire la productivité, car sans cela, l’élevage ovin est amené à disparaître », a expliqué Lionel Escoffier, nouveau président de la section ovine.
Un diagnostic d’ambiance en bergerie
Pour cela, la MRE travaille sur la reproduction avec notamment la diffusion du gène Booroola. « Installé sur un secteur séchant et de plus en plus grignoté par la ville, je ne pouvais pas augmenter la taille de mon troupeau, a témoigné Dominique Raymond, éleveur dans le Vaucluse. Ma seule solution pour augmenter ma production et mon revenu était donc d’essayer de faire plus d’agneaux ». Avec le gène booroola, sa production d’agneaux a augmenté de 30 %. Leur durée d’engraissement est passée à 116 jours contre 109 et leur poids à l’abattage est resté globalement similaire. « Je travaille aussi sur la valeur laitière pour avoir des brebis capables de nourrir deux voire trois agneaux et je n’utilise quasiment pas l’allaitement artificiel. »
Dans le cadre du programme Inn’ovin, la MRE a aussi mis en place des journées de formations sur le bâtiment. « Nous allons proposer des diagnostics d’ambiance pour résoudre les problèmes de ventilation en bergerie, annonce Laurence Mundler, architecte-conseil en bâtiment à la MRE, car nous nous sommes rendus compte que les éleveurs avaient beaucoup d’interrogations sur le sujet ». Le domaine du Merle a d’ailleurs le projet de construire une nouvelle bergerie multimodale pour répondre aux objectifs de production, formation et expérimentation.
Des créations d’exploitations facilitées
La MRE a également mené en partenariat avec l’Institut de l’Élevage et les chambres d’agriculture de la région une étude sur deux ans pour mieux connaître le profil des éleveurs qui s’installent en ovins viande dans la région et adapter les outils de conseils aux jeunes installés. La région connaît une bonne dynamique d’installation, en particulier dans les zones de montagnes, puisque 90 installations ou création de troupes ont eu lieu en 2015, aux trois quarts dans les Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes. L’âge moyen des nouveaux éleveurs est de 34 ans et un tiers sont des femmes, signe d’une féminisation du métier. Un tiers des installations étaient hors-cadre familial. Ces installations hors cadre se font le plus souvent par création d’exploitation, ce qui traduit la difficulté de transmission des outils existant mais aussi la relative facilité à s’installer spontanément sans trop d’investissements, notamment grâce aux systèmes de locations précaires. Phénomène nouveau en 2015, douze ateliers ont été créés dans des exploitations bovines ou céréalières en recherche de diversification, « peut-être pour tirer profit d’une PAC qui s’annonce plus favorable à l’élevage ovin ? » s'interogeait Remi Leconte de la MRE en présentant les résultats de l'étude.
Non à l’étiquetage nutritionnel sur les produits fermiers
Les éleveurs de brebis laitières de la région, qui transforment leur lait à la ferme, ont fait part de leurs inquiétudes quant au règlement Inco qui prévoit l’obligation d’étiquetage nutritionnel des produits alimentaires pré-emballés en décembre. « La composition du lait varie au cours de l’année et la dessiccation fait aussi varier la composition des fromages, met en garde Brigitte Cordier, éleveuse de brebis et présidente de la commission fromages fermiers de la MRE. Il est donc impossible d’avoir des indications nutritionnelles sur nos fromages fermiers. Ce sera la bataille de l’année. »
Bientôt un centre de ressources sur la transhumance
Le 4 mai, a été posée au domaine du Merle la première pierre d’un futur centre de ressources euro-méditerranéen sur la transhumance. Cette pose symbolique marque le début de la rénovation des locaux qui accueilleront ce centre dont l’ouverture est prévue au printemps 2017. Hébergeant la Maison de la transhumance depuis 2012, le domaine du Merle travaille également sur la transhumance dans le cadre de ses activités expérimentales ou de formation depuis 1948. Les deux structures qui cumulent un patrimoine d’une grande diversité sur ce sujet ont donc décidé de réunir leurs fonds documentaires dans le cadre d’un centre de ressource afin d’assurer leur conservation et les rendre consultables par un public plus large.