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Je me suis installée en moins d’un an en élevage ovin

Fille d’agriculteur, Angéline Pierra est passionnée par l’élevage ovin depuis toute petite. Il y a trois ans, elle s’est installée en individuel sur le site de la ferme familiale.

Angéline Pierra a travaillé six mois dans un élevage ovin avant de s'installer, une expérience indispensable pour voir d'autres façons de travailler.
Angéline Pierra a travaillé six mois dans un élevage ovin avant de s'installer, une expérience indispensable pour voir d'autres façons de travailler.
© JA

Je baigne dans l’élevage depuis mon enfance : mon papa a élevé des ovins jusqu’en 2012, année où il a décidé d’arrêter à la suite d’un épisode Schmallenberg sur sa troupe. J’avais toujours eu en tête de m’installer, cela ne m’a pas arrêtée ni découragée. Installée à titre individuel en 2019 à 21 ans, j’ai remonté la bergerie sur le même site, à Piennes-Onvillers dans la Somme.

Avant cela, en 2017, BTS Acse en poche, je suis partie travailler six mois en Normandie sur un élevage ovins et bovins allaitants. L’objectif était de voir une autre façon de travailler que sur l’élevage familial. Dans mon lycée, tous les stages devaient être effectués en vaches laitières donc j’avais besoin de cette expérience avant de m’installer. Ça été très enrichissant, et en tant que salariée, j’ai appris beaucoup plus que si j’avais été stagiaire.

Mon projet était mûr dans ma tête depuis longtemps. Ma procédure d’installation a débuté en juin 2018. En moyenne, cela prend une année. J’ai pressé un petit peu les choses pour avoir tous les éléments administratifs validés en mars 2019 et accueillir mes premières agnelles et béliers en juin. J’ai ainsi pu commencer la lutte au mois d’août de la même année. C’était important pour moi de ne pas décaler d’une année de plus mon installation et d’assurer les premiers agnelages dès janvier-février 2020. La première année est complexe à passer pour un jeune agriculteur, surtout lors d’une création d’atelier ou d’exploitation. Il faut vivre, commencer à rembourser les emprunts, payer les factures… alors qu’il n’y a encore aucun agneau à vendre. D’ailleurs, même avec des investissements limités, j’ai été obligée de puiser dans mes fonds propres. Dans le plan de financement, nous avions omis les besoins en trésorerie de l’élevage pour la première année.

J’ai débuté avec 60 brebis île de France. Mon choix s’est porté sur cette race parce qu’elle fait de beaux agneaux, je voulais mettre toutes les chances de mon côté. C’est aussi la race qu’élevait mon papa.

Savoir réviser ses objectifs

Aujourd’hui, j’ai 180 brebis et mon objectif est de remplir le bâtiment, soit 300 à 350 brebis d’ici deux à trois ans. Lors de la conception de mon plan d’entreprise, j’avais planifié 400 mères, mais il aurait fallu construire une nouvelle bergerie et cela ne passait pas financièrement.

Les brebis occupent l’ancienne bergerie de mon père. Si le bâtiment est en bon état, l’aménagement intérieur était à refaire : auges, claies pour les parcs, pailleuse, louve… Depuis le départ du troupeau en 2012, il servait de hangar de stockage pour le matériel.

Les agneaux sont vendus aux Bergers du Nord Est (BNE). Cette année, je me lance dans la vente directe d’agneau en caissette. Les opérations d’abattage et de découpe sont réalisées par BNE, et je m’occupe de la vente. Avec cette activité, mon objectif est d’augmenter le produit de l’élevage et pouvoir dégager un revenu.

Lorsque le troupeau aura atteint sa taille « de croisière », j’aimerais faire de la sélection et participer à des concours. C’est pour cela que je travaille en race pure depuis le départ.

J’ai eu l’occasion l’année dernière d’accueillir des jeunes sur l’élevage pour leur parler de mon parcours d’installation et les encourager. Je leur dis que même si ce n’est pas facile, il ne faut pas baisser les bras. Je fais le métier que j’aime, je connais ses avantages et ses inconvénients. Lorsque l’on travaille avec du vivant, ce n’est pas simple tous les jours. Il faut être passionné.

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