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Pastoralisme
Il était une fois les bergers des Alpes

Le Cerpam et ses partenaires ont dévoilé les résultats d’une vaste enquête sur les bergers et bergères des Alpes.

Au printemps de cette année, le Cerpam, la fédération des alpages d’Isère, les sociétés d’économie alpestre de Savoie et Haute-Savoie et leurs partenaires ont publié un document de 13 pages reprenant les résultats d’une vaste enquête. Portant sur le métier de berger et vacher en alpage, l’enquête a intégré les témoignages de 142 gardiens de troupeaux répartis sur l’ensemble des départements alpins. Un tiers d’entre eux sont des femmes et la majorité des personnes interrogées avaient entre 25 et 44 ans. Près de 30 % des bergers vivent en couple sur leur lieu de garde. Les bergers enquêtés sont pour les deux tiers originaires de zone rurale mais on compte tout de même plus de 20 % qui sont d’anciens citadins. La grande majorité est néanmoins originaire des régions alpines. Les jeunes bergers d’aujourd’hui (moins de 35 ans) ont, pour près de 50 % d’entre eux, un niveau scolaire équivalent à Bac+3, alors que les bergers plus âgés ne sont que 20 % avoir atteint ce niveau d’études. Par ailleurs, seuls 20 % des bergers ont suivi une formation agricole officielle et 50 % disent s’être reconvertis professionnellement.

Plus de 90 % des contrats sont des CDD

Les motivations principales pour devenir berger sont l’amour de la montagne et le style de vie, viennent ensuite la vocation et la passion des animaux. Devenir berger n’est pas un parcours simple car près d’un quart des interrogés disent avoir eu des difficultés (relation avec l’employeur, avoir un réseau pour trouver des places de garde, le fait d’être une femme, etc.). Le métier de berger a un taux de renouvellement des effectifs très important car parmi les personnes interrogées, la moitié avait entre 0 et 5 ans d’expérience. Par ailleurs, de plus en plus de bergers ont eu une expérience d’aide-berger dans leur parcours professionnel. Le taux de renouvellement s’explique en grande partie par la précarité de l’emploi puisque 91 % des bergers signent pour un CDD allant de 1 à 8 mois (avec une majorité de contrats entre 3 et 4 mois). D’autre part, 41 % des bergers travaillent seuls en estive, 38 % à deux bergers et 10 % avec un aide-berger. La rémunération du berger oscille entre 1 750 et 2 300 euros pour une base de 44 heures de travail hebdomadaires. Une fois l’estive terminée, plus de la moitié des bergers exerce un autre emploi, souvent salarié agricole ou employé en station de ski. En moyenne, les bergers sont actifs 7,5 mois par an, d’où une certaine fragilité financière.

Des cabanes principales pour la plupart confortables

Le taux de renouvellement s’explique aussi par le relationnel avec l’employeur, le confort de la cabane et la difficulté de l’alpage. Une faible part des bergers souhaitent aussi changer d’alpage simplement pour voir d’autres sites, sans qu’il n’y ait de contraintes particulières. La profession nécessite d’être mieux structurée, l’enquête met en lumière un fort sentiment de solitude des bergers face aux difficultés. Ils réclament pour un quart d’entre eux un meilleur salaire, mais aussi une meilleure gestion du temps de travail et du temps libre, la mise en place de conventions collectives et davantage de formations (60 % des bergers ressentent des besoins de formations sur les soins aux animaux, l’utilisation des chiens de conduite et de protection). Si 73 % des bergers se disent satisfaits du confort de leur cabane principale, 15 % alertent sur la vétusté des équipements pastoraux (parcs de tri vétustes, accès à l’eau difficile pour les bêtes).

Un partage de l'espace apaisé mais des problèmes de prédation

Le partage de la montagne entre les professionnels et particuliers semble relativement apaisé puisque 73 % des bergers disent avoir des relations bonnes ou neutres avec les autres usagers. De plus, 85% des bergers considèrent que l’information et la sensibilisation des randonneurs font partie de leur métier. Les principaux points d’accrochage sont le dérangement du troupeau, les chiens de protection et le non-respect de la vie privée du berger. A noter que les altercations avec des personnes anti-élevage sont de plus en plus courantes.

Enfin, plus de 80 % des bergers et bergères qui ont au moins deux ans d’expérience ont été confrontés à des attaques de loups du leur troupeau. Les bergers sont impactés moralement par la prédation avec une démoralisation, une augmentation du stress et un sentiment de travailler pour rien. Néanmoins, près de 80 % des bergers interrogés souhaitent poursuivre leur métier jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus suivre physiquement ou psychologiquement.

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