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Fédatest, la sélection de la performance individuelle

Les éleveurs ovins spécialisés viande gèrent la station génétique ovine Fédatest en Haute-Loire. Visite de la station, explication du schéma et perspective d’avenir.

Créée en 1979, la coopérative Fédatest regroupe en son sein les représentants des cinq races testées sur descendance et les utilisateurs. L’objectif est de déterminer les béliers transmettant le mieux leurs qualités à leur descendance.

La principale mission de la structure est de permettre le testage sur descendance des béliers dans des conditions homogènes. L’exploitation support de ce testage est basée à Paysat-Bas sur la commune de Mazeyrat-d’Allier (Haute-Loire). Cette dernière s’étend sur 200 hectares, répartis pour l’essentiel en prairies permanentes et parcours et quelques terres labourables (céréales, prairies temporaires). Ces surfaces permettent la production d’ensilage de maïs, d’herbe, de luzerne et de foin qui sont autoconsommés. La station est autonome en fourrages grossiers et seuls les concentrés sont achetés.

1 600 brebis mises en lutte et 70 béliers testés

La structure dispose de plusieurs bâtiments : une bergerie d’agnelage, une bergerie d’engraissement des agneaux et deux bâtiments de repos pour les brebis. Chaque année, 1 600 brebis sont mises en lutte et leurs agneaux engraissés, permettant le testage sur descendance de cinq races : Blanche du Massif central, la race locale mais aussi Berrichon du Cher, Ile de France, Suffolk et Rouge de l’Ouest. Cette troupe est renouvelée par l’achat annuel de 450 agnelles.

Le choix des béliers testés est déterminé par chaque race, après passage en station de contrôle individuel. Pour la Blanche du Massif central, les béliers sont triés dans la station de contrôle située sur le même site.

Des agneaux engraissés et mesurés de toutes parts

La sélection sur descendance des béliers est effectuée selon deux voies : la voie pour les qualités bouchères via les agneaux de boucherie et la voie pour les qualités maternelles via les femelles reproductrices (voir figure). Pour la voie des qualités bouchères, les 1 600 brebis et les agnelles sont inséminées dans le centre d’élevage Fédatest avec la semence des béliers à tester. À l’agnelage, les couples mère/agneaux sont mis en case pendant 24 à 48 heures pour être certain de la parenté puis séparés en lots sur critère numérique (agneaux simples ou double). Les animaux sont vaccinés contre la pasteurellose, l’entérotoxémie, la colibacillose et de l’argile leur est distribué en prévention de l’ecthyma.

Les agneaux ingèrent au cours de leur vie en moyenne 80 à 85 kg de concentré. Sur la période d’engraissement, les animaux ont un gain moyen quotidien compris entre 250 et 300 grammes par jour. Des pesées sont réalisées une fois par semaine jusqu’à l’abattage. L’objectif à l’abattage est d’avoir des mâles de 38 kg et des femelles de 32,5 kg de poids vif. Les mesures sur animaux avant abattage sont réalisées 48 heures avant le départ. Ces mesures comprennent une pesée et une série d’échographies pour déterminer la taille de la noix de côte ainsi que l’épaisseur de gras au niveau des côtelettes. Après abattage la longueur des carcasses, la largeur d’épaule et le rendement carcasse sont mesurés.

Les animaux produits sur la station sont abattus dans le Lot car les abattoirs plus proches n’ont pas les installations requises pour permettre les mesures post-abattage assez complexes lors des contrôles de performance. Les agneaux sont valorisés principalement en label « agneau fermier des Pays d’Oc ».

Les meilleurs pères dans les centres d’insémination

Pour la voie des qualités maternelles via les femelles reproductrices, la semence est mise en place directement dans les élevages sélectionneurs. Les agnelles de première génération sont mises à la reproduction. À la mise bas, leurs qualités maternelles sont évaluées.

Finalement, l’ensemble des mesures des performances effectuées sur les deux voies permettent de mesurer les qualités des béliers et de les synthétiser sous forme d’index. C’est sur la base de leurs qualités intrinsèques via ces index que les béliers sont répartis dans la filière de reproduction. Les meilleurs sont intégrés au haras des béliers des centres d’insémination pour chaque race en les classant améliorateurs bouchers, améliorateur élevage et élite. Une fois connus, ils seront utilisés pour diffuser leurs semences dans les élevages via l’insémination animale. Les autres béliers sont écartés du schéma de sélection.

La filière profite des reproducteurs présents sur la station Fédatest pour effectuer différents protocoles de recherche visant à améliorer nos connaissances sur l’élevage ovin et diffuser les résultats auprès des éleveurs. Les études portent sur la fertilité, la longévité fonctionnelle ou la résistance génétique au parasitisme.

Deux prélèvements de semence par semaine

En ce qui concerne l’insémination animale, les prélèvements de semence sont réalisés deux fois par semaine. La collecte se fait à l’aide d’un vagin artificiel chauffé à 36 °C. L’éjaculat est ensuite refroidi à 15 °C ce qui permet de le garder viable pendant 10 heures. Toutes les IA sont réalisées en frais. Deux éjaculats consécutifs permettent de fabriquer entre 15 et 20 paillettes suivant la qualité et la concentration de la semence. Un bélier peut permettre l’insémination d’au maximum 40 brebis par semaine. La durée permettant d’indexer un bélier est de deux ans. S’il est sélectionné, ses paillettes seront disponibles, tant que sa semence sera de bonne qualité.

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