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Un jour avec
Faycel Boureghda, ramasseur d’agneaux pour une coopérative

Depuis près de 25 ans, Faycel Boureghda sillonne les routes de l’Ardèche et de la Drôme pour collecter les agneaux de ferme en ferme, pour la coopérative Agneau Soleil.

6h30

Faycel Boureghda part de chez lui. Habitant dans la Drôme, il a le droit de garer la bétaillère chez lui pour lui éviter un trajet inutile jusqu’au siège de la coopérative Agneau Soleil à Sisteron. « Je préfère commencer tôt mes journées pour essayer de finir tôt et avoir du temps chez moi », explique le chauffeur de 56 ans. Si en hiver, le départ se fait sur les coups de 6h30, en été les tournées sont bien plus matinales, elles commencent entre 4h et 5h30 du matin. « Je passe en moyenne chez sept à neuf éleveurs par jour, selon les prévisions. C’est moi qui organise la tournée et qui reçoit les appels des éleveurs. Je reste toujours joignable », souligne Faycel. Les lundis et mardis sont dédiés à l’Ardèche, les mercredis à la Drôme. Les jeudis peuvent être pour la Drôme ou les Hautes-Alpes. « Je dors une nuit par semaine à Sisteron car c’est là que j’amène les agneaux drômois. » Le vendredi est un jour de repos bien mérité.

9h

Après maints virages sur les routes étroites et tortueuses d’Ardèche, on rejoint le premier élevage de la journée. Pierre Orcière est un ancien éleveur bovin laitier qui s’est reconverti dans le mouton. Avec ses 300 mères BMC et Préalpes pour l’agneau de l’Adret, il conduit son élevage avec rigueur, ce que Faycel apprécie particulièrement. « Le rôle du chauffeur est très important, atteste Pierre Orcière. Il constitue le lien privilégié entre la coopérative et les éleveurs. Il est multitâche, il a l’œil du technicien et n’hésite pas à discuter des problématiques que nous pouvons rencontrer. » Le chauffeur passe en moyenne tous les 15 jours, sauf à Pâques où il revient tous les huit jours chez les éleveurs. Ainsi il suit au plus près les évolutions des exploitations et peut apporter des conseils, fort de son expérience de terrain. « Côtoyer les éleveurs et travailler en confiance avec eux est vraiment ce qui me plaît dans mon métier », sourit Faycel Boureghda.

9h45

Après 20 minutes de route, le deuxième élevage est en vue. « Quand je conduis en Ardèche, je suis encore plus vigilant que dans les autres départements. Entre les animaux, les risques de verglas, les gens pressés, ceux qui pensent être seuls sur la route… » Faycel parcourt entre 300 et 400 kilomètres par jour, au volant de son camion autoporteur attitré. Ici, il faut charger 54 agneaux, qui viennent s’ajouter aux 25 de Pierre Orcière. « En tout, il y a la place pour 160 agneaux dans le camion. » Une fois celui-ci en position et la passerelle baissée au niveau de l’enclos, Faycel entre au milieu des agneaux et il les identifie grâce à son lecteur de boucles. « De mon côté, le lecteur me fait perdre du temps mais c’est plus simple ensuite pour le suivi administratif. Il faut juste que je ne l’oublie pas et que je pense à le recharger », blague-t-il. Une fois la liste des agneaux établie, ils sont chargés dans le calme dans la bétaillère. Tout le processus ne prend que 20 minutes, à quoi il faut ajouter le temps de remplir les papiers. « L’éleveur signe le relevé d’identification et ensuite il faut compléter le bon d’enlèvement dont un exemplaire lui est remis. »

10h40

Le paysage montagneux défile, on aperçoit au loin les Cévennes. Le troisième élevage de la journée fait face à un panorama à couper le souffle. « Je ne pourrais pas travailler à l’intérieur toute la journée, il me faut de l’espace, de l’air… », confie Faycel. Ici, pas d’agneaux à charger, mais une livraison à effectuer et une vente de béliers à conclure. « Faycel passe plus souvent que le technicien, c’est donc auprès de lui que l’on commande du matériel et il nous met en relation avec d’autres professionnels », apprécie Eric Boury, du Gaec de la Perate, à Saint-Julien le Roux. Ce lien particulier, Faycel l’a tissé au cours des 24 années de service pour la coopérative Agneau Soleil. « Il faut avoir le sens du contact, être à l’écoute, être force de propositions », énumère Faycel Boureghda. « Et aussi avoir du caractère sinon on se fait vite déborder », ajoute-t-il, malicieux. D’après lui, le métier est dur et nécessite d’être rigoureux et ne pas rechigner au travail. « J’adore mon boulot et pour cela je ne peux pas le faire à moitié », insiste-t-il, même s’il estime que son salaire pourrait mieux valoriser la difficulté de son métier, notamment avec le risque de transporter des animaux vivants.

12h

Direction l’abattoir communal d’Aubenas, au sud du département. Tous les agneaux collectés en Ardèche y sont abattus, tandis que ceux de la Drôme et des Hautes-Alpes partent directement à Sisteron. Agneau Soleil dispose également d’une ferme pour l’engraissement des agneaux maigres et des brebis de réforme. Pour l’heure, Faycel décharge seul les 79 agneaux de sa tournée. Il sépare les agneaux qui seront valorisés sous le label rouge Agneau de l’Adret et ceux qui partiront en circuit traditionnel. Le chauffeur organise ses tournées de manière à n’aller qu’une seule fois par jour à l’abattoir pour ne pas multiplier des allers-retours chronophages. En Ardèche, le pic de travail se situe de mi-mars à mi-novembre mais « les grosses saisons changent d’un département à l’autre », rappelle-t-il.

13h

Une fois les agneaux déposés à l’abattoir et les papiers en règle, Faycel procède au nettoyage du camion. Il faut compter une demi-heure minimum pour laver chaque étage du camion, qui en compte deux. Au sol, le chauffeur a disposé de la sciure en guise de litière, « plus facile à nettoyer que la paille ».

C’est enfin l’heure de la pause pour Faycel. La réglementation impose un repos de 45 minutes minimum. Le camion est équipé d’une carte de contrôle qui enregistre toutes les données pendant 28 jours. Ainsi, à tout moment, il peut y avoir un contrôle sur la vitesse, le temps de conduite, le nombre d’arrêts, etc. « Je n’ai rien à cacher alors ça ne me gêne pas, mais je trouve que cela reflète un manque de confiance. Pourtant je ne compte pas mes heures, je fais souvent plus que ce qui est prévu dans le poste de chauffeur », appuie-t-il. Et pour cause, alors que sa tournée est finie, il doit encore aller nourrir des brebis qu’il a ramassées chez un éleveur en attendant de les amener à l’abattoir. Il va ensuite refaire le stock de sciure et prévoir son planning pour les prochains jours.

Curriculum

Faycel Boureghda, ramasseur d’agneaux pour une coopérative
© B. Morel
Faycel Boureghda
56 ans
Chauffeur à l’Agneau Soleil depuis 24 ans
CAP mécanique générale
Expériences précédentes :

Chauffeur laitier dans l’Ain et routier international basé à Lyon

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