Éleveurs vendent pelotes et plus si affinités
Premier maillon de la filière laine, les éleveurs retroussent leurs manches et sortent leurs aiguilles à tricoter pour valoriser eux-mêmes la toison de leurs brebis.
Premier maillon de la filière laine, les éleveurs retroussent leurs manches et sortent leurs aiguilles à tricoter pour valoriser eux-mêmes la toison de leurs brebis.
Drôme - L’éleveuse est teinturière
Prunelle Liévaux a repris l’exploitation familiale en 2016 à Valouse (Drôme) après avoir travaillé dans la maroquinerie. Elle mène sa troupe de 100 brebis mérinos, qu’elle tond elle-même. Elle a développé l’atelier laine de la ferme pour en faire son activité principale. En effet, les produits de la laine représentent les deux tiers du chiffre d’affaires de l’exploitation et la viande seulement un tiers. « Il est préférable de toujours garder plusieurs ateliers, la viande est un complément de revenu qui n’est pas négligeable mais la demande en laine est forte et il y a de bonnes opportunités de marché », commente l’éleveuse drômoise. Elle fait la tonte annuelle en mars, envoie sa laine en Haute-Loire pour le lavage puis à la filature Terrade dans la Creuse pour le cardage et le filage et récupère les écheveaux de laine brute. Prunelle Liévaux fait elle-même les teintures, qu’elle confectionne à partir de végétaux. « Actuellement l’engouement pour les teintures naturelles végétales est très fort, il s’insère dans la volonté de consommer local et des produits de meilleure qualité », se réjouit-elle. Elle vend principalement des pelotes de fil brut teint et complète sa gamme de quelques éléments de tricot de sa confection personnelle.
Orne – De la viande à la laine
L’atelier Pure Laine a été créé par Frédérique Turgot, éleveuse avec son mari Olivier de brebis Hampshire dans l’Orne. Après plus de 25 ans d’expérience dans l’élevage allaitant ovin, Frédérique a souhaité développer un atelier complémentaire à la viande en valorisant la laine de ses brebis. « Dans ma jeunesse, la pure laine était encore très répandue en France et beaucoup de monde savait utiliser métier à tisser et rouet, se remémore la bergère. Cela faisait longtemps que je souhaitais me lancer et ces dernières j’ai enfin pu me dégager le temps nécessaire pour mener à bien mon projet. » Il y a huit ans, elle a commencé à vendre de la laine cardée destinée au petit rembourrage, pour les coussins, oreillers, poupées. Elle lavait alors à la main sur sa ferme et cardait elle-même. « Aujourd’hui, j’en fais encore une petite partie artisanalement comme ça mais le plus gros part à Saugues pour le lavage puis est cardé et filé à Terrade ou Fonty, les deux filatures de la Creuse. » Avec 100 kg de laine produite par an, Frédérique Turgot ne pensait pas que son atelier serait aussi chronophage. Ce qui était à l’origine un mi-temps est quasiment devenu un temps complet. « L’activité est heureusement bien complémentaire avec la conduite du troupeau, car pendant la période de lutte en hiver, nous n’intervenons que très peu sur nos brebis ce qui me laisse plus de temps pour faire ma communication, gérer mes commandes en ligne, répondre à mes clients sur Facebook et tenir ma boutique de vente directe à la ferme », explique-t-elle. Elle apprécie le circuit court, qui lui permet d’aller de bout en bout de la chaîne de production. La laine des brebis hampshire est « tout-terrain » selon l’éleveuse, « ce n’est pas une laine de prestige mais elle convient bien pour l’habillement et elle peut être lavée à la machine, c’est une qualité importante de nos jours. » L’atelier Pure Laine se distingue par sa laine 100 % écrue, sans teinture. « C’est ma marque de fabrique, reconnaît Frédérique Turgot, et cela permet à des clients qui teignent eux-mêmes d’apprécier mes produits. »
Lot - Se regrouper pour faire des gros lots
Installée en 2000 dans le Lot, Anne-France Poillon élève 50 brebis bizet pour leur laine et leur viande. « Cette race de brebis a deux avantages pour moi, elle est rustique, ce qui colle avec mon mode d’élevage et a de bonnes qualités lainières pour l’habillement », détaille l’éleveuse, qui est également animatrice nature en complément de revenu. Elle a rejoint un groupement d’éleveurs de Bizet afin d’avoir plus de laine pour chaque catégorie (laine de tricot, laine pour feutre, etc.) et ainsi faire des envois groupés vers l’unité de lavage, la filature, le teinturier, etc. Anne-France Poillon a démarré en vendant simplement des écheveaux de laine brute ou teintée, aujourd’hui elle a appris à crocheter, feutrer, tricoter et coudre et propose une gamme diversifiée de vêtements. « Cela prend du temps, mais c’est très valorisant de travailler soi-même la laine issue de son élevage et l’éleveur a toute sa légitimité dans la vente de ce type de produits », conclut-elle.