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JA Mag de novembre 2015
Éleveurs de montagne malgré le loup

La famille Gastaud élève 430 brebis et 60 chèvres allaitantes à Ascros dans les Alpes-Maritimes. Mais depuis 2007 un nouvel ennemi est apparu : le loup. Cette année, 30 animaux ont disparu en trois mois. « Il y a deux-trois ans, nous subissions les attaques plutôt au printemps et à l’automne, se souvient Alexandre, aide-familial sur l’exploitation. Maintenant c’est toute l’année. » L’arrivée du loup a complètement chamboulé le modèle d’élevage extensif. « Avant, les brebis ne voyaient pas la bergerie d’avril à février, maintenant, on ne peut les sortir que de juin à septembre ». Le surcoût alimentaire est important. Alexandre, qui souhaite reprendre l’exploitation familiale a modifié son projet face aux contraintes imposées par le loup. « Je voulais faire du mouton, mais est-ce qu’on pourra encore élever des moutons dans dix ans ? J’ai finalement opté pour des chèvres laitières avec transformation fromagère. »

Pour alloter ses brebis et adapter la complémentation avant l’agnelage, Anthony Civel souhaite connaître le nombre d’agneaux de chaque portée. Sur les 214 brebis échographiées ces derniers jours, seules 12 sont vides. Elles ont aussitôt réintégré le lot des agnelles et des antenaises mis en lutte début novembre. Chaque année, depuis son installation en 2008, l’éleveur de Molac (56) échographie ses animaux et dénombre les agneaux sur les adultes. « Non seulement, je connais le nombre d’agneaux pour la campagne à venir, mais lors des agnelages, j’évite les surprises », analyse l’éleveur. Les portées simples reçoivent 500 g de mélange céréalier, quand les portées doubles en ont 700 g et les triples 900 g. Le dénombrement est un surcoût vite amorti en en évitant les sous et sur-alimentations des brebis, limitant en parallèle les risques de toxémie de gestation.

La filière ovine est en quête d’éleveurs mais peu s’engagent sur cette voie. Pourtant, l’élevage se complète bien avec un atelier céréalier, maraîcher ou fruitier. Il permet de diversifier les ressources et de dégager un revenu supplémentaire non négligeable pour l’exploitation. Ces avantages, Alexandre Bernardo a su les saisir en s’installant dans le Gaec familial grâce à l’atelier ovin. Pour moins de 200 000 €, le jeune agriculteur a construit une bergerie et acheté un troupeau de 270 brebis Blanche du Massif central. « Nous avons diminué les surfaces en blé pour implanter de la luzerne. Avec le fumier en plus, nous avons considérablement réduit nos charges d’amendements. » Les ateliers ovin et céréale se marient presque à la perfection. Tandis que l’un donne l’alimentation, le second offre de quoi entretenir la terre. Côté travail, le système de trois agnelages en deux ans permet notamment d’alterner les pics de travaux sans qu’ils se chevauchent.

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