Le Ciirpo se projette dans l’avenir de la production ovine
En 2024, une trentaine d’études est en cours au Ciirpo. Et les projets ne manquent pas, entre l’adaptation au changement climatique, la baisse de la mortalité des agneaux ou encore les débouchés de la laine.
Les nouvelles études balayent des thématiques diverses. En alimentation, des travaux ont commencé sur la mise à jour des références des capacités d’ingestion des brebis. Celles utilisées pour le calcul des rations datent d’une cinquantaine d’années et minimisent les niveaux d’ingestion, qui sont en réalité supérieurs de 20 à 50 % pour des brebis qui allaitent par exemple. Ces résultats vont changer la donne avec des économies de concentrés à la clé.
Par ailleurs, différentes stratégies alimentaires sont à l’étude pour des agneaux en finition en maximisant la consommation de fourrages. L’objectif est de distribuer moins de concentré, tout en garantissant une bonne finition des agneaux. L’incorporation du lupin dans les aliments va également être testée.
En matière de santé, plusieurs études ont commencé autour de la gestion intégrée du parasitisme à l’échelle européenne et française et sur le diagnostic précoce des lésions des pieds par thermographie infrarouge notamment. Dans le premier cas, il s’agit de mieux appréhender les alternatives au « tout traitement chimique ». Dans le second cas, ce dispositif précurseur vise à identifier les brebis qui présentent des infections au pied avant qu’elles ne boitent et ainsi, de pouvoir agir très en amont.
Changement climatique et environnement
D’autres projets se focalisent sur les leviers fourragers pour pallier les sécheresses avec le pâturage de fourragères estivales (sorgho et teff grass), de couverts végétaux en alternatives à leur destruction chimique ou mécanique. En matière d’environnement, une nouvelle étude vient de débuter sur l’étude de l’albédo des prairies (quantité de rayonnement solaire réfléchie par une surface) en intégrant cette fois les rotations culturales.
Par ailleurs, d’autres essais s’intéressent à une meilleure complémentarité entre espèces ovines et bovines avec le pâturage hivernal de prairies bovines par les ovins pour améliorer leur qualité.
Deux projets vont débuter sur la surveillance à l’agnelage et sur les conditions d’utilisation des boucles ultra haute fréquence en ayant recours aux nouvelles technologies. D’autre part, la laine est une matière qui pose de nombreuses questions en termes de débouchés. Une étude va prochainement étudier sur la faisabilité de son compostage en mélange avec du fumier. Enfin, un essai sur l’effet bélier a débuté et d’autres sont en construction. Voici, dans les grandes lignes, les perspectives d’études au Ciirpo sachant que la liste n’est pas exhaustive.
Joël Merceron, directeur de l’Institut de l’élevage
« Ciirpo est un symbole de recherche participative et de la construction des avenirs de l’élevage »
« Le Ciirpo emblématique de ce que doit être l’Institut de l’élevage en termes de recherche et d’innovation. En ce sens, la ferme du Mourier s’efforce de répondre aux attentes des acteurs de la production ovine. C’est un pôle d’excellence et de démonstration, une vitrine qui permet aux éleveurs de venir sur place, de toucher les équipements. Voir et discuter sont primordiaux dans les métiers agricoles. De plus, le Ciirpo se doit d’être la maison commune de la technique ovine, avec un lieu ouvert et accueillant. L’équipe salariée du Mourier et les nombreux partenaires construisent ensemble l’image professionnelle de l’élevage ovin, avec des références et des méthodes fiables et étayées.Éclairer les éleveurs dans leurs choix
Tourné vers l’avenir, le Ciirpo se positionne sur l’agriphotovoltaïsme avec le projet agrivoltaïque du Mourier (PAM), sur une dizaine d’hectares non loin de la ferme. Cette pratique prend inéluctablement de plus en plus de place dans le secteur agricole et si l'Idele et le Ciirpo investissent sur la question, c’est justement pour éclairer les éleveurs dans leurs choix et produire des données et des références qui serviront à chacun.
Outre le PAM, le Ciirpo pourrait participer à la réconciliation entre société civile et élevage, si l’on parvient à être toujours plus inclusif, avec un public plus large, dans la réflexion des prochaines études. »