Du lait reconstitué pour les Romanes prolifiques
Grâce à des bâtiments aérés et un allaitement artificiel maîtrisé, Rémy Bajard obtient près de 180 de productivité numérique avec des Romanes, des Suffolk et des Moutons charollais.
Grâce à des bâtiments aérés et un allaitement artificiel maîtrisé, Rémy Bajard obtient près de 180 de productivité numérique avec des Romanes, des Suffolk et des Moutons charollais.
Quand il reprend l’exploitation familiale en 2014 à Bourg-le-Comte en Saône-et-Loire, à la limite de l’Allier, Rémy Bajard cesse les porcs à l’engraissement et les bovins Charolais pour se spécialiser dans les ovins. Reprenant les 200 brebis Suffolk et Mouton charollais de son père, le jeune éleveur d’aujourd’hui 29 ans y ajoute 450 brebis Romanes. Il achète ses agnelles auprès de trois troupeaux reconnus. « C’est plus simple de constituer une troupe avec des animaux jeunes », reconnaît le jeune homme.
Lors de son installation, en parallèle de l’achat d’agnelles, Rémy Bajard a installé un bâtiment multichapelle de 26 mètres par 50 qui a heureusement été prêt à temps pour accueillir les animaux. « Je voulais un bâtiment isolé et ventilé, explique Rémy en défendant son choix de la marque Filclair. J’en ai construit beaucoup moi-même et c’est revenu 30 à 35 % moins cher qu’un bâtiment classique. »
Des ventes d’agneaux étalées sur l’année
La production des cinquante brebis suffolk est valorisée essentiellement en reproducteurs. Quant aux 480 brebis Romanes et 70 Charollaises, elles produisent des agneaux de boucherie commercialisés auprès de la coopérative Terre d’ovin (Feder), pour la plupart en label rouge Pays d’Oc. La moitié des Romanes agnèlent en janvier et l’autre moitié en août grâce à la facilité de la race à se désaisonner naturellement. « Les agneaux qui sont prêts en octobre sont là au moment de la demande et apporte une grosse plus-value », apprécie Anne-Marie Bolot de la coopérative Terre d’ovin. Les Charollaises et les Suffolk agnèlent, quant à elles, en février-mars, d’où un bon étalement des mises bas dans l’année.
Des biberons de colostrum pour tous les agneaux
Un tiers en pur et deux tiers croisés avec des béliers Charollais ou Suffolk, les Romanes prolifiques donnent facilement trois agneaux et les surnuméraires sont allaitées à la louve. « Je sélectionne celui qui dénote le plus dans la portée, c’est souvent le plus petit ». Pour s’assurer que tous les agneaux ont bien pris du colostrum dans l’heure qui suit la naissance, Rémy donne courageusement le biberon à tous ses nouveau-nés. « Je donne 250 à 300 ml de colostrum par agneau à l’aide d’un biberon, même pour les doubles et les simples », assure Rémy. Pour être sûr de pouvoir donner des anticorps aux nouveau-nés, l’éleveur s’est aussi créé une banque de colostrum au congélateur. « Avec 530 agneaux qui naissent en 17 jours l’été, il ne faut pas venir m’embêter à cette période », plaisante Rémy. « Ça ne prend pas tellement de temps aux biberons. Généralement, en cinq minutes, les trois agneaux ont tété. Car si je les laisse seuls, il y en a parfois un qui prend tout aux dépens des autres ». Après avoir pris le biberon, les agneaux placés en allaitement artificiel restent environ une heure sous la lampe chauffante avant de rejoindre leur congénère à la louve.
Paille fraîche et eau complémentée
La distributrice automatique de lait est située dans une salle fermée attenante à l’élevage afin de limiter les mouches. Seules les trois rangées de trois tétines sont dans le même espace que les animaux et servent à allaiter le lot de 120 agneaux maximum. Les jeunes restent à la louve au moins jusqu’à leurs 35 jours ou 13 kilos. Ensuite, le sevrage est brutal et, à ce moment-là, la pompe doseuse reliée au réseau apporte pendant quatre jours du sulfamide dans l’eau de boisson afin de limiter les affections respiratoires et digestives. Pour garder la propreté du lot, Rémy apporte 500 grammes de paille fraîche par agneau tous les deux jours. L’ajout d’un asséchant litière (1 500 € par an) contribue aussi à diminuer la pression parasitaire. L’an dernier, avec moins de pasteurelloses, la mortalité a baissé pour être maintenant autour de 13 %. À la louve, la mortalité n’est que de 2 à 4 %.
Une chaîne pour apporter le mélange de céréales maison
Avec 117 hectares dont 30 hectares de cultures, Rémy fabrique ses aliments à la ferme à base de blé, de maïs, de tourteaux acheté et un peu d’avoine. « En plus du foin, de l’enrubannage ou du pâturage huit mois de l’année, j’apporte ces aliments aux brebis avant l’agnelage jusqu’à 900 g par jour par brebis avant la mise bas puis 1,2 kg lors des 70 jours de lactation ». Les agneaux à l’engrais reçoivent aussi un aliment maison, avec les mêmes ingrédients mais en proportion différente. Début 2019, l’éleveur a remplacé les seaux par une chaîne d’alimentation à spire souple qui peut amener les aliments aux agneaux. Les agneaux sont abattus entre 90 et 110 jours pour un poids de carcasse de 16,5-17 kg pour les femelles et 19 kg pour les mâles.
Seulement cinq ans après son installation, Rémy Bajard présente des résultats technico-économiques plus qu’honorables. " En moyenne l’an dernier, la prolificité était de 224 et la productivité numérique de 176 en moyenne sur les trois races ", détaille l’éleveur qui suit ses chiffres précisément grâce à Ovitel qu’il utilise sur smartphone et ordinateur. Pour les Romanes, la productivité monte même à 202 en moyenne sur 2019. Ces bons résultats techniques se retrouvent aussi dans les résultats économiques et l’exploitation dégage un EBE de 55 000 à 60 000 euros ces trois dernières années. Mais seul, avec l’aide ponctuelle de son père, Rémy reconnaît passer du temps à l’élevage, lors des naissances et des biberons, pour la surveillance du troupeau ou pour l’alimentation.