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Du lait bio pour Le Petit Basque

En 2011, Jean-François et Michel Vigier se sont convertis en bio pour répondre à la demande du Petit Basque.

Le Gaec des Canquilloux, à Champagnac-de-Belair en Dordogne, produit avec ses 450 brebis Lacaune du lait bio pour l’entreprise Le Petit Basque. Le troupeau de brebis viande de race Romane a été remplacé en 2001 par des Lacaunes laitières achetées dans l’Aveyron à la coopérative Ovitest. Sans possibilité d’extension foncière et avec l’arrivée Jean-François Vigier sur l’exploitation, le basculement d’un atelier ovin viande en ovin lait a permis de doubler les revenus en gardant la taille du cheptel. Pour répondre à la demande de la laiterie, ils sont passés en agriculture biologique en 2011 et sont certifiés depuis 2013. Jean-François et Michel Vigier, les deux frères associés, ont en charge chacun une partie de la production : Jean-François conduit les productions végétales et le pâturage, Michel gère le troupeau et la production de lait.

Une alimentation plus coûteuse et des traitements limités

La brebis lacaune désaisonne plutôt bien dans cet élevage. Les mises bas ont lieu en août, ce qui permet d’approvisionner la laiterie au moment où elle en a le plus besoin. Cela implique par contre des coûts de production sensiblement plus élevés : moins bonne fertilité, nécessité de compléter le pâturage par beaucoup de fourrages conservés. La productivité, d’environ 350 litres par brebis traite, n’a pas été affectée par le passage en bio. Les coûts alimentaires ont, quant à eux, très fortement augmenté. Les fourrages certifiés sont beaucoup plus coûteux qu’en conventionnel pour cause de rendements moins élevés. Le tourteau de soja, fourni par le Moulin Beynel, a aussi un prix largement supérieur en bio.

Un contrôle laitier non officiel est pratiqué avec la coopérative Copeldor qui apporte son suivi technique. Toujours avec Copeldor, l’éleveur adhère au plan sanitaire d’élevage et bénéficie d’un suivi vétérinaire. Un traitement antiparasitaire annuel est réalisé sur les brebis qui sont également vaccinées contre les maladies abortives. Un seul traitement antibiotique annuel est donné au tarissement aux brebis qui le nécessitent à cause des cellules, pour maintenir la qualité du lait. Les brebis pâturent pour une grande partie de mars à novembre, et toute l’année pour certaines d’entre elles. À partir de mars, les laitières ne reçoivent pas d’autre alimentation que l’herbe pâturée, et ne sont traites qu’une fois par jour, jusqu’au tarissement début mai.

Du lait bio en contre saison bien valorisé

Sur les 117 hectares de l’exploitation, une grande partie est destinée à l’alimentation du troupeau : prairies, luzerne, maïs ensilage et mélange céréales/protéagineux. En outre, une quinzaine d’hectares de cultures de vente destinées à l’alimentation humaine sont produits sous contrat avec la coopérative Corab (tournesol de bouche et avoine nue). Les fumiers de la ferme sont les principaux fertilisants. Les rendements sont toutefois moins élevés qu’en conventionnel. Ils permettent cependant une rentabilité équivalente grâce à une meilleure valorisation. Sur cette exploitation, la complémentarité est fondamentale entre élevage et agronomie.

Les livraisons de lait ont lieu du 20 août au 10 mai. Le collecteur vient trois fois par semaine pour récolter un maximum de six traites. Le volume peut aller de 4 000 litres en début de lactation à 400 litres en fin de période. Le prix du lait varie selon la période de collecte. Il peut varier entre 1 euro au printemps et 1,70 en automne. Les éleveurs valorisent donc bien le lait au moment du pic de lactation ce qui permet un meilleur rendement assurant des revenus corrects. Les deux associés arrivent généralement à se dégager 1,5 Smic chacun.

15 % de lait collecté en bio

En plus du Gaec des Canquilloux, Le Petit Basque récolte du lait bio chez trois autres éleveurs en Dordogne. En 2015, le lait bio représentait 15 % du volume de lait collecté par l’entreprise. Mais il faut, selon Lionel Vasselle en charge de l’approvisionnement pour la laiterie, continuer à favoriser les installations dans "cette région plus que favorable à l’élevage de brebis".

Le Petit Basque récolte du lait chez 105 producteurs dont 39 en agriculture biologique. Le bio est un marché important pour l’entreprise puisque c’est un secteur qui a depuis quelques années une croissance à deux chiffres. L’entreprise Le Petit Basque, avec ses 160 employés, fabrique des produits à base de lait de brebis mais aussi des pots de yaourt en carton. Dans son usine de Saint-Médard-d’Eyrans en banlieue bordelaise, l’entreprise produit actuellement 240 références dont la moitié pour la marque Le Petit Basque et l’autre moitié sous des marques de distributeur. Chaque année, plus de 10 00 tonnes de produits sortent de l’entreprise pour un chiffre d’affaires estimé à plus de 50 millions d’euros. La croissance de l’entreprise est à deux chiffres chaque année et des travaux d’agrandissement de l’usine sont effectués environ tous les trois ans. Cette année, c’est un agrandissement de plus de 2 800 mètres carrés qui est prévu. Depuis 2014, Le Petit Basque appartient au groupe Sill qui possède notamment la laiterie Malo.

Un Petit Basque très girondin

L’histoire commence en 1950. Les époux Alcacheburry, basco-béarnais d’origine, s’installent à Talence près de Bordeaux, en emportant avec eux le savoir-faire culinaire de leur région. À cette époque, Madame Alcacheburry fait du porte à porte pour vendre ses caillés. En 1959, le succès est tel que son fils rejoint l’entreprise et, pour répondre à la demande grandissante, ils décident de faire évoluer la fabrication en mécanisant la production. Ils commencent à conditionner le caillé dans des pots cartons. Il faut alors acquérir une identité commerciale évoquant leurs origines. « Le Petit Basque » est ainsi né. L’entreprise s’installe à Villenave-d’Ornon, à quinze kilomètres de Bordeaux, puis un peu plus loin à Saint-Médard-d’Eyrans en 1995. Après avoir connu des propriétaires successifs, l’entreprise a rejoint le groupe Sill en 2014.

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